07 mai, 2011

Libye: des chefs de tribus proposent une amnistie, combats dans l'Ouest

AFP

Des délégués à la Conférence nationale des tribus libyennes à Tripoli le 6 mai 2011

Des chefs de tribus libyennes réunis à Tripoli ont appelé à une amnistie générale pour mettre fin à la guerre civile, alors que les combats entre rebelles et forces gouvernementales se poursuivaient essentiellement dans l'Ouest.

La Conférence nationale des tribus libyennes a annoncé tard vendredi soir qu'elle travaillait "à une loi d'amnistie générale" pour tous ceux qui auront été impliqués dans le soulèvement entamé mi-février contre le colonel Mouammar Kadhafi.

Une telle loi "ouvrira la voie à une ère de paix et de pardon", a assuré la Conférence. Après deux journées de réunion dans une immense tente à Tripoli, les quelque 2.000 chefs tribaux ont cependant qualifié les insurgés de "traîtres" et promis de pas "abandonner" le colonel Kadhafi.

Ils ont aussi appelé les tribus voisines des villes rebelles "à lancer des marche pacifiques et populaires pour libérer ces villes en désarmant les rebelles".

Fin avril, des chefs ou représentants de 61 tribus s'étaient en revanche réunis à Benghazi (est) pour afficher leur soutien à la rébellion.

Sur le terrain, si l'enlisement perdure sur le front Est, les combats ont repris dans l'Ouest, essentiellement à la frontière tunisienne et à Misrata, la grande ville côtière rebelle à 200 km à l'est de Tripoli assiégée depuis plus de deux mois.

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Un rebelle libyen est posté le 6 mai 2011 près de la ligne de front à Ajdabiya

Dans les montagnes berbères proches de la Tunisie, au sud-ouest de Tripoli, les combats ont repris samedi matin à l'est de Zenten, la principale ville de la région.

Les affrontements se concentraient dans une région boisée d'où, selon les rebelles, les pro-Kadhafi tirent sur Zenten. Plusieurs centaines d'insurgés en pick-up, avec des chars ou à pied, sont partis dans la matinée de la ville pour tenter de repousser les pro-Kadhafi.

Samedi matin, quelques roquettes Grad sont tombées sur la ville. Jeudi, les pro-Kadhafi avaient lancé une centaine de roquettes sur Zenten.

Au poste-frontière de Dehiba, plus à l'ouest, d'où l'on pouvait entendre des tirs d'artillerie lourde et de roquettes, au moins six obus libyens sont tombés samedi sur le sol tunisien sans faire ni victime ni dégât. Depuis une semaine, 18 autres projectiles étaient tombés du côté tunisien.

A Misrata, les pro-Kadhafi ont bombardé samedi le port, seul lien avec le monde pour les habitants de la ville assiégée, et touché plusieurs dépôts de carburant, a annoncé à Benghazi Ahmed Omar Bani, le porte-parole militaire du Conseil national de transition (CNT) mis en place par l'opposition.

"Ils ont à nouveau tenté de détruire le port de Misrata mais nos combattants ne les ont pas laissé faire", a-t-il assuré, précisant que les pro-Kadhafi concentraient désormais leur offensive sur des dépôts de carburant. "Ils veulent priver la révolution de carburant", a-t-il dit.

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Des rebelles libyens se dirigeant vers la ligne de front passent à côté d'un tank détruit, le 6 mai 2011 à proximité d'Ajdabiya

L'Otan a annoncé samedi avoir mené de nombreuses frappes sur la région de Misrata vendredi, touchant en particulier neuf véhicules militaires et un bâtiment où s'abritaient des tireurs embusqués.

Selon Souleiman Fortiya, un représentant de Misrata au CNT, les troupes gouvernementales sont en train de se masser à Zliten, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Misrata. Kadhafi "est en grands préparatifs pour marcher sur Misrata", a-t-il assuré vendredi soir.

Samedi, les rebelles ont accusé les pro-Kadhafi d'avoir utilisé des hélicoptères marqués de l'emblème de la Croix-Rouge pour larguer des mines jeudi et vendredi dans les eaux du port de Misrata. L'Otan a simplement confirmé que des hélicoptères avaient survolé Misrata jeudi, en violation de la zone d'exclusion aérienne.

Selon Amnesty International, le siège de Misrata pourrait constituer un crime de guerre. "L'intensité des attaques acharnées des forces de Kadhafi pour intimider les habitants de Misrata depuis plus de deux mois est vraiment effroyable", a déclaré l'ONG.

Le conflit a déjà fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, qui compte demander trois mandats d'arrêt pour des crimes contre l'humanité.

Les violences ont en outre poussé plus d'un demi-million de personnes à fuir le pays. Et près de 50.000 réfugiés, pour la plupart des Libyens berbères, sont passés en Tunisie depuis un mois via le poste de Dehiba.

D'autres ont opté pour la mer: des centaines de personnes ont débarqué samedi sur l'île italienne de Lampedusa, où des milliers de Libyens sont déjà arrivés ces dernières semaines.

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