03 août, 2011

Libye: des dissensions au sein de la rébellion après l'assassinat de Younès

BENGHAZI — Des acteurs clés de la révolte contre Mouammar Kadhafi ont appelé mercredi au "limogeage" de plusieurs responsables de la rébellion libyenne après l'assassinat du chef d'état-major rebelle, ravivant les craintes de division au sein des insurgés.

L'influente Coalition du 17 février, groupement d'associations impliquées dans le soulèvement populaire puis la mise en place des institutions rebelles à Benghazi (est), a exigé le départ de trois membres du Conseil national de transition (CNT, organe politique des rebelles) suite à la mort du général Abdel Fatah Younès.

Rallié à la rébellion après avoir été un pilier du régime de Mouammar Kadhafi, le général Younès avait été tué vendredi dans de mystérieuses circonstances après avoir été rappelé du front pour un interrogatoire à Benghazi, la "capitale" du mouvement rebelle.

La Coalition du 17 février a dénoncé l'action du responsable chargé des Affaires internationales, Ali al-Essaoui, qui a paraphé la demande de "l'arrestation illégale et humiliante" de l'officier supérieur.

Elle a sévèrement critiqué la gestion de l'affaire par Jalal al-Digheily, chargé de la Défense, et son adjoint Fauzi Aboukatif, tous deux ayant "choisi de voyager en dehors du pays" après avoir été informés de l'arrestation de leur chef d'état-major.

Pour la Coalition du 17 février, le leadership du CNT ne doit "pas permettre la mise en place d'une armée parallèle, sous quelque nom que ce soit, aux côtés des institutions légitimes".

Le corps criblé de balles et partiellement brûlé du général Younès avait été retrouvé en périphérie de la ville. Deux colonels ont trouvé la mort en même temps que lui.

Agé de 67 ans, le général Younès avait participé au coup d'Etat qui a porté M. Kadhafi au pouvoir en 1969, avant de devenir son éminence grise. Envoyé à Benghazi pour mater la révolte naissante mi-février, il avait contre toute attente rallié la rébellion.

Plusieurs responsables du CNT ont accusé les services du colonel Kadhafi, faisant étant de l'arrestation du "chef" des tueurs. Mais le mouvement rebelle, qui affirme avoir mis en place une commission d'enquête, n'a à ce jour pas révélé l'identité précise des responsables ou des commanditaires.

L'assassinat a suscité d'intenses spéculations sur l'identité des meurtriers, les divisions au sein de la rébellion, l'influence croissante des islamistes, ou l'existence d'une possible "cinquième colonne" derrière les lignes rebelles.

Des signes de tensions sont depuis lors perceptibles dans Benghazi, quadrillée par des hommes en armes et où une cellule dormante d'éléments pro-Kadhafi agissant sous la couverture d'une brigade rebelle a été démantelée ces derniers jours.

Contribuant à ce malaise, la puissante tribu des Al-Obeïdi, à laquelle appartenait le général Younès, a menacé de se faire justice elle-même si le CNT ne donne pas au plus vite une version crédible des faits et n'arrête pas les coupables présumés.

Organisées chaque soir au domicile du défunt, les condoléances à la famille sont l'occasion pour les chefs de cette tribu d'exprimer leur colère et leur suspicion contre certains hauts responsables de l'exécutif rebelle.

Plusieurs incidents, dont des tirs sur un grand hôtel de Benghazi, avaient été provoqués vendredi par des fidèles du général assassiné peu après l'annonce de sa mort.

Sur le plan militaire, le gouvernement Kadhafi à Tripoli a démenti les informations faisant état d'une avancée des rebelles dans Zliten, verrou stratégique en direction de la capitale, et théâtre mardi de violents combats.

"Zliten est une ville libre sous notre contrôle total", a affirmé le porte-parole du gouvernement Moussa Ibrahim, selon qui les rebelles ont été repoussés après avoir subi de lourdes pertes.

Un porte-parole rebelle dans la ville voisine de Misrata a pour sa part assuré que, si les rebelles n'étaient pas présents dans le centre de Zliten, ils contrôlaient plusieurs quartiers de la ville.

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