27 mai, 2011

La Libye propose derechef une trêve mais pilonne Misrata

La Libye propose derechef une trêve mais pilonne Misrata

Le Premier ministre libyen, Al Baghdadi al Mahmoudi, devant la presse, à Tripoli. Le chef du gouvernement fidèle à Mouammar Kadhafi a adressé à des chancelleries occidentales une offre de cessez-le-feu immédiat qui a toutefois peu de chances de convaincre. (Reuters/Louafi larbi)

Le gouvernement de Mouammar Kadhafi, dont les troupes ont pilonné jeudi au mortier la ville portuaire de Misrata, a adressé à plusieurs chancelleries une offre de cessez-le-feu immédiat qui laisse les observateurs sceptiques.

Les Etats-Unis, qui participent jeudi et vendredi au sommet du G8 à Deauville, ont aussitôt estimé que cette nouvelle offre de trêve libyenne n'était pas crédible. On s'attend à ce que les participants à cette réunion réaffirment leur volonté d'obtenir le départ de Kadhafi, au pouvoir depuis bientôt 42 ans.

L'Espagne a indiqué jeudi avoir reçu, comme plusieurs de ses partenaires européens, une offre de cessez-le-feu immédiat de la part du Premier ministre libyen, Al Baghdadi al Mahmoudi.

"Nous avons reçu le message et notre position est celle du reste de l'Europe", a dit un porte-parole du président du gouvernement. "Tout le monde attend un accord avec impatience (...) mais certaines initiatives doivent être prises au préalable", a-t-il ajouté.

Ben Rhodes, conseiller adjoint de la Maison blanche pour la sécurité nationale, a déclaré à Deauville que Washington ne jugeait pas l'offre libyenne crédible parce qu'elle ne se traduisait pas en actes, que Tripoli ne se conformait pas aux exigences de l'Onu et attaquait toujours des zones habitées.

Lors d'une conférence de presse à Tripoli, Al Mahmoudi a assuré que la proposition libyenne se fondait sur une "feuille de route" de l'Union africaine qui vise à résoudre le conflit mais ne fait aucune allusion à l'avenir du colonel Kadhafi lui-même - question clé de tout règlement éventuel.

"La Libye est sérieuse au sujet d'un cessez-le-feu", a dit le Premier ministre libyen. Il a cependant ajouté : "Le dirigeant Mouammar Kadhafi est le dirigeant du peuple libyen. S'il s'en va, ce sera aussi le cas de tous les Libyens."

Plusieurs offres de cessez-le-feu avancées par Tripoli ont été rejetées par les rebelles.

"Nous acceptons toute initiative basée sur le départ de Kadhafi, de ses fils et de son régime", a déclaré le rebelle Moustafa Abdel Djalil, chef du Conseil national de transition (CNT), à la chaîne de télévision Al Djazira. "Nous saluons toute initiative comportant ce point comme première étape."

En dépit de la dernière offre, les forces gouvernementales ont bombardé Misrata, ville de l'Ouest tenue par les insurgés, avec une violence sans précédent depuis plusieurs jours.

Selon un correspondant de Reuters sur place, les obus de mortier n'ont cessé de pleuvoir sur les quartiers ouest, où les ambulances multiplient les allers et retours.

Des porte-parole de la rébellion à Misrata ont dit que les tirs de mortier avaient causé la mort de trois insurgés.

D'après un rebelle nommé Souleim al Fakih, les tirs ont commencé après que des insurgés eurent attaqué des éléments kadhafistes qui utilisaient une excavatrice pour creuser une tranchée et bloquer une route: "Nous avons tiré sur eux (...) Ils ont reculé et se sont mis à tirer des obus de mortier."

Mandatée par l'Onu pour protéger les civils de la répression, l'aviation de l'Otan est engagée depuis deux mois en Libye, ce qui n'a toutefois pas permis aux opposants de Kadhafi de s'imposer militairement.

Le conflit paraît s'enliser depuis plusieurs semaines, mais les pays occidentaux, déjà engagés en Afghanistan et en Irak pour certains, ne comptent pas déployer de troupes au sol pour débloquer la situation. Ils restent toutefois convaincus que les raids aériens, ajoutés aux sanctions internationales et aux pressions diplomatiques finiront par porter leurs fruits.

"On use le régime petit à petit. Les élites se sentent de plus en plus mal à l'aise, des dissensions affectent la haute hiérarchie (...) Ça demande du temps", a expliqué un représentant du département américain de la Défense.

Après s'être entretenu avec le président Nicolas Sarkozy, hôte du G8, le Premier ministre britannique David Cameron a dit que son pays envisageait de déployer ses propres hélicoptères de combat. "Nous étudions les moyens d'accroître la pression (sur Kadhafi), notamment avec des hélicoptères. Quand nous serons prêts à faire une déclaration, nous la ferons", a dit Cameron.

La veille, à Londres, où il achevait une visite d'Etat, le président américain Barack Obama avait assuré qu'il n'y aurait aucune pause dans les pressions exercées sur le régime libyen.

"Ce sera en fin de compte un processus lent et régulier mais nous serons en mesure de renverser ce régime", ajoutait-il.

Par Reuters

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