15 juillet, 2011

L’Afrique est aussi partagée dans les arts

En 1885, l’Europe se rencontrait à Berlin pour procéder au partage de l’Afrique comme un gâteau sur un plateau. Les frontières des états ont ainsi été délimitées consécutivement aux intérêts des différents colonisateurs. Un peu plus d’un siècle plus tard, le même partage semble intervenir encore dans le domaine des arts. Les grands rendez-vous culturels du continent sont organisés dans des zones « imposés » par les mécènes et les financiers européens. On assiste ainsi à un nouveau partage de l’Afrique, un nouveau « Berlin », celui des arts.


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Quand l’Occident procédait au partage de l’Afrique à la Conférence de Berlin en 1885, c’était pour balkaniser le continent et assouvir ses besoins capitalistes. Ce partage de l’Afrique s’est fait en raison des intérêts colonialistes des pays occidentaux. Au moins, plus de cent ans après, on observe le même procédé ou phénomène dans le monde des arts. Nous témoignons d’un nouveau partage de l’Afrique, c’est-à-dire un nouveau « Berlin » des arts. Les plus grands rendez-vous culturels africains semblent minutieusement organisés selon les intérêts des mécènes et des bailleurs de fonds européens.

Pour réussir les arts visuels, il faut impérativement s’aligner sur Dakar avec sa Biennale de l’art africain contemporain. Dans ce domaine précis, la capitale sénégalaise est le lieu de convergence attitré. C’est pourquoi quand la biennale de Dakar arrive, toute l’Afrique au Sénégal. Bamako ne pourrait jamais jouer ce rôle car le choix a déjà été fait et le tour déjà joué. De la même manière, toute l’Afrique se retrouve tous les ans à Brazzaville au Congo pour savourer le Festival panafricain de musique (Fespam).

Même si officiellement c’est l’Union africaine (Ua) qui avait confié l’organisation au Congo, il y a quinze ans, il faut bien comprendre que le budget de 3 à 4 milliards FCFA qui lui alloué est versé par en majorité par les bailleurs de fonds européens. C’est ici d’ailleurs l’occasion de demander ce qui sera fait du financement de la 8e édition qui était prévue du 9 au 16 juillet 2011, et malheureusement annulée par le Président Dénis Sassou Nguessou à la suite du décès de sept personnes par asphyxie au courant d’une bousculade au stade Félix Eboué.

Cette suite des évènements a entraîné l’annulation du marché de la musique africaine (Musaf) qui devait se dérouler en même temps avec des expositions-ventes de supports phonographiques et vidéographiques, d’instruments de musique, mais aussi de rencontres professionnelles sur l’industrie culturelle et musicale. Bref, c’est un report regrettable dans la mesure où c’est toute une valeur ajoutée qui est ainsi remise en question. Alors pourquoi n’a-t-on pas déplacé l’évènement dans un pays voisin ? Cela semble alors conforter la thèse selon laquelle les bailleurs veulent cet évènement à Brazzaville et non ailleurs. C’est évident.

Ouagadougou (Burkina Faso) est la capitale africaine du cinéma. Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) est le grand rendez-vous culturel qui accueille tous les ans tous les acteurs du cinéma (producteurs, réalisateurs, metteurs en scène, acteurs, interprètes, presse, etc.). De la même sorte, le Togo ou le Bénin jouent les premiers rôles dans le domaine du design. Voilà en définitive comment s’est fait le « Berlin » des arts, le nouveau partage de l’Afrique. Un découpage qui n’est pas mauvais en soi, car il permet de répartir les valeurs ajoutées de la culture et de corriger les inégalités.

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