06 juillet, 2011

La faim et la maladie menacent la Libye

Misrata a été lourdement endommagée par les bombardements.

Photo: AFP/Wissam Saleh

Misrata a été lourdement endommagée par les bombardements.

La faim tenaille l'ouest de la Libye, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) et une crise alimentaire menace l'ensemble du pays, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Ce dernier rapporte une épidémie de rougeole dans le sud-ouest du pays et craint que l'instabilité des combats n'entraîne une détérioration de la situation.

La première mission d'évaluation de l'ONU dans l'ouest de la Libye « a permis d'établir que la sécurité alimentaire était une préoccupation majeure pour la population là-bas », a expliqué une porte-parole du PAM, Emilia Casella. « [Beaucoup] de personnes dépendent totalement de l'aide alimentaire pour survivre. »

La déliquescence de l'État dans l'ouest du pays livre la population à elle-même. « [Les experts du PAM ont] été réellement choqués [de voir] qu'il n'y avait aucun commerce, que les magasins étaient fermés, les fonctionnaires n'ont pas été payés depuis février, ajoute Mme Casella. Les gens vendent leurs réserves de nourriture ou les consomment ». Ils n'ont accès ni aux oeufs, ni à de la viande ni à du poisson, poursuit-elle.

Le PAM a distribué 800 mètres cubes de denrées alimentaires dans la « région dévastée ». L'agence onusienne a distribué 6000 tonnes d'aide alimentaire à plus de 500 000 personnes depuis quatre mois.

Des bombardements des forces de Mouammar Kadhafi ont fait 11 morts et 57 blessés, mardi à Misrata, selon des insurgés. Misrata est une enclave rebelle située à 200 km à l'est de Tripoli, dans l'ouest de la Libye. Des affrontements à l'entrée ouest de Misrata avaient fait cinq morts parmi les rebelles plus tôt dans la journée.

Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) soutient que les sanctions prises contre la Libye par plusieurs pays commencent à produire leurs effets. Résultat, une crise de l'aide humanitaire commence à poindre. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) abonde en ce sens, se disant « extrêmement préoccupée par la pénurie continue de médicaments. Nous allons bientôt arriver au point où nous ne disposerons pas de médicaments », poursuit le porte-parole Tarik Jasarevic.

Épidémie de rougeole

Le représentant à Tripoli du CICR, Paul Castella, explique que son organisme livre du matériel médical aux hôpitaux de l'Ouest libyen. Le CICR a notamment livré du matériel à Misrata, troisième ville de Libye, aux mains des insurgés. M. Castella relate que l'épidémie de rougeole dans l'oasis de Sebha, dans le sud-ouest du pays, est difficile à juguler. « Les médicaments nécessaires dans cette région font défaut, souligne M. Castella. Il n'y a rien que les autorités puissent faire pour stopper cette épidémie. Ce n'est pas encore une tragédie, mais cela pourrait en devenir une. »

Le porte-parole du CICR a toutefois refusé de commenter l'éventuelle existence d'une politique de viols en série dirigée par le régime de Kadhafi. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait décrit ces exactions au début du mois de juin. « Nous suivons la situation des personnes touchées par le conflit, y compris cette question, mais nous n'avons pas encore d'information à divulguer », a conclu M. Castella.

Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Reuters

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire