10 avril, 2011

Thaïlande: les "chemises rouges" commémorent des affrontements sanglants

BANGKOK (AFP)

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Des "chemises rouges" sont rassemblés à Bangkok le 10 avril 2011 à l'occasion de l'anniversaire des affrontements sanglants avec la police

Des dizaines de milliers de "chemises rouges" antigouvernementales, qui veulent toujours la démission du gouvernement, ont manifesté dimanche à Bangkok à l'occasion de l'anniversaire d'affrontements sanglants avec les forces de l'ordre.

Selon le porte-parole de la police Prawut Thavornsiri, 30.000 personnes vêtues de rouges étaient rassemblées au plus fort de la manifestation, malgré la pluie.

Mais selon une autre source policière, la foule approchait plus les 50.000, ce qui en ferait la plus importante manifestation des "rouges" depuis le printemps 2010.

Les "rouges" qui manifestent environ tous les quinze jours depuis plusieurs mois, sont malgré tout encore loin de réunir autant de partisans qu'à cette date où jusqu'à 100.000 d'entre eux avaient occupé les rues de la capitale.

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Des "chemises rouges" tiennent le 10 avril 2011 des portraits des victimes des affrontements avec la police à Bangkok un an plus tôt

"Nous voulons honorer nos héros", a déclaré Worawut Wichaiditu, porte-parole des "rouges".

Le 10 avril 2010, un premier assaut de l'armée contre les "rouges" s'était soldé par un échec et avait fait au moins 25 morts, marquant un tournant dans cette crise, la plus grave qu'ait connue la Thaïlande moderne.

Les manifestations avaient pris fin le mois suivant après un nouvel assaut de l'armée. Au total, entre mars et mai, plus de 90 personnes avaient été tuées et 1.900 blessées.

"Il y a un an, il n'y aurait dû y avoir aucun mort provoqué par des appels à la démocratie", a déclaré dimanche l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra lors d'une intervention par vidéo-conférence devant les "rouges", dont la plupart lui sont toujours fidèles.

"Ils ne seront pas morts pour rien, ils n'auront pas été blessés pour rien. Je ferai de mon mieux pour soutenir les gens qui se sont battus pour la démocratie", a-t-il ajouté.

Thaksin, renversé par un coup d'Etat militaire en 2006 après cinq ans au pouvoir, est haï des élites traditionnelles de la capitale, qui le jugent dangereux pour la monarchie.

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Des "chemises rouges" honorent le 10 avril 2011 à Bangkok deux journalistes tués alors qu'ils couvraient les affrontements avec la police

Condamné à deux ans de prison pour malversations financières, il doit également répondre de poursuites pour "terrorisme" pour son soutien présumé aux manifestants du printemps 2010.

Ces rassemblements avaient souligné les profondes divisions du royaume. Les populations rurales et urbaines défavorisées, d'où sont issus les "rouges", se sentent méprisées et exclues du pouvoir, confisqué selon elles par les élites de Bangkok gravitant autour du palais royal.

Un an plus tard, le pays est toujours aussi divisé, alors que des élections devraient avoir lieu d'ici juillet.

Thaksin, véritable patron du Puea Thai, premier parti d'opposition, a appelé dimanche les électeurs à "montrer clairement leur choix" lors de ce scrutin.

"Nous ne nous battons pas pour nous-mêmes mais pour tous les Thaïlandais, pour que la jeune génération obtienne l'égalité", proclamait une banderole parmi les manifestants.

Parmi les morts du 10 avril se trouvait le caméraman japonais de l'agence Reuters Hiro Muramoto, 43 ans, tué par balles.

"Aujourd'hui, nous rendons hommage à la vie de Hiro, mais nous sommes découragés par le fait que les circonstances de sa mort sont toujours inconnues un an plus tard", a déclaré le rédacteur en chef de Reuters Stephen Adler.

Les autorités thaïlandaises avaient assuré le mois dernier que l'armée était hors de cause dans sa mort, alors qu'un rapport préliminaire avait fait état de soupçons pesant sur les militaires.

La majorité des 90 morts du printemps 2010 est restée inexpliquée.

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