18 mai, 2011

"La conquête": les multiples visages de Sarkozy

PARIS — "La conquête" est la première oeuvre de fiction française à mettre en scène un président en exercice. Elle s'inspire de faits réels, puisque le film de Xavier Durringer, présenté hors compétition au Festival de Cannes ce mercredi (et qui sort en même temps sur les écrans en France), raconte l'ascension vers le pouvoir de Nicolas Sarkozy entre 2002 et 2007, émaillée de nombreux coups tordus, et la rupture avec son épouse de l'époque, Cécilia.

Le réalisateur suit le chef de l'Etat, incarné par Denis Podalydès, le 6 mai 2007, lors de son élection ternie par l'absence de son épouse pendant une bonne partie de la journée. Et Xavier Durringer revient parallèlement en flash-backs sur les cinq années précédentes.

Ce long-métrage est surtout savoureux par son casting, même si les acteurs ne sont pas physiquement des copies conformes de ceux qu'ils incarnent, et par ses dialogues ciselés, qui auraient pu être écrits par Michel Audiard pour une sorte de "Tontons flingueurs" de la vie politique. Effet comique garanti.

Pour écrire le scénario et les dialogues de "La conquête", les producteurs Nicolas et Eric Altmayer ont contacté Patrick Rotman, qui a notamment réalisé un documentaire sur Jacques Chirac. Il en a sorti une fiction très documentée, à l'anglo-saxonne, un peu dans la veine de "The Queen", de Stephen Frears, qui montrait les rapports de force entre la reine Elizabeth II et le Premier ministre britannique Tony Blair au moment de la mort de lady Diana en 1997.

L'autre élément crucial pour donner sa crédibilité au film résidait dans le choix des acteurs. Le résultat est convaincant. Si c'est peut-être Samuel Labarthe qui est le plus proche physiquement de son personnage, Dominique de Villepin, Denis Podalydès (affublé d'une perruque et de maquillage) et Bernard Le Coq ont su intégrer suffisamment d'attitudes de Nicolas Sarkozy et de Jacques Chirac pour être crédibles, même s'ils sont parfois à la limite de la caricature.

On s'amuse aussi à comparer les acteurs avec leurs personnages qui gravitent dans l'univers du pouvoir: Florence Pernel-Cécilia Sarkozy, Michèle Moretti-Bernadette Chirac, Hippolyte Girardot-Claude Guéant, Mathias Mlekuz-Franck Louvrier, Pierre Cassignard-Frédéric Lefebvre, Dominique Besnehard-Pierre Charon, Michel Bompoil-Henri Guaino, Saïda Jawad-Rachida Dati, Gérard Chaillou-Jean-Louis Debré.

Certaines scènes, filmées en plans séquences, sont particulièrement savoureuses, notamment les têtes à tête entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, ou entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, qui semblent disputer verbalement une partie d'échecs, avec certaines répliques qui font mouche.

Denis Podalydès ne donne pas une mauvaise image de Nicolas Sarkozy. Il parvient à montrer plusieurs facettes du personnage, comme sa combativité, son sens tactique, mais aussi certaines de ses faiblesses, notamment dans ses relations avec Cécilia, qu'il ne peut maîtriser comme une campagne électorale.

Xavier Durringer dit avoir été séduit par la "lutte" entre Chirac, Villepin et Sarkozy, et par "cette métaphore extraordinaire du rapport amoureux à travers cette femme -Cécilia Sarkozy- qui pendant 20 ans, se bat pour sortir l'homme qu'elle aime de l'ombre et l'amener dans la lumière. Et qui, le jour où cet homme accède au pouvoir, le quitte pour partir avec un autre. Du pur romanesque! Du drame absolu!"

Au final, c'est sans doute pour certains conseillers de Nicolas Sarkozy que le film est le plus dur, quand on les voit parfois encaisser sans broncher les mouvements d'humeur de leur patron. AP

pyr/jp

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