15 août, 2011

L'Iran soutient la Syrie face à "l'Amérique et Israël"

L'Iran soutient la Syrie face à "l'Amérique et Israël"

Contesté par sa population, condamné par des pays arabes et en Occident, le président syrien Bachar al Assad peut compter sur un allié indéfectible: l'Iran. Selon Mohammed Marandi, professeur associé à l'université de Téhéran, l'Iran n'a d'autre choix que de soutenir Bachar al Assad, car les deux régimes soutiennent les adversaires d'Israël que sont le Hamas et le Hezbollah. (Reuters/Sana/Handout)

Contesté par sa population, condamné par des pays arabes et en Occident, le président syrien Bachar al Assad peut compter sur un allié indéfectible: l'Iran.

Là où plusieurs pays du Golfe ont rappelé leurs ambassadeurs et où Moscou et Ankara, anciens alliés de Damas, se font de plus en plus critiques en raison de la répression, l'Iran est le dernier grand pays à soutenir ouvertement la Syrie.

Téhéran, qui s'y connaît en matière d'isolement diplomatique, considère le gouvernement syrien comme un bastion de la résistance à Israël et aux alliés des Etats-Unis.

"En ce qui concerne la Syrie, nous avons deux choix devant nous", a exposé Alaeddine Boroudjerdi, président de la commission des Affaires étrangères au Parlement.

"Le premier est de jeter la Syrie dans la gueule du loup nommé Amérique et changer la situation de sorte que l'Otan attaquerait la Syrie."

"Le deuxième est de contribuer à la fin des combats en Syrie. L'intérêt du peuple musulman ordonne que nous nous mobilisions pour soutenir la Syrie en tant que centre de gravité de la résistance palestinienne", a-t-il dit.

Le grand ayatollah Nasser Makarem Chirazi a renchéri: "Le devoir de tous les musulmans est de contribuer à la stabilisation de la Syrie contre les complots destructeurs de l'Amérique et d'Israël."

Le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, qualifie le "printemps arabe" d'"éveil islamique". Ce mouvement populaire devait selon lui renverser les autocraties soutenues par Washington et unir enfin le monde musulman face à l'Occident et Israël.

"Notre position est claire: là où il y a un mouvement islamique, populaire et anti-américain, nous le soutenons", a dit Khamenei en juin, lors des cérémonies marquant le 22e anniversaire de la mort de l'ayatollah Ruhollah Khomeini.

"Si quelque part un mouvement est suscité par l'Amérique et les sionistes, nous ne le soutenons pas." Aux yeux des dirigeants iraniens, c'est le cas de la Syrie.

Mohammed Marandi, professeur associé à l'université de Téhéran, souligne que l'Iran n'a d'autre choix que de soutenir Bachar al Assad. Les deux régimes soutiennent les adversaires d'Israël que sont le Hamas et le Hezbollah.

"L'Iran a toujours estimé que la Syrie ne devait pas être affaiblie car le régime israélien profiterait certainement de toute forme de faiblesse", dit Marandi à Reuters.

La presse iranienne ne cache pas que l'Iran est de plus en plus seul à soutenir la Syrie.

Le quotidien conservateur Qods accuse la Turquie d'avoir capitulé face aux pressions américaines.

"Si le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan ne change pas de politique envers la Syrie, la Turquie sera le grand perdant des évènements en Syrie si Damas se sort de la crise actuelle", écrivait le journal dans un récent éditorial.

La presse réserve ses mots les plus durs aux voisins de l'Iran, les pays du Golfe et plus particulièrement l'Arabie saoudite dont les relations avec l'Iran se refroidissent de mois en mois.

"Les coups de couteau dans le dos sont à la mode entre pays arabes, comme ils ont précédemment trahi la Palestine, la Libye, l'Irak et le Soudan. La trahison actuelle de la Syrie n'est pas une surprise", écrit le quotidien Siassat-e Rouz.

Pour le quotidien réformiste Arman, l'Arabie saoudite et Bahreïn préparent la région à l'idée que, "si un conflit avec la Syrie survient et que l'Iran la soutient, ils seront de l'autre côté et contre l'Iran."

"Tous les pays qui ont des comptes à régler avec l'Iran seraient heureux que l'Iran entre dans un tel conflit car ils pourraient nuire à l'Iran au nom de la communauté internationale", poursuit Arman.

Mais, pour le journal, il y a urgence à ce qu'Assad mette en oeuvre les réformes politiques qu'il a promises. "Si la situation en Syrie continue, alors il sera temps pour l'Iran de réfléchir à ses intérêts à long terme", écrit-il, soulignant qu'à soutenir Assad trop longtemps, l'Iran finirait par soutenir un gouvernement "qui a été renversé (...) Cela ne peut faire aucun bien à l'Iran."

Clément Guillou pour le service français

Par Reuters

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire