02 mai, 2011

Libye: Misrata attaquée, obsèques du fils et des petits-enfants de Kadhafi

AFP

Une pièce de la maison du colonel Kadhafi, détruite par une frappe de l'Otan, le 30 avril 2011 à Tripoli

Le régime libyen menait lundi une offensive d'ampleur sur Misrata, ville rebelle assiégée depuis deux mois, tandis que les obsèques d'un fils et de trois petits-enfants de Mouammar Kadhafi, tués selon lui dans un raid de l'Otan, devaient se tenir à Tripoli.

Quatre ou cinq chars des forces pro-Kadhafi ont tenté lundi matin d'entrer dans Misrata, à 200 km à l'est de la capitale, et les rebelles ont assuré avoir arrêté leur progression.

Les chars arrivés par les faubourgs ouest de la ville, dont Al-Ghiran, "ont été stoppés par nos hommes", a assuré un chef de groupe rebelle à l'AFP, sans qu'il soit possible de vérifier l'information de source indépendante.

Ces derniers jours, les combats se concentraient essentiellement dans cette zone située près de l'aéroport où des pro-Kadhafi se trouvent toujours.

Le port de Misrata, essentiel pour l'approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, et lourdement bombardé dimanche par les forces gouvernementales, était calme en début d'après-midi, selon des sources rebelles.

AFP/LIBYAN TV/Archives

Capture d'écran de la chaîne libyenne, datée du 1er mai 2011, montrant le fils du colonel Kadhafi, Seïf al-Arab, tué lors d'une frappe de l'Otan

Dix personnes ont été tuées à Misrata et des dizaines blessées par les bombardements depuis dimanche soir, selon des sources médicales.

Le régime libyen avait offert vendredi une amnistie aux rebelles de Misrata s'ils déposaient les armes, précisant que l'offre était valable jusqu'à mardi.

Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l'Otan pour accoster. Des mines ont été posées par les forces loyalistes dans les eaux au large du port et paralysaient toujours le trafic lundi, selon des sources rebelles.

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Une pièce de la maison du colonel Kadhafi, touchée par une frappe de l'Otan, le 30 avril 2011 à Tripoli

A la mi-journée, un ou plusieurs avions de l'Otan survolaient la ville, a constaté l'AFP.

"L'Otan doit nous aider, ils attendent quoi?", a lancé un habitant d'une quarantaine d'années, refusant de donner son nom.

A Tripoli, l'Otan a continué ses frappes dans la nuit de dimanche à lundi, en dépit des accusations du régime libyen d'avoir tenté d'assassiner Mouammar Kadhafi la veille, lors d'un bombardement aérien qui a tué un de ses fils.

Seif al-Arab Mouammar Kadhafi, 29 ans, un des six fils du colonel Kadhafi, et trois des petits-enfants du dirigeant, Seif (2 ans), Carthage (2 ans) et Mastoura (4 mois), ainsi que des amis et voisins, ont été tués par un raid de l'Otan sur la maison de Seïf al-Arab, selon le gouvernement libyen.

Ils seront enterrés lundi "après la prière de midi dans le cimetière des Martyrs d'Al-Hani à Tripoli", a indiqué la télévision libyenne.

Mouammar Kadhafi avait déjà perdu une fille adoptive en 1986 lors d'un bombardement américain à Tripoli.

Quelques heures après ces frappes, les ambassades d'Italie et de Grande-Bretagne à Tripoli ont été la cible d'attaques.

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La fratrie Kadhafi

Selon une correspondante de l'AFP, des manifestants ont mis le feu dimanche aux bâtiments de l'ambassade d'Italie et des résidences de l'ambassadeur d'Italie et de Grande-Bretagne.

Londres a décidé d'expulser l'ambassadeur de Libye à la suite de ces incidents.

La Turquie, qui a de gros intérêts économiques en Libye et s'efforce de jouer les intermédiaires, a évacué par précaution son ambassade, qui représentait aussi les intérêts britanniques et australiens à Tripoli.

Les Nations unies ont décidé de retirer l'ensemble de leur personnel de Tripoli.

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Localisation du bombardement de l'OTAN qui a tué un des fils Kadhafi

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a minimisé lundi la menace du colonel Kadhafi de "transférer la bataille en Italie", la mettant sur le compte de la "déception" du leader libyen.

Son régime a été touché à la mi-février par la vague de contestation de pouvoirs autoritaires dans les pays arabes. Une coalition internationale intervient depuis le 19 mars sur mandat de l'ONU pour mettre un terme à la répression sanglante de la révolte.

Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a affirmé que la police avait été débordée par la foule, qualifiant ces attaques d'"incident regrettable" et assurant que la Libye prendrait à sa charge les réparations.

Dans l'Ouest libyen, à la frontière avec la Tunisie, le calme régnait lundi au poste frontière de Dehiba, après des combats qui ont opposé la veille pro-Kadhafi et rebelles, a constaté un journaliste de l'AFP. Des Libyens continuaient à fuir vers la Tunisie.

Au moins quatre obus de gros calibre, selon l'AFP, tirés par les forces pro-Kadhafi ont touché dimanche le sol tunisien sans faire de victimes tout près de la ville de Dehiba, à 4 km de la frontière.

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