10 août, 2011

NICOSIE - Chypre: Fitch dégrade sa note, évoque un probable plan de sauvetage

NICOSIE - Chypre, nouveau maillon faible de la zone euro, a vu sa note de la dette à long terme dégradée mercredi par l'agence de notation financière Fitch qui a estimé que le pays aurait besoin d'un plan de sauvetage de l'Union européenne.

Dans le même temps, le gouvernement a approuvé un plan d'austérité pour faire face à la crise budgétaire.

Fitch a abaissé la note de Chypre de deux crans à "BBB". Fin juillet, les deux autres grandes agences, Moody's et Standard and Poor's avaient déjà abaissé la note du pays de deux crans à "Baa1" pour la première, et d'un cran à "BBB+" pour la deuxième. Dans les trois cas, la perspective est négative.

"La dégradation de deux crans de la note de Chypre à +BBB+ reflète le dérapage budgétaire actuel et à venir", a expliqué Fitch dans un communiqué.

De plus, "Fitch pense que le gouvernement ne pourra pas faire face à ses échéances sans une assistance officielle externe", explique le communiqué. Un analyste de l'agence a confirmé par téléphone qu'il s'agissait d'une allusion à un plan de sauvetage européen.

"Leur point de vue est excessif", a réagi brièvement le ministre chypriote des Finances, Kikis Kazamias.

Principal sujet d'inquiétude pour Fitch, l'estimation du déficit budgétaire chypriote pour 2011 "est désormais près de 7%, et la hausse par rapport aux 4% de la dernière analyse de l'agence en juin ne peut pas être attribuée à l'explosion à la base navale qui a détruit la moitié de la capacité de production énergétique de Chypre".

Le 11 juillet, l'explosion d'une cargaison d'armes sur une base navale a fait 13 morts et détruit la principale centrale électrique du pays. Celle-ci produisait 60% de l'électricité de la République de Chypre, qui couvre les deux tiers de l'île, le tiers restant étant sous occupation turque depuis 1974.

Cet accident a provoqué une crise gouvernementale, avec des manifestations quotidiennes en juillet contre les dirigeants et le départ du parti de centre-droit Diko, qui a forcé le président communiste Demetris Christofias à un remaniement complet.

La destruction de la centrale, dont la remise en état devrait prendre trois ans et coûter au minimum 700 millions d'euros, "aura un impact considérable sur la croissance", avec 1,5 point en moins en 2011 et 2012, selon Fitch.

Face à cette situation, le gouvernement a approuvé mercredi un projet d'augmentation de la TVA de 2% (à 17%), des taxes sur les intérêts de l'épargne (de 10 à 15%) et de l'imposition des revenus supérieurs à 60.000 euros par an (de 30 à 35%). Il a aussi promis un autre train de mesures destinées à soutenir la croissance.

Pour tenter de limiter les dépenses, le plan prévoit de supprimer 5.000 postes dans le public dans les 5 prochaines années, et le gouvernement a obtenu des puissants syndicats du secteur que les fonctionnaires versent une contribution de 3% de leur salaire brut pendant trois ans et que l'échelle des salaires soit abaissée de 10% pour les nouvelles recrues du public.

De la part des syndicats, ces concessions semblent surtout destinées à éviter une réforme des retraites réclamée avec force par l'opposition, le système actuel étant très favorable aux fonctionnaires.

Le Parlement doit se prononcer le 25 août sur ce plan, qui ne bénéficie pour l'instant que du soutien du parti communiste Akel, l'opposition, majoritaire, considérant que ce projet ne va pas assez loin dans la réduction des dépenses.

Pour l'agence Fitch, le plan d'austérité devrait passer malgré tout. Cependant, "l'agence reste inquiète sur les risques liés à son application, en particulier compte tenu de l'incapacité des gouvernements précédents à s'attaquer aux mesures de réforme structurelle".

© 2011 AFP

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