12 juillet, 2011

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Le bourbier de la guerre. - DR.
Le bourbier de la guerre. - DR.
Le président français retire 1000 hommes d'Afghanistan et met la pression sur son gouvernement pour en finir avec la guerre en Libye. Pour quelles raisons?

Nicolas Sarkozy a profité d'un voyage-surprise à Kaboul, mardi 12 juillet, pour annoncer son intention de retirer 1000 soldats français d'Afghanistan. Un contingent de 4000 hommes participe aux opérations de la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN (ISAF), sous mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies. Samedi 9 juillet, un 64e soldat français est mort en mission depuis l'entrée en guerre de la France, décidée en 2001 par le président Jacques Chirac et son Premier ministre de cohabitation Lionel Jospin. Pour quelles raisons notre pays se désengage-t-il en Afghanistan? Quel est le calendrier prévu? Comment en finir avec l'intervention militaire française en Libye? Autant de questions qui entrent aujourd'hui dans une autre logique, celle de la préparation de la présidentielle française en 2012.

La France quittera totalement l'Afghanistan en 2014

  • Barak Obama se retire.

Le président Barak Obama a annoncé dans son discours de mercredi 22 juin, son intention de retirer ses 33 000 hommes d'ici la fin de l'été 2012, dont 10 000 d'ici à décembre prochain. Il a expliqué que la menace terroriste avait «largement reculé» depuis la mort d'Oussama Ben Laden, tué début mai au Pakistan par un commando US. Pour l'opinion américaine, Obama a «fini le job» en débarrassant les États-Unis de son ennemi public numéro un, Ben Laden, responsable de l'attentat du World Trade Center le 21 septembre 2001. Mais la vraie raison est ailleurs: le président Obama se présente aux élections présidentielles le 6 novembre 2012 où il affrontera le futur candidat républicain. Pas question pour lui de poursuivre une guerre qui coûte cher à son pays en crise, ni d'apparaître comme un «faucon» pour de fausses raisons, comme George Bush, l'instigateur d'une guerre en Irak destinée à supprimer des «armes de destruction massive» qui n'ont jamais existé.

  • Nicolas Sarkozy lui emboîte le pas.

Dès le 23 juin, quelques heures seulement après l'annonce du retrait progressif des troupes américaines, l'Élysée a fait savoir qu'elle allait emboîter le pas à Barak Obama. Nicolas Sarkozy se devait de stopper cette guerre que les Français ont du mal à comprendre. L'Afghanistan est loin, la menace terroriste peu présente en France, et la notion de «solidarité» insuffisante au regard du coût d'un tel conflit.

  • Le coût de la guerre à Kaboul.

Sur le plan humain, 64 hommes sont morts pendant les combats en dix ans et des centaines ont été blessés. Sur le plan financier, cette guerre coûte 1,3 million d'euros par jour aux contribuables français.

  • L'échéance présidentielle.

Le président souhaite commencer le retrait de nos troupes le plus tôt possible, bien avant l'échéance de la présidentielle dont le premier tour est prévu le 22 avril prochain. En effet, l'opposition, d'une seule voix, lui reproche cette guerre difficilement justifiable aux yeux de l'opinion publique. Stopper notre engagement revient à retirer un argument à la gauche.

  • Le calendrier.

«Il faut savoir finir une guerre», a déclaré Nicolas Sarkozy mardi 12 juillet à Kaboul. La totalité des soldats français «de sécurisation» auront quitté le sol afghan à la fin de l'année 2014. En attendant, les 3000 hommes qui restent vont être regroupés dans la région de la Kapisa qui «n'est pas encore entièrement sécurisée», selon François Fillon mardi matin sur Europe 1.

Comment en finir avec la guerre en Libye?

  • Une victoire diplomatique.

L'intervention militaire française en Libye a commencé début mars 2011 par une victoire diplomatique de Nicolas Sarkozy. Ce dernier, contre toute attente et alors que l'Europe, notamment l'Allemagne, tergiversait devant le sanglant spectacle de la guerre civile en Libye, a obtenu de l'ONU un mandat pour «protéger la population civile» avec des frappes aériennes. La France a obtenu le soutien de la Grande-Bretagne puis des membres de l'Otan.

  • Un conflit qui dure.

Cette guerre ne durera que «quelques jours, quelques semaines, certainement pas des mois» avait déclaré Alain Juppé le 24 mars. Mais il a fallu déchanter. Les combats sur le terrain son acharnés mais les rebelles ont du mal à l'emporter. Le colonel Kadhafi résiste et le fait savoir.

  • Les provocations de Kadhafi.

Le dictateur libyen ne manque pas une occasion d'humilier la France, ce «pays ami qui, dit-il, l'a trahi». Il demande à sa fille d'accorder des interviews à des journalistes français, de déposer plainte contre l'Otan devant le Tribunal pénal international. Il organise aussi souvent des manifestations monstres de ses partisans à Tripoli, au lendemain de frappes aériennes spectaculaires ou apparaît à la télévision décontracté alors que, ce n'est pas un secret, l'Otan a décidé de le supprimer.

  • Un conflit qui coûte cher.

Les munitions larguées dans le ciel libyen représentent une dépense de 60 millions d'euros en trois mois et les primes versées aux soldats se montent déjà à 25 millions. Cela représente 10% du budget prévu sur un an pour les opérations extérieures de la France, selon le ministère de la Défense.

  • La date-butoir du 14 juillet.

Pour sortir de ce conflit la tête haute, le président Nicolas Sarkozy aurait fixé la date, symbolique, du 14 juillet 2011. C'est du moins ce qu'affirme le quotidien britannique The Guardian. Il aurait ainsi mis la pression sur l'état-major et le gouvernement pour «accélérer» l'issue de ce conflit. Le Monde affirme même que «pour renforcer les anti-Kadhafi, la France avait par ailleurs parachuté en secret des armes aux insurgés libyens, à la surprise de ses alliés américains ou britanniques (...) D'autres échos parlaient d'une visite du chef de l'Etat sur le terrain libyen d'ici là. Cette opération ne semble aujourd'hui plus envisagée».

  • Deux fers au feu.

Finalement, le conflit ne s'achèvera pas dans les prochains jours. Pourtant, la France fait tout pour aller vite et contraindre le colonel Kadhafi à quitter le pouvoir. Le ministre de la Défense a reconnu à demi-mots que des négociations étaient en cours entre les représentants du ministre des Affaires Étrangères, Alain Juppé et des membres du gouvernement libyen. Sur BFM TV dimanche 10 juillet, Gérard Longuet, a admis qu'une solution diplomatique était recherchée: «Il va falloir se mettre maintenant autour d'une table. On s'arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leurs casernes. Ils peuvent parler entre eux puisqu'on apporte la démonstration qu'il n'y pas de solution de force».

  • Là encore, l'échéance présidentielle.

Le parlement devait voter mardi 12 à l'unanimité (UMP et PS) pour la poursuite de l'intervention militaire au nom de la résolution 1973 de l'Onu. Mais cette unanimité va-t-elle durer? Voilà quatre mois que ce conflit est engagé et chaque jour qui passe referme un peu plus le piège sur le président-candidat Nicolas Sarkozy, incapable de ramener à la raison un dictateur qui le nargue. Nul doute qu'avec la campagne électorale, des voix de plus en plus nombreuses s'élèveront pour reprocher au chef de l'État une guerre, jusqu'à présent inutile, et très coûteuse.

Thierry de Cabarrus, T.C.

Thierry de Cabarrus - J'ai passé trente-sept ans dans de nombreux journaux de la presse généraliste comme grand reporter, rewriter, ...


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