24 avril, 2011

Nigeria: plus de 500 morts dans les violences post-électorales selon une ONG

KANO (Nigeria) (AFP)

AFP/Archives

Des manisfestants le 18 avril 2011 à Kano, dans le nord du Nigeria

Plus de 500 personnes ont été tuées dans les violences qui ont suivi l'élection présidentielle du 16 avril au Nigeria, a affirmé dimanche une ONG de défense des droits civiques de ce pays où les troubles ont poussé de nombreux chrétiens à célébrer Pâques dans la prudence.

"Le dernier bilan est de 516" morts d'après les informations reçues par Civil Rights Congress, a déclaré à l'AFP Shehu Sani, responsable de l'organisation basée dans l'Etat de Kaduna (nord), une des régions affectées par les émeutes.

Civils Rights Congress, qui se fonde sur des chiffres recueillis sur le terrain par ses équipes, avait précédemment fait état de près de 250 morts. Les autorités nigérianes refusent de fournir un bilan, officiellement pour ne pas aggraver les tensions intercommunautaires.

"Il pourrait y avoir bien plus" de morts que les 516 recensés, "nous sommes toujours en train de rassembler les données", a ajouté M. Sani, indiquant que les morts décomptés jusqu'à présent l'avaient été surtout dans le sud du Kaduna.

Les informations ayant permis d'établir le nouveau bilan proviennent essentiellement des localités de Zonkwa, Zangon-Kataf et Kafanchan, à dominante chrétienne. Le travail de terrain des équipes "est un peu difficile. (...) Certains corps sont brûlés et ne sont pas identifiables", a-t-il ajouté.

Les émeutes ont éclaté après la victoire à la présidentielle du chef de l'Etat sortant, Goodluck Jonathan, un chrétien originaire du Sud.

M. Jonathan était face à 19 candidats dont le principal était l'ex-chef de junte militaire, le général Muhammadu Buhari, un musulman originaire du Nord, qui conteste les résultats du scrutin. Il a été battu avec 31% des sufrages, contre 57% à son rival.

Carte de localisation des villes où des émeutes ont fait plus de 500 morts dans le nord du Nigéria

Samedi à Lagos, le parti du général Buhari, le Congrès pour le changement progressiste, a une nouvelle fois dénoncé des irrégularités et fraudes lors de la présidentielle en faveur de M. Jonathan.

Il a réclamé une analyse "biométrique" des bulletins de vote "dans au moins 11 Etats", sur les 36 que compte ce géant pétrolier et pays le plus peuplé d'Afrique avec près de 160 millions d'habitants.

D'après la Croix-Rouge nigériane, les violences ont provoqué de déplacement de quelque 74.000 personnes, dont beaucoup se sont réfugiées dans des casernes de l'armée et commissariats de police dans le Nord.

Depuis jeudi, le calme règne à la faveur du déploiement de l'armée et de l'instauration de couvre-feux. Mais beaucoup de chrétiens ont célébré Pâques dans la prudence.

Certains fidèles ont accepté de se soumettre à des détecteurs de métaux à l'entrée des églises notamment à Jos, capitale de l'Etat du Plateau (centre), où des flambées de violences meurtrières ont plusieurs fois dans le passé opposé des chrétiens et musulmans.

A Kano, capitale de l'Etat éponyme (nord), de nombreux déplacés ont suivi la messe dans des casernes ou locaux de la police, à l'instar d'Eyo Anthony, 41 ans, qui s'est abrité avec sa femme et leurs deux enfants près d'un commissariat. Faute de place à l'intérieur, il a suivi l'office à travers des haut-parleurs, parmi une foule nombreuse, et n'est pas prêt à rentrer chez lui malgré le retour d'un calme relatif.

Les forces de défense et de sécurité ont indiqué être en état d'alerte pour prévenir une nouvelle éruption de violences après les élections des gouverneurs et des assemblées prévues mardi dans 24 Etats.

Ces scrutins, jugés à haut risque, ont été décalés de deux jours -au 28 avril- à Kaduna et Bauchi (nord), à cause des récentes violences.

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