02 mai, 2011

Libye: Misrata attaquée, obsèques d'un des fils de Kadhafi

AFP

Enterrement à Tripoli, le 2 mai 2011, d'un des fils de Kadhafi, Seif al-Arab, tué dans un bombardement de l'Otan,

Deux chars des forces pro-Kadhafi ont été détruits lundi dans les faubourgs de Misrata après une offensive pour tenter de pénétrer dans cette ville rebelle, tandis que les obsèques d'un fils du dirigeant libyen et trois de ses petits-enfants tués samedi ont eu lieu à Tripoli.

Deux chars des forces pro-Kadhafi ont été détruits lundi dans les faubourgs de Misrata, à 200 km à l'est de la capitale, ont indiqué des sources rebelles, selon qui un tank a été détruit par l'Otan, le second par les insurgés.

D'autres sources avaient indiqué dans la matinée que "quatre à cinq chars" loyalistes attaquaient à l'extérieur de la ville, dans l'ouest, et tentaient d'y pénétrer.

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De la fumée au dessus du port de Misrata, bombardé par les forces pro-Kadhafi, le 2 mai 2011

Lundi, comme les jours précédents, obus et roquettes ont continué à tomber sur Misrata et ses faubourgs de manière aléatoire, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des médecins de Misrata, libyens et étrangers venus les aider, ont souligné le fait que des patients grièvement blessés ou malades mourraient faute de soins adéquats, les hôpitaux étant saturés.

"Les unités de soins intensifs sont saturées, un patient est mort aujourd'hui en soins intensifs. On a sept places et neuf patients en soins intensifs, deux sont sous respiration artificielle manuelle. Les infirmières se relaient pour les faire respirer, on manque d'appareils adéquats", a déclaré un médecin occidental accablé.

AFP/LIBYAN TV/Archives

Capture d'écran de la chaîne libyenne, datée du 1er mai 2011, montrant le fils du colonel Kadhafi, Seïf al-Arab, tué lors d'une frappe de l'Otan

Le port de Misrata, essentiel pour l'approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, et lourdement bombardé dimanche par les forces gouvernementales, était calme en début d'après-midi, selon des sources rebelles.

"Quand toutes ces bombes sont tombées, tout le monde est devenu fou", raconte Samuel Amporsal, Ghanéen de 30 ans encore sous le choc.

Selon des sources médicales, le bilan de la journée, incluant les victimes des bombardements de la nuit précédente, est de 14 morts et une trentaine de blessés.

"Le fils de Kadhafi a été tué et il s'agit donc d'une vengeance", a estimé le porte-parole du Conseil national de transition, organe politique des rebelles, Ahmed Omar Bani, à Benghazi.

Il a par ailleurs souhaité, qu'après avoir tué le chef du réseau Al-Qaïda Oussama Ben Laden, les Etats-Unis leur fassent aussi "le grand cadeau" de tuer le dirigeant libyen, au pouvoir depuis 41 ans.

Le colonel Kadhafi avait offert vendredi une amnistie aux rebelles de Misrata s'ils déposaient les armes, précisant que l'offre était valable jusqu'à mardi.

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Une pièce de la maison du colonel Kadhafi, touchée par une frappe de l'Otan, le 30 avril 2011 à Tripoli

Des bateaux humanitaires attendent toujours le feu vert de l'Otan pour accoster. Des mines ont été posées par les forces loyalistes dans les eaux au large du port et paralysaient toujours le trafic lundi, selon des sources rebelles, et l'Otan a annoncé n'avoir détruit pour l'instant que deux des trois mines lâchées vendredi par des navires libyens.

A Tripoli, l'Otan a continué ses frappes dans la nuit de dimanche à lundi.

La veille, le régime l'avait accusé d'avoir tenté d'assassiner Mouammar Kadhafi lors d'un bombardement aérien qui a tué un des six fils du dirigeant. Seif al-Arab, 29 ans, et trois des petits-enfants du dirigeant, Seif (2 ans), Carthage (2 ans) et Mastoura (4 mois), ainsi que des amis et voisins, ont été tués dans ce raid samedi soir, selon le gouvernement libyen.

Selon l'agence officielle libyenne Jana, des funérailles ont eu lieu lundi pour "Seif al-Arab Mouammar Kadhafi et trois petits-enfants du frère Guide de la révolution".

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La fratrie Kadhafi

Criant vengeance et sur fond de rafales d'armes, un millier de personnes se sont rassemblées près du cimetière des Martyrs Al-Hani à Tripoli, pour les funérailles de Seif al-Arab à Tripoli, en présence d'au moins deux de ses frères, selon un journaliste de l'AFP.

"A bas, à bas Sarkozy", scandait la foule à l'encontre du président français dont le pays avec la Grande-Bretagne a été à l'origine de la résolution 1973 ayant autorisé l'intervention internationale pour mettre un terme à la répression sanglante de la révolte.

Quelques heures après le raid de samedi soir, les ambassades d'Italie et de Grande-Bretagne à Tripoli ont été la cible d'attaques, que le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a qualifiées d'"incident regrettable".

Londres a décidé d'expulser l'ambassadeur de Libye, la Turquie, qui a de gros intérêts économiques en Libye et s'efforce de jouer les intermédiaires, a évacué par précaution son ambassade, qui représentait aussi les intérêts britanniques et australiens à Tripoli. Les Nations unies ont également décidé de retirer l'ensemble de leur personnel de Tripoli.

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a minimisé lundi la menace du colonel Kadhafi de "transférer la bataille en Italie", la mettant sur le compte de la "déception" du leader libyen.

Dans l'Ouest libyen, à la frontière avec la Tunisie, le calme régnait lundi au poste-frontière de Dehiba, après des combats qui ont opposé la veille pro-Kadhafi et rebelles, a constaté un journaliste de l'AFP. Des Libyens continuaient à fuir vers la Tunisie.

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