19 août, 2011

BURKINA FASO LIQUIDATION DE BRAFASO : Un gâchis national


Quel gâchis ! Hier c’était DAFANI, maintenant c’est au tour de BRAFASO d’être sous éteignoir. Que diable se passe-t-il ? Comment des sociétés, comme DAFANI et BRAFASO, promises à un bel avenir et qui font la fierté des "Hommes intègres", peuvent-elles finir aussi lamentablement leurs jours ? Le cas de DAFANI est passé. Aujourd’hui, je parlerai de BRAFASO, cette société qui promettait, avec ses douces sucreries et sa bière que les connaisseurs ont bien appréciées en claquant de la langue. J’ai encore plus mal quand je pense aux nombreuses conséquences désastreuses que cela va entraîner : nombreux employés licenciés, promesses de petits emplois déçues, gros investissements inutiles, taxes perdues pour l’Etat, fierté nationale de posséder une brasserie lacérée, possibilité peut-être pour les consommateurs d’accéder à des boissons de qualité et surtout à moindre coût annihilée. Je vous laisse continuer la liste.

Mais après avoir mis un point final, revenez avec moi examiner les causes. La première, selon moi, est due à la concurrence à laquelle s’est heurtée Mohamed Sogli, le patron de la société. BRAFASO a donné l’image d’un insecte qui s’est mesuré à un éléphant, une fourmi qui a voulu danser dans un bal de dinosaures, une petite entreprise locale qui a marché dans le champ monopolisé par une grosse multinationale. Sans m’aventurer dans les délicates hypothèses de la concurrence déloyale et des coups fourrés dont seuls les hommes d’affaires ont le secret, je dis cependant que BRAFASO a affronté plus fort que lui. Il avait en principe peu de chances de s’en sortir, sur l’impitoyable terrain du libéralisme largement ouvert et du capitalisme prédateur à qui le Burkina Faso s’est livré aveuglement. On a donc cherché la peau de Sogli et on l’a eue.

L’impérialisme a encore de beaux jours devant lui. Ce qui m’amène justement à demander à l’Etat burkinabè de corriger ce système. Parce qu’il me laisse l’amère impression qu’il s’aligne sans se poser de questions derrière les multinationales étrangères quand les intérêts de ces dernières sont remises en cause au détriement des sociétés nationales. Ou du moins, il regarde faire, les bras croisés. Ce qui revient au même. Sans chercher à raviver les salaces charmes de la xénophobie, je suppose toutefois que l’Etat burkinabè se comporte comme un chef de famille, qui chasse ses enfants autour du canari familial pour que viennent s’y abreuver des personnes étrangères. Si c’est effectivement le cas (et j’attends une preuve contraire), je tombe des nues.

Que deviennent les multiples appels lancés sous tous les tons à l’initiative privée et à l’auto-emploi des jeunes ? Les promoteurs nationaux qui ont des projets porteurs sur des domaines monopolisés par des entreprises étrangères s’engageront-ils en sachant que l’Etat ne les soutiendra pas ? Je dirai que non. Il faut donc changer. Pour commencer, trouvons des moyens pour rendre autonomes les financements de nos entreprises. Tant qu’elles le seront par des banques qui viennent de pays dont les entreprises ont de gros intérêts chez nous, soyons certains que nos sociétés n’iront pas loin. Ce serait trop bête de se faire fouetter par sa propre cravache. Mais qu’on soit d’accord. Je ne dis pas qu’il faut mettre les sociétés étrangères hors du pays.

Seuls les faibles d’esprit ne savent pas qu’en surface, il faut plusieurs types d’arbres pour faire une forêt. Seulement, je propose que l’Etat burkinabè fasse en sorte que les petits moutons locaux cohabitent avec les gros dinosaures internationaux dans un climat convivial. Et puis, c’est légitime quoi ! Les multinationales ne sont pas appelées à rester dans nos pays. Le jour où elles n’y auront plus leurs intérêts, ce ne sont pas les beaux yeux des Burkinabè qui les empêcheront d’aller voir ailleurs. Dans tous les cas, ce n’est pas en continuant avec le système actuel qu’on ira vers le développement. Nous n’aurons jamais nos propres entreprises qui emploieront nos jeunes en leur payant de bons salaires pour le plus grand bonheur des consommateurs. Si on ne change pas, on boira un jour jusqu’à la lie une véritable honte nationale. Et ce sera tant pis pour nous !

Le Fou

Le Pays

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