05 août, 2011

Portraits Yingluck Shinawatra : leader ou poupée Thaïlandaise ?

La future Premier ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, a démenti mercredi les rumeurs selon lesquelles son frère Thaksin, ex-chef de gouvernement aujourd'hui en exil, obtiendrait un poste dans son administration. ( Pornchai Kittiwongsakul )

C.G avec A.B | 05.07.2011, 12h01 | Mise à jour : 05.08.2011, 20h00

Yingluck Shinawatra, soeur de l'ancien chef de gouvernement en exil Thaksin Shinawatra, vient d'être élue Premier ministre de Thaïlande ce vendredi par l'assemblée nationale. Cette élection fait suite aux résultats des législatives de juillet accordant la majorité absolue à la coalition menée par Yingluck, le Puea Thai.
Devenant la première femme à occuper ce poste, elle doit encore finaliser son gouvernement et devrait être formellement approuvée par le roi dans les jours à venir.

Présidente du groupe SC Asset Corp., une entreprise d'immobilier de l'empire familial, cette femme d'affaires de 44 ans a su tirer parti de la notoriété de sa famille et plus particulièrement de celle de la notoriété des hommes qui la composent. « C'est une formule très efficace en Asie, relève l'analyste et auteur Chris Baker. Les femmes y puisent un important capital politique d'un aïeul masculin ». au Pakistan, en Inde ou Corazon Aquino aux Philippines ont elles aussi accédé au sommet grâce aux hommes de pouvoir de leur famille.

Le « clone de son frère », pour les analystes

Yingluck est-elle réellement une femme de pouvoir ? Les analystes en doutent. Petite dernière d'une famille de neuf enfants, elle a su obtenir le soutien d'une grande partie de la population et écraser la campagne de son opposant, le premier ministre sortant Abhisit Vejjajiva, en séduisant par ses sourires et son énergie. Mais derrière le joli minois de Yingluck transparaît son frère Thaksin Shinawatra, de 17 ans son aîné, premier ministre déchu et exilé à Dubaï depuis 2006. A la mort de leur père, c'est lui qui l'élève. Elle est même décrite aujourd'hui par les analystes comme le « clone » de son frère. Elle serait alors une simple marionnette du milliardaire qui continuerait de prendre toutes les décisions depuis l'émirat arabe.

Ainsi « Il ne fait aucun doute que Yingluck Shinawatra a gagné ces élections parce qu'elle est la soeur de Thaksin », estime Andrew Walker, spécialiste de la politique thaïlandaise à l'Université nationale australienne de Canberra.
« Elle a plus de pouvoir que les gens ne se l'imaginent », précise néanmoins Michael Montesano, de l'Institut d'études sur l'Asie du Sud-Est à Singapour.

Une « poupée manipulée », pour les féministes

Les Thaïlandaises accueillent l'arrivée de Yingluck avec modération. Les organisations de défense des droits de la femme du pays, dont les taux de féminisation des fonctions de direction sont parmi les plus élevés de la planète, y voient moins un progrès pour les droits de la gente féminine et l'égalité des sexes qu'une poupée manipulée par un homme.

Yingluck, qui a connu une ascension fulgurante ces dernièrs mois, ne semble pas s'imposer par des idées paritaires. Ainsi, comme l'explique Arpaporn Sumrit, du Centre d'études sur les femmes de l'université de Chiang Mai (nord) « Elle a peut-être l'anatomie d'une femme mais elle pense comme un homme ». Elle ajoute que Yingluck « n'a jamais rien fait pour promouvoir les droits des femmes » .

Il s'agira pour le nouveau premier ministre de ne pas décevoir car, comme le souligne Awdrew Walker, « beaucoup de femmes, jeunes ou âgées, seront ravies et inspirées par la stupéfiante ascension au sommet de Yingluck ». Pour preuve, Nattamon Tassanakulpan, 21 ans, a voté pour le Puea Thai lors des élections législatives et veut des résultats. « Je suis plutôt féministe et je veux voir ce que ça fait d'avoir une femme Premier ministre ». En accédant à cette fonction, Yingluck Shinawatra devient la dixième femme depuis 1986 à diriger un pays asiatique.

Vidéo. L'interview de Yingluck Shinawatra pendant la campagne

Leparisien.fr

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