07 mai, 2011

Syrie: l'armée entre à Banias, des opposants proposent des élections

AFP/Archives

Un char de l'armée syrienne à la sortie de Deraa, le 5 mai 2011, photographié lors d'une visite de presse guidée par les autorités

L'armée appuyée par des chars est intervenue samedi à Banias, l'un des foyers de la contestation en Syrie, au moment où des opposants ont proposé pour la première fois la tenue d'élections "libres" dans les six mois, au lendemain de protestations sanglantes dans le pays.

Entretemps, les Etats-Unis et l'Union européenne ont accentué la pression sur le régime de Bachar el-Assad qui persiste dans sa répression du mouvement de contestation sans précédent qui secoue le pays depuis bientôt deux mois.

Durant la journée baptisée par les opposants "Vendredi du défi", les forces de sécurité ont réprimé les protestations à travers le pays tuant au moins 26 personnes par balles, selon des ONG syriennes des droits de l'Homme. Les autorités ont fait état de 11 soldats et policiers tués par des "terroristes".

Selon des militants des droits de l'Homme joints au téléphone par l'AFP à Nicosie, les chars sont entrés à l'aube à Banias (nord-ouest) où les communications et l'électricité ont été coupées.

AFP/You Tube

Capture d'écran d'une vidéo sur YouTube montrant des Syriens manifestant à Kofr Bel le 6 mai 2011

Ils tentaient de se diriger vers les quartiers sud de la ville, bastion des manifestants, mais des habitants ont "formé des boucliers humains" pour empêcher leur avancée, ont-ils affirmé. Des bateaux de l'armée patrouillaient dans le même temps au large face aux quartiers sud.

Les militants ont en outre affirmé que des chars encerclaient le village voisin de Bayda.

Alors que l'armée avait entamé jeudi son retrait de Deraa (sud), où est née la révolte contre le régime le 15 mars, elle a pénétré parallèlement dans les villes de Homs, une importante cité industrielle à 160 km au nord de Damas, et Banias pour y réprimer les protestations.

Depuis plusieurs jours, les chars avaient encerclé Homs et Banias, théâtre d'importantes manifestations, alors que les autorités syriennes accusent des "gangs criminels armés" et des "groupes terroristes" d'être responsables des violences.

Vendredi, 16 manifestants ont péri sous les balles à Homs où des chars avaient pris position, selon l'organisation de défense des droits de l'Homme Insan.

AFP

Vendredi sanglant en Syrie

Environ 80 km plus au nord, six autres manifestants ont été tués à Hama, où en 1982, une terrible répression avait fait 20.000 morts lors d'un soulèvement des Frères musulmans contre le régime de Hafez al-Assad, père de l'actuel président qui lui avait succédé en 2000. D'autres manifestants ont été tués à Lattaquié (nord-ouest) et à Jablah, plus au sud, selon les militants.

Les autorités ont procédé à de nouvelles arrestations, interpellant des centaines de militants et opposants ces deux derniers jours. Parmi eux, Riad Seif, l'une des principales figures de l'opposition âgé de 64 ans et souffrant d'un cancer, a été arrêté à Damas, selon des militants.

"La violence qui empire toujours, les arrestations massives et les mauvais traitements infligés aux détenus n'ont fait que renforcer la détermination des manifestants à travers le pays", a estimé Amnesty International, ajoutant que les arrestations ont forcé plusieurs opposants à entrer dans la clandestinité.

Néanmoins, des opposants au régime ont pour la première fois fait des propositions détaillées au régime pour mettre fin à la contestation.

"Vous serez la fierté de la Syrie contemporaine, si vous pouvez transformer la Syrie d'un régime de dictature en un régime démocratique. Les Syriens vous en seront reconnaissants et c'est possible de le faire", affirme un texte posté sur la page du groupe "Syrian révolution 2011".

"La solution est simple: Arrêtez de tirer sur les manifestants, laissez se dérouler les manifestations pacifiques, détachez toutes vos photos et celles de votre père, libérez tous les détenus politiques, instaurez un dialogue national, autorisez le pluralisme politique et organisez des élections libres et démocratiques dans six mois", ajoute le texte.

Depuis le début de ce mouvement de contestation sans précédent, entre 600 et 700 personnes été tuées et plus de 8.000 arrêtées ou portées disparues selon des ONG syriennes.

Face à la répression, l'UE a décidé de sanctionner 13 membres du régime syrien, mais pour l'instant pas Bachar al-Assad, selon des sources diplomatiques. La France a assuré que ces sanctions n'étaient qu'une "première étape" avant un élargissement aux "plus hauts dirigeants".

La Maison Blanche, dans l'une de ses plus virulentes réactions, a mis en garde le régime contre de "nouvelles mesures" s'il ne mettait pas fin à la répression "brutale" des manifestants.

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