09 juin, 2011

Sarkozy-Royal, retrouvailles agricoles

Par LEXPRESS.fr,Sarkozy-Royal, retrouvailles agricoles

Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont serré la main lors du déplacement du chef de l'Etat en Charente ce jeudi.

AFP/Philippe Wojazer

Elle n'était pas invitée à la table ronde tenue par le chef de l'Etat lors de son déplacement en Charente pour parler sécheresse. Et pourtant Ségolène Royal a pris la parole. Récit.

De Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy dit "garder un bon souvenir de notre débat télévisé de 2007". Ce jeudi, leur route s'est de nouveau croisée, même si initialement la présence de l'ancienne candidate à la présidentielle n'était pas prévue. Ulcérée que la "courtoisie républicaine ne soit pas respectée", la présidente de la région Poitou-Charentes s'est donc invitée à la table-ronde présidentielle consacrée aux effets de la sécheresse.

Le chef de l'Etat a d'abord pris soin de ne surtout pas accorder trop d'importance à cette présence inattendue, préférant se concentrer sur les annonces faites aux agriculteurs, pris dans une des pires sécheresses de ces dernières décennies.

Pourtant, le nouveau face-à-face entre les deux rivaux de 2007 a monopolisé l'attention. Cela a commencé à l'extérieur quand les deux se sont serré la main, sans échanger un mot.

Dans l'entourage présidentiel, on minimisait l'événement. "On n'en a rien à faire, elle fait ce qu'elle veut", a lâché un conseiller, qui rappelle que Dominique Bussereau, président du conseil général de Charente-Maritime, ou Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, ne figuraient pas non plus sur la liste des invités.

Entrée un peu avant le cortège présidentiel, Ségolène Royal, en veste blanche et haut rouge, a reçu un accueil mitigé, sifflets et applaudissements mêlés. Quelques minutes plus tard, Nicolas Sarkozy a été un peu mieux reçu.

Au cours de la discussion, le président s'est offert le luxe de donner la parole à son ancienne rivale. "Je vous demande de l'écouter, de la respecter", s'est-il exclamé pour calmer les huées d'une partie de l'assistance. Louant "la tolérance bien connue" de son interlocutrice, il a ajouté "Je suis très heureux de vous retrouver". Avant d'écouter son intervention longue d'une dizaine de minutes.

Pas un débat, mais un échange sans incident et sur le fond

La présidente de la Région Poitou-Charentes a avancé trois propositions pour soutenir les agriculteurs, demandant à Nicolas Sarkozy de les inclure dans les discussions du groupe de travail.

Calmement, elle les a déroulées. 1) Il faut interdire le broyage des pailles (procédé qui consiste à détruire sur le champ la partie basse des brins de céréales,ndlr) en demandant aux préfets de prendre des arrêtés.

2) Les aides accordées aujourd'hui seraient "englouties par la spéculation" et la flambée des prix, avance Ségolène Royal, qui demande ainsi le blocage du prix des céréales pendant six mois.

3) "Il faut réorienter les céréales destinées à l'exportation vers les élèveurs". Et pour cela "réquisitionner, contre rémunération, une partie de ces céréales."

Tout aussi calmement, Nicolas Sarkozy a répondu point par point. Sur le broyage des pailles: "Nous avons pris cette décision il y a dix jours. Nous avons précédé votre demande."

Sur le blocage des prix: "Nous avons contractualisé pour un million de tonnes de fourrage un prix de 25 euros la tonne. La contractualisation, c'est la même chose que le blocage sauf que l'on invite les agriculteurs à dialoguer."

Enfin, au sujet de la limitation des exportations: "Lors du sommet du G8 à Nice, j'ai milité pour interdire que l'on décide unilatéralement de bloquer les exportations", parce que cela entraînerait une augmentation des prix, a fait savoir le président de la République.

La bonne opération de Ségolène Royal

Fin de la table ronde. Aucune prise de bec comme lors du débat de 2007. Nicolas Sarkozy a fait passer son message d'unité, en lançant aux éleveurs: "Votre souffrance, elle n'est ni de droite, ni de gauche." Il n'a également accordé aucune importance à la venue de sa rivale socialiste, se contentant d'ailleurs de l'appeler "Madame".

De son côté, Ségolène Royal a quitté les lieux visiblement ravie de cette séquence, même si elle a préfèré ne pas "commenter la forme" et "rester sur le fond". Il n'empêche, par ce nouveau coup, l'ex-candidate s'est replacée dans la course à la primaire. Elle rappelle ainsi à ses camarades socialistes qu'elle possède une légitimité certaine, basée sur son expérience de campagne présidentielle. Pour les deux adversaires de 2007, le bonheur était ce jeudi dans les champs.

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