07 mai, 2011

Marrakech: le principal suspect, "admirateur d'Al-Qaïda", avait été en Libye

AFP

Le ministre marocain de l'intérieur Taieb Cherkaoui, le 6 mai 2011 à Rabat

La police marocaine a interrogé vendredi un Marocain, "admirateur d'Al-Qaïda" et principal suspect dans l'attentat du 28 avril à Marrakech, en établissant qu'il avait séjourné en Libye et avait tenté de se rendre en Irak.

Le ministre marocain de l'intérieur Taieb Cherkaoui, qui n'a pas révélé l'identité de ce suspect, a indiqué qu'il avait préparé cette attaque dans la maison de ses parents à Safi (300 km au sud de Casablanca). Le bilan de l'attentat est passé à 17 morts, dont huit Français, avec l'annonce vendredi qu'une Suissesse de 25 ans est décédée dans un hôpital de Zurich des suites de ses blessures.

L'annonce de l'interpellation du suspect principal et de deux autres Marocains à Safi est intervenue une semaine après l'attentat le plus meurtrier depuis les attaques islamistes à Casablanca en 2003 qui ont tué 33 personnes et 12 kamikazes.

Selon une source sécuritaire ayant requis l'anonymat, le principal suspect s'appelle Adil El-Atmani. Il a 25 ans et a grandi dans la classe moyenne, selon des sources concordantes. Son père possède un commerce à Safi, où le suspect a travaillé, et fait souvent des allers-retours entre le Maroc et la France, précisent-elles.

A Lisbonne, le Service portugais des étrangers et frontières (SEF) a confirmé qu'il s'agissait d'Adil El Attmani, utilisant une orthographe très légèrement différente.

M. Cherkaoui a indiqué, dans une déclaration à la presse, que l'enquête, à laquelle participe la police française, se poursuivait.

AFP/Archives

Le roi Mohammed VI le 30 avril 2011 sur les lieux de l'attentat à Marrakech

Le ministre a décrit le suspect principal comme un "admirateur d'Al-Qaïda" qui a "tenté plusieurs fois de rejoindre les points chauds du terrorisme, mais il a échoué".

"Devant ces échecs, il a décidé de réaliser un grand acte terroriste au Maroc", a-t-il poursuivi. "Il a choisi Marrakech parce que la ville attire beaucoup de visiteurs étrangers".

"Il a visé l'Argana parce qu'il a constaté que c'était un café très fréquenté par les étrangers", a-t-il poursuivi.

Le 28 avril, en fin de matinée, "il est sorti du café, en laissant derrière lui une valise contenant les deux bombes de 6 à 9 kilos, qu'il a actionnées avec un téléphone portable", a expliqué le ministre.

Selon une source sécuritaire, "il était déguisé en touriste, avec une perruque et une guitare". Les deux bombes ont été placées dans deux cocottes minutes, dissimulées dans une valise, selon cette source.

La terrasse du café, d'où les touristes aimaient observer l'activité de la place Jamâa El-Fna, a été soufflée par la puissante explosion.

Le suspect avait commencé il y a six mois à se procurer des produits explosifs pour fabriquer la bombe, selon M. Cherkaoui. Ces produits étaient "dissimulés chez ses parents à Safi".

Avec les deux autres suspects, il "a tenté de rejoindre l'Irak via la Libye en mai 2008, mais ils ont été arrêtés par les autorités libyennes et expulsés vers le Maroc", a encore révélé le ministre .

Auparavant, il avait "été arrêté au Portugal en 2004 et en Syrie en 2007, et dans les deux cas il a été expulsé vers le Maroc", a poursuivi le ministre.

AFP/Archives

L'Argana café à Marrakech après l'attentat, le 28 avril 2011

Il "est fortement imprégné de l'idéologie jihadiste" et "exprime ouvertement son allégeance pour Al-Qaïda", dont les émules sont actifs dans plusieurs pays du Sahel et ont pris la France pour cible.

Dès le lendemain de l'attentat, qui n'a pas été revendiqué, les autorités marocaines avaient assuré que le mode opératoire de l'attentat rappelait celui adopté par Al-Qaïda.

Selon la loi anti-terroriste au Maroc, les suspects peuvent rester en garde à vue jusqu'à 12 jours.

Le ministre français de l'Intérieur Claude Guéant a déclaré vendredi à l'AFP qu'il n'était "pas exclu qu'il y ait d'autres ramifications et d'autres personnes à interpeller". Il a rendu hommage au caractère "exemplaire" de l'enquête marocaine.

Samedi, sur la place Jamâa El-Fna, plusieurs milliers de Marocains et "amis du Maroc" devraient se retrouver, après s'être donné rendez-vous sur Facebook.

L'objectif est de "tourner la page de la tristesse", indiquent les organisateurs.

Selon une source du ministère portugais de l'Intérieur, le suspect de l'attentat avait été contrôlé au port de Leixoes (nord) à l'occasion d'une "opération de routine".

Son arrestation avait à l'époque été motivées par "un acte d'immigration illégale, sans référence à de quelconques mandats nationaux ou internationaux", a ajouté le SEF.

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