16 mai, 2011

Sarkozy, Borloo, Le Pen, Aubry, Hollande: à qui profite l'affaire DSK?

.marianne2.fr/A peine évoqué, le possible retrait de la candidature de Dominique Strauss-Kahn suscite déjà les convoitises des uns et des autres, persuadés que l'absence du ténor socialiste libèrerait un espace et un électorat। Prudent, Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l'Ifop, suggère que les conséquences politiques d'une campagne présidentielle sans DSK pourraient être multiples à droite comme à gauche। Et contrairement à ce que prétendent les centristes, rien ne prouve qu'ils seraient les premiers bénéficiaires d'un tel scénario.

Marianne : Quelles pourraient-être les conséquences politiques de l’absence de DSK dans la course à la présidentielle ?
Jérôme Fourquet : Il faut que ça soit avéré, si jamais la justice américaine blanchit Dominique Strauss-Kahn dans un délai court, tout peut repartir. Les cartes sont redistribuées, une pression importante va s’exercer sur Martine Aubry de la part de son entourage qui ne s’était pas résigné à ne pas la voir concourir. Puis, d’autres personnes, comme les Fabiusiens, vont absolument vouloir barrer la route à François Hollande et vont lui demander de se présenter en tant que première secrétaire du PS.

Dominique Paillé a déclaré à Marianne2 que « cette affaire ouvre un espace politique au centre car DSK était captif d'une partie de l'électorat centriste », cette affirmation du vice-président du Parti radical est-elle juste selon vous ?
J.F. : L’espace du centre est conditionné par le profil du candidat qui sera désigné par le PS. Si c’est Hollande, on peut penser que l’espace pour le centre sera peut-être un peu plus important que si c'était DSK mais Hollande n’est pas très éloigné idéologiquement de DSK. Réforme fiscale, priorité donnée à la jeunesee, poursuite de la décentralisation, je ne suis pas sûr que cela arrange les affaires du centre si c'est Hollande. En revanche, si c'est Martine Aubry, tout peut changer.

DSK mordait sur l'électorat centriste, en partie. Mais le centre est aussi gêné par la multiplicité des candidats : Borloo, Bayrou, Villepin, et aussi Nicolas Hulot. Il faut être prudent. Puis, avant de regarder ce qui se passe dans le couloir voisin, il faut déjà être sûr qu’on va être bon dans le sien. Certains disent que dans le cas d'une candidature Aubry, les Socialistes feront campgane à gauche toute, mais tout ça n’est pas écrit. Il est trop tôt pour se prononcer mais d’après ce qu’on lit et ce qu’on entend, si c'est Hollande, la campagne ne sera pas à gauche toute.

Il y a la question du positionnement, mais il y a la question aussi de la dynamique. Si DSK n’y va pas et que les primaires ne se passent pas très bien, l’élan créé par le PS, l’idée que c’est l’alternative, prendra du plomb dans l’aile. Du coup, les gens peu structurés idéologiquement qui pourraient voter PS pourraient se laisser tenter par un candidat centriste puisque le PS ne fait pas rêver et qu’ils ne veulent pas voter Sarkozy. Mais je ne pense pas que les centristes soient les premiers bénéficiaires.

Alors qui serait le premier bénéficiaire, tous partis confondus ?
J.F. : Je pense que ça ne dessert pas Sarkozy. Marine Le Pen a, quant à elle, joué un positionnement « tout le monde savait ». Mais pour Sarkozy comme pour Marine Le Pen, Strauss-Kahn était une figure symboliquement très intéressante. Il est l’élite mondialisée, un grand bourgeois, si c'est quelqu’un comme Hollande, ils devront adapter leur stratégie ou leur angle de tir.


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