22 juin, 2011

FRANCE Opération sans-papiers

Opération sans-papiers

Le directeur de la police des Yvelines demande à ses troupes de cibler les étrangers lors des contrôles. © Florent Dupuy / Sipa

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L'e-mail, que Le Point s'est procuré, est sans équivoque. Il cible les étrangers en situation irrégulière. Et les endroits où il convient de les interpeller : "gares, lieux publics, marchés, ou périmètres dans lesquels se trouvent des restaurants susceptibles d'employer des étrangers en situation irrégulière..." Daté du 14 juin dernier, le courrier électronique émane de Jean-Marie Salanova, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP). Il est adressé à tous les chefs de la circonscription.

Pourquoi cette poussée de fièvre ? Parce que, quatre jours plus tôt, comme l'indique l'e-mail, il est apparu, lors d'une réunion à la préfecture des Yvelines, que le département accusait un gros retard sur ses objectifs en matière de lutte contre l'immigration irrégulière : + 3 % seulement de procédures en mai contre 53,9 % au niveau national. Du coup, le DDSP a donné l'ordre à ses troupes d'effectuer dans chaque circonscription deux opérations quotidiennes de contrôle.

"Poudre aux yeux"

Ces opérations qualifiées de "chasses à l'homme" par Mouloud Aounit du Mrap, association antiraciste qui se réserve le droit de porter plainte pour incitation à la discrimination, ont été avalisées par le parquet. Joint par Le Point, le procureur de Versailles, Michel Desplan, explique que "c'est à titre exceptionnel qu'il a signé une réquisition autorisant le DDSP à effectuer durant une semaine des contrôles d'identité qui ne ciblent pas uniquement les sans-papiers". Mais lorsqu'on épluche le bilan des gardes à vue en sécurité publique du 14 au 15 juin sur l'ensemble du département, on dénombre, parmi les vingt-neuf interpellés, vingt sans-papiers.

"Depuis plusieurs jours, des collègues nous appellent parce que ces contrôles leur posent problème", déplore Joël Alerte, responsable dans le département du syndicat de gardiens Unité SGP-Police. Et son adjoint Erick Sabos de préciser : "Pendant ce temps, on ne lutte pas contre la vraie délinquance. C'est de la poudre aux yeux. Cela ne sert qu'à faire du chiffre."

Quoi qu'il en soit, tous les interpellés de ce coup de filet, qui ont été dûment comptabilisés dans les statistiques policières, ont été remis en liberté. Quinze d'entre eux sont même repartis après un classement sans suite. Contacté par Le Point, le contrôleur général Jean-Marie Salanova n'a pas souhaité répondre. Ce policier, qui a dirigé le syndicat des commissaires et des hauts fonctionnaires de la police nationale (SCHFPN) de 2003 à 2006, est en poste dans les Yvelines depuis seulement quinze jours. Une arrivée remarquée...

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