19 juillet, 2011

Sommet Merkel-Medvedev: l'énergie pour Berlin, la modernisation pour Moscou

HANOVRE (Allemagne) - Angela Merkel recevait mardi Dmitri Medvedev pour un sommet devant accorder une large place à l'énergie, l'Allemagne ayant besoin d'hydrocarbures alors que la Russie cherche des partenaires pour se moderniser.

La chancelière allemande et le président russe ont d'abord participé à une session du Dialogue peterbourgeois, un forum de débats où se retrouvent depuis onze ans les représentants des sociétés civiles des deux pays.

En démocratie on préfère généralement parler de ce qui ne va pas que de ce qui va, a souligné Mme Merkel.

M. Medvedev a aussi appelé les participants à discuter des thèmes les plus difficiles. Il vaut mieux se disputer une bonne fois que garder le silence, a-t-il dit.

M. Medvedev et Mme Merkel, qui parle couramment russe puisqu'elle a grandi dans l'ex-RDA, ont pour leur part affiché leur bonne entente, se tutoyant et évitant de toucher aux thèmes les plus délicats, comme les droits de l'Homme en Russie.

Mme Merkel a néanmoins reconnu que c'était de sa responsabilité que les négociations russo-européennes sur l'abandon des visas étaient bloquées, un sujet important pour Moscou.

Côté allemand, le co-président du Dialogue peterbourgeois, Lothar de Maizière a souligné que la démocratie était nécessaire à une modernisation réelle de la Russie, soulignant que les politiques d'Etats dictatoriaux comme l'Union soviétique et l'Allemagne Nazie n'avaient pas duré.

Nous (Russes et Allemandes) sommes d'accord que la démocratie, les droits de l'Homme et l'Etat de droit sont une nécessité pour une modernisation réelle et durable, a-t-il dit.

Hors des murs de ce forum, dans les couloirs des négociations intergouvernementales, c'est l'énergie qui devait être au coeur des discussions, Moscou souhaitant renforcer encore sa présence dans le secteur en profitant de l'abandon par l'Allemagne du nucléaire d'ici à 2022.

Nous avons discuté des possibilités de collaboration énergétique russo-allemande à la suite de la décision de l'Allemagne de renoncer au nucléaire après la catastrophe japonaise de Fukushima, a souligné Viktor Zoubkov, le vice-Premier ministre russe.

La Russie aimerait développer des centrales électriques au gaz et augmenter ses livraisons à l'Allemagne, qui est déjà son plus gros client, notamment via le gazoduc Nord Stream, dans la Baltique, qui doit être inaugurer en octobre.

Moscou compte aussi sur les investissements allemands pour mettre en oeuvre sa politique de modernisation, le thème central du discours du président russe.

Le patron de la banque russe VEB, Vladimir Dmitriev a indiqué espérer la création d'ici deux à trois ans d'un fond d'un milliard d'euro pour l'innovation dans les petites et moyennes entreprises.

Une conférence de presse de Mme Merkel et M. Medvedev était prévue vers 12H30 GMT, après la signature d'une douzaine d'accords politiques, économiques et universitaires.

La visite du président russe intervient en pleine polémique en Allemagne autour d'un prix accordé puis retiré à son mentor et prédécesseur, le Premier ministre Vladimir Poutine.

Sous le feu de la critique en raison du bilan du dirigeant russe en matière de droits de l'Homme, l'organisation privée Werkstatt Deutschland, qui décerne les prix Quadriga, a renoncé à remettre cette année ses distinctions aux modèles exemplaires d'esprits éclairés et d'efforts pour le bien public.

Les gouvernements allemand et russe ont insisté sur le caractère privé de cette initiative et ont assuré que ce couac ne troublerait pas troubler le sommet Merkel-Medvedev.


(©AFP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire