26 avril, 2011

Un festival des arts à Nouakchott pour lutter contre l'extrémisme

Les participants au festival "Libr'art" ont expliqué que les arts jouent un rôle essentiel pour guider les jeunes dans la bonne direction.

Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 25/04/11

[Jemal Oumar] Les organisateurs d'un festival des arts en Mauritanie espèrent que la peinture pourra empêcher les jeunes de basculer dans des idéologies radicales.

Des dizaines de jeunes artistes plastiques mauritaniens se sont rassemblés à Nouakchott pour échanger leurs connaissances et mettre en valeur le pouvoir constructif des arts. La seconde édition de "Libr'art", qui se poursuivra jusqu'au 29 avril, vise à former des dizaines d'élèves des quartiers pauvres de la capitale, notamment dans les quartiers d'El Mina et de Ksar.

"Les objectifs de ce festival seront également la découverte de jeunes talents artistiques, il faut les développer, les diriger et les former, notamment dans certains quartiers de la capitale qui constituent un terreau fertile où les élèves peuvent abandonner leurs études et dévier vers des environnements inappropriés", a déclaré le militant Mansour Kebé lors de ce festival de neuf jours.

"Il est important de profiter du noble message de l'art en général pour l'orienter en direction des enfants et des jeunes adolescents, de manière à occuper leurs esprits par des choses utiles", a-t-il ajouté.

Une exposition d'arts plastiques proposant des peintures d'élèves ayant bénéficié d'une formation a ouvert ce festival.

Elle "a été organisée pour couronner ces efforts livrés. Grâce aux peintures de ces enfants, nous apprenons à connaître leurs talents artistiques", a expliqué le jeune plasticien Hamady Diallo.

"Il faut souligner que l'absence des arts plastiques dans les programmes scolaires a conduit à l'absence d'une vision symétrique pour les citoyens mauritaniens", a déclaré l'artiste Samba Abdelalhi. "Cela a aussi conduit au chaos que nous connaissons actuellement dans tous les aspects de la vie, dans la rue, à la maison, à l'école et au bureau."

"Nous nous attachons à former des enfants âgés de 6 à 15 ans", a indiqué Diallo à Magharebia. "Nous les formons à la peinture et à la photo pour leur permettre d'exprimer leurs idées. Nous créons ainsi un espace de liberté qui leur permet de penser et de profiter de leurs loisirs."

Et d'ajouter : "il n'existe aucun endroit dans l'environnement social en Mauritanie susceptible d'attirer les adolescents, à l'exception de la rue, notamment dans les quartiers pauvres", ce qui "rend les jeunes susceptibles de tomber entre les mains de groupes extrémistes".

"De plus, l'analphabétisme est fréquent dans les familles des quartiers pauvres, qui ne savent pas comment élever correctement leurs enfants", a dit Diallo. "Cela nous a incités à organiser des cours de formation en dessin, qui se fondent sur le mélange des couleurs et la symbolisation des idées dans la peinture."

Une vision que partage l'artiste Ami Sow. "Ce qui nous pousse à nous focaliser sur certains quartiers de la capitale, c'est de venir en aide à ces quartiers où les jeunes sont souvent attirés par des groupes extrémistes qui veulent les faire rejoindre les camps d'entraînement d'al-Qaida, en raison de la pauvreté et du néant."

"Nous avons souhaité les intéresser à l'art, pour les prémunir contre de possibles déviations et les encourager à découvrir leurs propres talents artistiques, qui confortent l'esprit et la pensée, et leur enseigner la liberté de penser", a-t-elle ajouté.

Pour sa part, Khadija Mint Ismail a ajouté que "l'art est un message qui véhicule des valeurs de vertu, et c'est le meilleur moyen d'éduquer les enfants et de les rendre plus fins".

Pour leur part, les enfants qui ont participé à ce festival ont tenté d'exprimer la signification des dessins qu'ils ont réalisés durant les semaines qui ont précédé ce festival des beaux arts.

"Dans mes peintures, j'ai voulu présenter une image d'harmonie sociale en Mauritanie entre les noirs et les blancs", a expliqué Haby Sow, 15 ans. "Cette question a suscité de nombreux débats et controverses par suite des différences de langues et de traditions. J'ai donc peint un visage en deux moitiés, blanche et noire."

Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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