11 juillet, 2011

Crise de la dette: coup de tabac en Europe face aux craintes de contagion

BRUXELLES (AFP)


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Le ministre des Finances italien Giulio Tremonti (G) et le président de l'Eurogoupe Jean-Claude Juncker à Bruxelles, le 11 juillet 2011

Un vent de panique a soufflé lundi sur les marchés financiers de la zone euro face aux craintes de voir la crise de la dette gagner l'Italie ou l'Espagne, ce qui mettrait l'Union monétaire en péril, alors qu'à Bruxelles le responsables européens peinaient à trouver la riposte.

"On est devant quelque chose qui est plus systémique" que le seul cas de la Grèce, qui "concerne la stabilité de la zone euro dans son ensemble", a averti la ministre espagnole des Finances, Elena Salgado, en arrivant à une réunion avec ses homologues de l'Union monétaire, aux allures de sommet de crise.

La rencontre doit s'achever dans la soirée par une conférence de presse.

La Bourse de Milan a clôturé sur une chute de 3,96%, alors que l'Italie se retrouve à son tour dans le collimateur en raison de son importante dette de près de 1.900 milliards d'euros.

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La Bourse de Milan, le 11 juillet 2011

Francfort a reculé de 2,33%, Paris de 2,71% et Madrid de 2,69%, tandis que l'euro a chuté, tombant brièvement sous 1,40 dollar pour la première fois depuis un mois et demi.

Dans le même temps, les taux espagnols et italiens sur le marché de la dette ont atteint leurs plus hauts niveaux historiques depuis la création de la zone euro. Cela signifie que le coût d'emprunt de Rome et de Madrid pour financer leurs déficits grimpe. Et l'écart des taux français avec l'Allemagne, référence absolue, s'est élargi à un niveau jamais vu dans l'Union monétaire.

Avant les ministres des Finances, le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a réuni pour une rencontre impromptue ses collègues de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet et de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Objectif officiel: "coordonner les positions" sur le dossier grec au moment où les dissensions s'étalent au grand jour et où les Européens n'écartent plus totalement l'idée d'un défaut partiel de la Grèce.

Mais l'inquiétude dépasse la seule Grèce à présent.

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Le ministre français de l'Economie François Baroin et son homologue des Finances Wolfgang Schauble à Bruxelles, le 11 juillet 2011

L'Italie pèse économiquement à elle seule plus de deux fois plus que les trois pays réunis qui ont été sauvés à ce jour de la banqueroute: Grèce, Irlande et Portugal. Si elle cédait, c'est toute la zone euro qui serait menacée.

La chancelière allemande Angela Merkel n'a pas hésité à prier Silvio Berlusconi de bien mettre en place le plan de rigueur promis par son gouvernement. L'Italie "doit envoyer elle-même un signal important qui est l'adoption d'un budget répondant à des exigences d'économies et de consolidation", a-t-elle enjoint.

Le membre italien du directoire de la BCE, Lorenzo Bini Smaghi, a assuré que son pays "ne fera jamais défaut parce que c'est un pays riche".

Les tensions sur les marchés trouvent aussi leurs sources dans les hésitations actuelles des Européens sur la mise sur pied d'un deuxième plan d'aide promis à la Grèce, d'une ampleur similaire au premier de 110 milliards d'euros de prêts décidé il y a un an. "Les problèmes de l'Italie sont liés à ceux de la Grèce", juge une source européenne.

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Prévisions de croissance, déficit et dette publique de l'Italie pour 2011 et 2012, selon la Commission européenne

Ces atermoiements proviennent de divergences sur la nécessité de faire cette fois contribuer les créanciers privés du pays --banques, compagnies d'assurance et fonds de pension-- et sur les modalités d'une telle participation.

Alors qu'une décision était à l'origine escomptée début juillet sur ce point, elle a été repoussée à la rentrée. Ce qui n'est pas du goût de tous: "Croire qu'on peut attendre le mois de septembre sans aucun risque, je n'en suis pas sûr", a affirmé le ministre belge des Finances Didier Reynders.

L'Allemagne et les Pays-Bas insistent pour que les banques versent leur écot. "Une participation substantielle du secteur privé est une condition préalable", a réaffirmé lundi le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees De Jager, alors que la Commission européenne, la BCE et plusieurs pays, dont l'Espagne, sont très réticents.

"Depuis le début, nous craignons que cela génère une instabilité", a souligné la ministre espagnole des Finances.

D'autant que l'idée de recourir à une solution impliquant, sur une période limitée dans le temps, un "défaut" de paiement partiel (ou "sélectif") de la Grèce, gagne des partisans, selon des diplomates. Elle pourrait prendre la forme d'un rééchelonnement de la dette du pays, solution privilégiée par Berlin, et/ou de son rachat partiel via par exemple le Fonds de secours financier de la zone euro.

Cette option marquerait un revirement de la zone euro qui a jusqu'ici exclu un tel défaut.

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