26 juillet, 2011

Libye: Le «risque militaire incertain»

Bombardement Libye:Camer.beChaque jour qui passe démontre que le processus officiellement initié par la Ligue arabe, paraphé par l'ONU et exécuté par l'OTAN, fait bien partie d'un plan préparé de longue date. La revue Global Europe Anticipation Bulletin (GEAB) du Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP) nous apprend que le monde est entré d'une «crise systémique», qui touche aux fondements de la géopolitique actuelle. En clair, nous assistons à l'inauguration d'un reconfiguration de la planète et «l'intervention anglo-américano-française en Libye en est la parfaite illustration ainsi qu'un puissant soutien à la dislocation géopolitique mondiale».

Ce pays, selon le GEAB, apparaissait dans la catégorie des «pays dont les régimes pouvaient contenir jusqu'à la fin de 2012, en recourant à la violence, les tentatives de changement». D'autres pays de la région sont répertoriés. Les voici : l'Algérie, l'Arabie saoudite et la Syrie. Mais contre ceux-ci, selon le bulletin, «ni la Grande-Bretagne, ni la France, ni les Etats-Unis n'oseraient lancer une action militaire» pour défendre les populations ‘’ou’’ accélérer le changement».

Des raisons très significatives sont avancées. Une trop grande population, une déstabilisation dangereuse pour l'Occident, des implications régionales potentiellement «explosives», des obstacles logistiques, une «certaine opposition de puissances non-occidentales à une résolution onusienne de soutien», un «destin militaire incertain» et enfin un fort impact sur les prix mondiaux du pétrole et du gaz. En fait, les raisons ne sont pas les mêmes pour tous ces pays. On comprend aisément que le «changement» en Arabie saoudite déstabiliserait l'Occident et provoquerait un choc pétrolier et qu'en Algérie ce serait plutôt un «destin militaire incertain» et des «implications régionales explosives». La Libye ne répondant à aucun des critères énoncés est donc allègrement agressée, dans la certitude absolue d'une «Blitzkrieg».

Cinq mois après , il s'est définitivement avéré que l'analyse a été trop légère au point qu'il n'y avait pas de plan B. Erreur fatale. Ce qui explique les errements, les incohérences des discours, les divergences entre coalisés devant un «destin militaire incertain», qui n'a pas été prévu. A Benghazi, dans la salle d'attente, loin des préoccupations majeures de leurs maîtres enlisés dans une «révolution» qui ne fonctionne pas, le ramassis d'individus sélectionnés pour servir de pantins à la tête de la Libye, le CNT, s'impatiente. Il commence même à agacer par ses lubies ou ses initiatives. Dernièrement, comme il ne supporte pas que ses maîtres n'imposent pas à l'Algérie qu'elle adhère comme ses voisins au projet en cours et faute de mieux, il a obligé les Etats-Unis à vérifier si des armes ont été acheminées par l'Algérie vers la Libye. S'ils ne trouvent rien de probant, ce qui est prévisible, ils devraient demander à Bernard-Henri Lévy de calmer l'ardeur de ses protégés. C'est que ça commence à bien faire et que d'autres accusations seront proférées. D'autant que sur le terrain les espoirs s'amenuisent de voir les Libyens accepter de se faire diriger par des vendus. D'où l'acharnement pour une reconnaissance de plus, surtout de la part d'un «puissant voisin».

© Lesdebats.com : Ahmed Halfaoui

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