31 juillet, 2011

Jean-Marie Le Pen dérape de nouveau, Marine au pied du mur

La nouvelle sortie du président d'honneur du FN sur la tuerie d'Oslo oblige sa fille à faire un choix clair en termes de communication et d'idéologie. Par Alexis Toulon.

Marine Le Pen, présidente du Front national.  AFP / Raymond Roig Marine Le Pen, présidente du Front national. AFP / Raymond Roig

"Naïveté", "accident", "immigration massive", "danger mondial", ces thèmes récurrents de la diatribe frontiste utilisés par Jean-Marie Le Pen pour parler de la tuerie d'Oslo dans une vidéo postée sur le blog du Front National provoquent un tollé. Et mettent Marine Le Pen dans l'embarras.

La présidente du Front national, qui ne s'est pas encore exprimée sur cette sortie, se retrouve face à un nœud gordien : désavouer son père et continuer la stratégie de normalisation du parti dans le paysage politique Français ou se taire… et accepter que les propos du président d'honneur soient ceux du Front National.

Des différences entre la fille et le père

"Depuis son élection en janvier 2011, Marine Le Pen a fait évoluer l'idéologie et la sémantique du parti" explique au Nouvel Observateur, Stéphane Rozès, politologue, enseignant à Science Po et HEC, président de la société de conseil CAP. "Si le père et la fille sont d'accord sur l'indépendance du parti vis-à-vis des autres, leurs propos se distinguent nettement" rappelle-t-il.

Or, Marine Le Pen doit rapidement prendre une décision afin de continuer le travail accompli pour transformer le Front National en autre chose qu'un simple parti protestataire. "Cette sortie est un test pour réaffirmer, après avoir défendu un certain nombre de positions, que le propos a évolué et que la fille se démarque du père et non une stratégie de communication savamment étudiée" précise Stéphane Rozès.

Des réactions à gauche

Le manque de réaction de la présidente du parti frontiste s'inscrit dans une situation de gêne généralisée des droites populaires européennes et ne savent pas comment se positionner sur cet événement.

En France, Martine Aubry, candidate à la primaire socialiste, a condamné les propos de Jean-Marie Le Pen. Elle les estime "injustifiables" et dénonce une "opération de manipulation". Benoit Hamon, porte-parole du PS, a estimé, dimanche matin sur Europe 1, que "quelles que soient les déclarations de Marine Le Pen, le Front national n’a pas beaucoup changé".

Un avis partagé par le Parti Communiste qui a déclaré dans un communiqué que "le Front national est un parti d'extrême droite raciste et xénophobe aux propos criminels et terroristes et les dires de l'ex-président du FN en sont la preuve (...) malgré les tentatives de relookage de l'héritière du trône du FN".

Pas de réaction à droite

L'association SOS Racisme a estimé que "par ses propos, Jean-Marie Le Pen engag(eait) bien évidemment le Front national".

La droite ne s'est pas encore exprimée sur le sujet alors que le président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a confirmé ses dires samedi 30 juillet auprès de l'AFP. Il a précisé que "la folie d'un dingo ce sont des choses qui arrivent. En revanche, les conséquences meurtrières me paraissent quand même beaucoup plus liées à la naïveté de l'Etat norvégien qu'à la folie de ce dingo", se défendant de toute provocation.

Alexis Toulon - Le Nouvel Observateur

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