08 juillet, 2011

Syrie: manifestation monstre à Hama où l'ambassadeur américain défie Damas

Capture d'écran YouTube d'une manifestation anti-gouvernement à Hama, le 8 juillet 2011
Capture d'écran YouTube d'une manifestation anti-gouvernement à Hama, le 8 juillet 2011
Capture d'écran YouTube d'une manifestation anti-gouvernement à Hama, le 8 juillet 2011 - AFP

L'ambassadeur américain à Damas a défié le régime syrien en se rendant vendredi à Hama, au coeur de la contestation contre Bachar al-Assad où des centaines de milliers d'opposants manifestaient, provoquant la fureur de Damas qui l'a accusé d'avoir rencontré "des saboteurs".

Dans plusieurs villes de Syrie, les autorités ont ouvert le feu sur les manifestants, faisant au moins trois morts, dont deux dans la capitale, et des dizaines de blessés.

Washington avait annoncé jeudi soir que son ambassadeur Robert Ford était parti jeudi dans cette ville située à 210 km au nord de la capitale afin "d'établir le contact" avec l'opposition de cette ville assiégée par les chars.

Il n'était pas clair si le représentant américain se trouvait aux côtés des dizaines de milliers de manifestants massés vendredi après-midi sur la place al-Assi, dans le centre-ville.

"Plus de 450.000 personnes ont manifesté" sur cette place et dans les rues adjacentes, a dit à l'AFP Abdel Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme.

"Aucune présence des forces de sécurité n'a été signalée", a-t-il souligné.

Paris a également dépêché jeudi son ambassadeur, Eric Chevallier, à Hama afin de témoigner de "l'engagement de la France aux côtés des victimes", a indiqué le Quai d'Orsay, précisant qu'il avait visité un hôpital.

La visite du diplomate américain a déclenché l'ire des autorités syriennes, selon qui les Etats-Unis sont "impliqués" dans le mouvement de contestation et "incit(ent) à faire monter (la tension), ce qui nuit à la sécurité et à la stabilité en Syrie".

"L'ambassadeur américain a rencontré à Hama des saboteurs (...) qui ont érigé des barricades, coupé des routes et empêché les citoyens d'aller à leur travail. L'ambassadeur a incité ces saboteurs à la violence, à manifester et à refuser le dialogue" avec le régime, a accusé le ministère de l'Intérieur.

Selon un opposant syrien ayant requis l'anonymat, il y a "deux explications plausibles" à l'initiative américaine: "soit l'ambassadeur tente d'établir un point de contact, de jouer un certain rôle entre les habitants de Hama et le régime" pour une transition vers la démocratie; soit il entend "relever le moral des habitants en leur disant que les Etats-Unis les soutiennent" et les protègent par sa présence.

Plus tôt dans la semaine, les Etats-Unis avaient exhorté le régime syrien à retirer ses troupes massées aux portes de Hama, redoutant un bain de sang comme en ont connu depuis presque quatre mois plusieurs autres villes rebelles. Au moins 25 civils ont déjà perdu la vie à Hama depuis mardi.

Damas a envoyé ses chars aux environs de la ville en réaction à une manifestation record vendredi dernier, avec un demi-million de personnes. Face à l'arrivée des troupes, des opposants avaient érigé des barricades dans les rues.

Les militants pro-démocratie avaient appelé à manifester ce vendredi sous le slogan "Non au dialogue" avec le régime de Bachar al-Assad. Plus de 1.300 civils sont morts depuis le début de la révolte, le 15 mars, selon des ONG.

"Non au dialogue: quel dialogue alors que le sang a été versé ? Quel dialogue alors que les villes sont assiégées ? Le peuple veut la chute du régime", écrivent les militants anti-régime sur leur page Facebook intitulée "La Révolution syrienne 2011".

"Hama, continuez de vous mobiliser, les lâches (ndlr, les autorités) n'oseront pas (tirer à balles réelles) en présence de l'ambassadeur américain dans la ville", ont ajouté les militants sur Facebook.

En outre, trois manifestants ont été tués vendredi, deux à Damas et un à Dmeir, à l'est de la capitale, par des tirs des forces de sécurité qui tentaient de disperser des manifestations anti-régime, a annoncé à l'AFP Abdel-Karim Rihaoui, de la Ligue syrienne des droits de l'Homme.

Par ailleurs, au moins 24 personnes ont été blessées à Homs (centre) par les tirs, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a précisé que certains étaient "grièvement blessés".

A Idleb, dans le nord-ouest, "les forces de l'ordre tirent à balles réelles et lancent des grenades lacrymogènes sur des milliers de personnes qui manifestent", toujours selon l'OSDH.

Quelque 6.000 personnes ont également manifesté à Kan Safra, une localité proche, malgré la présence massive de l'armée.

Des protestataires avaient déjà été blessés, dont certains grièvement, jeudi soir dans la localité de Harasta, près de la capitale, par les tirs des forces de l'ordre, d'après l'OSDH.

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