08 mai, 2011

Les Equatoriens appelés à soutenir par référendum les réformes de Correa

AFP

Le président équatorien Rafael Correa vote à Quito le 7 mai 2011 lors d'un référendum pour réformer la justice et la presse

Les Equatoriens se prononçaient samedi sur une réforme de la justice et du droit de la presse proposée Rafael Correa, présentée par l'opposition comme une dérive autoritaire du président socialiste, décidé à faire avancer sa "démocratie radicale".

Près de 11,2 millions d'Equatoriens devaient répondre oui ou non à dix questions, dont quatre portent sur une réforme de la justice et deux sur la presse.

A la mi-journée, le scrutin, ouvert jusqu'à 17h00 (22h00 GMT), se déroulait "normalement", selon le chef de la mission d'observation déployée par l'OEA (Organisation des Etats américains) Enrique Correa.

"Nous n'avons aucun indice nous permettant d'affirmer que des fraudes sont en cours", a-t-il déclaré à l'AFP.

Auparavant, Rafael Correa, avait assuré que son pays vivait une nouvelle ère de "démocratie radicale", pour expliquer ce scrutin visant à faire avancer par la voie référendaire des réformes en partie bloquées au Parlement, où domine pourtant son parti, Alianza Pais.

Concernant la presse, le gouvernement souhaite notamment que l'assemblée nationale crée un "conseil de réglementation des contenus", qui pourrait instaurer des critères de "responsabilité" des journalistes et des médias et sanctionner les contrevenants.

Ces critères n'ont pas été définis, d'où les craintes d'une censure possible dénoncée par l'Union nationale des journalistes, d'autant que Rafael Correa qualifie souvent la presse privée de "médiocre" et "corrompue".

AFP

Le président équatorien Rafael Correa vote le 7 mai 2011 à Quito

Le texte soumis au vote prévoit aussi de remplacer provisoirement le Conseil supérieur de la magistrature par une commission tripartite comprenant un représentant du gouvernement, pour réformer la justice. Rafael Correa estime qu'elle compte encore trop de magistrats "corrompus" laissant en liberté des criminels, ce qui alimente un sentiment d'insécurité croissant dans le pays.

Les Equatoriens devront également se prononcer notamment sur l'interdiction, au niveau national, des jeux de hasard et la prohibition, dans leur canton, de la mise à mort des taureaux pendant les corridas.

Aux abords du lycée Rumipamba, dans un quartier de classe moyenne de Quito, les électeurs interrogés samedi avouaient cependant voter en bloc "oui" ou "non" à des questions aussi variées, comme s'il s'agissait davantage d'un vote de confiance. "Tout cela va amener des changements sur la manière de gouverner", disait Rodrigo Alvarez, un architecte de 45 ans en expliquant avoir voté "oui" en dépit de questions parfois "pas très claires" formulées dans un langage très juridique.

"J'ai dit +Non+ au président", affirmait Jenny, une enseignante de 46 ans: "il cherche à tout contrôler de manière absolue".

Rafael Correa, 48 ans, jouit d'un taux de popularité de 65%, selon les derniers sondages qui donnent aussi la victoire au "oui".

En quatre ans, il a renforcé le droit du travail, instauré en partie la gratuité des soins, durci les termes des contrats permettant aux multinationales d'extraire du pétrole en Equateur, ce qui lui vaut le soutien des plus pauvres dans ce petit pays andin de 14 millions d'habitants.

Il a aussi multiplié les actions visant la presse privée et n'hésite pas à poursuivre ceux qui l'insultent, allant jusqu'à laisser emprisonner des manifestants agressifs.

Le chef de l'Etat veut "jouir d'un pouvoir absolu en Equateur", a accusé l'opposant et ex-président Lucio Gutierrez (Parti société patriotique, droite).

Le référendum intervient sept mois après une révolte policière, le 30 septembre, que Correa avait qualifiée de "tentative de coup d'Etat" et le scrutin de samedi a aussi pour but de vérifier "la confiance ou non de la population" à l'égard du président, a estimé le politologue Hernán Reyes, de l'Université andine à Quito.

Rafael Correa reste pour l'instant le président ayant tenu le plus longtemps au pouvoir depuis 1997, dans un pays notoirement instable où huit présidents se sont succédés en 14 ans.

Des résultats partiels devraient être publiés à 20h00 (01h00 GMT).

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