12 avril, 2011

L'UE poursuit ses préparatifs pour aider Misrata malgré le refus de Tripoli

LUXEMBOURG - L'Union européenne a poursuivi mardi les préparatifs de son projet de mission militaro-humanitaire pour aider la ville libyenne assiégée de Misrata, malgré des réticences en son sein, les menaces de réplique violente de Tripoli et les hésitations de l'ONU.

Réunis à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont discuté d'un "concept opérationnel" envisageant les différentes hypothèses pour une telle mission humanitaire sécurisée par des moyens militaires.

Ce plan prévoit de mobiliser "quelques centaines de soldats au maximum" pour permettre l'accès de l'aide à la population civile de Misrata, une ville portuaire de quelque 300.000 habitants, a indiqué à l'AFP une source diplomatique.

Toutefois, il n'est pas certain qu'il puisse être adopté par les 27 ministres mardi "car la Suède refuse pour le moment", a dit cette source. Stockholm voit d'un mauvais oeil l'association d'une mission humanitaire et militaire, selon elle.

Le ministre britannique William Hague s'est montré réservé également, faisant valoir que "l'aide humanitaire arrive en Libye, y compris à Misrata et jusqu'ici sans avoir eu besoin de soutien militaire". Donc "cela dépendra de la situation sur le terrain", a-t-il dit.

L'UE souhaite pouvoir déclencher la mission, déjà dotée d'un premier budget de 7,9 millions d'euros et appelée à être commandée par un vice-amiral italien, Claudio Gaudiosi. La Grèce a proposé que l'île de Crète serve de plate-forme logistique pour l'aide humanitaire à la Libye.

Elle ne pourra cependant être lancée qu'à la demande de l'ONU et plus précisément du Bureau des Nations unies pour les Affaires humanitaires (OCHA), dirigé par Valerie Amos. Or cette demande ne vient pas car l'ONU hésite.

"Mme Amos préfère voir si le même objectif pour Misrata ne peut être obtenu par des moyens purement civils, sans recours à des moyens militaires", a souligné une source diplomatique.

"J'ai écrit (au secrétaire général de l'ONU) Ban Ki-Moon au sujet de la situation particulière à Misrata (...) pour dire que nous voulions bien assurer que l'Union européenne se tient prête à soutenir par tous les moyens les opérations humanitaires", a dit mardi la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, à Luxembourg.

L'Allemagne, critiquée pour avoir refusé de participer à l'intervention militaire en Libye, pousse aussi en ce sens.

"L'Allemagne ne participera pas à la guerre en Libye mais nous aiderons à atténuer les conséquences de cette guerre pour la population", a assuré son ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle à Luxembourg.

D'autres pays européens estiment en revanche que Catherine Ashton s'est trop avancée en écrivant à l'ONU sur Misrata sans consulter les capitales européennes, souligne une source diplomatique.

Pour sa part, le ministère libyen des Affaires étrangères a prévenu lundi l'UE et l'ONU que toute "approche des territoires libyens sous couvert de mission humanitaire" pour Misrata rencontrerait une "résistance farouche".

"Le million de Libyens qui ont pris des armes depuis le début de l'agression colonialiste croisée sur la Libye sont prêts à défendre Misrata", a ajouté le ministère.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé son intention de commencer à évacuer par navire des milliers de migrants bloqués à Misrata.

Et un ferry turc transformé en navire-hôpital y a déjà récupéré il y a un peu plus d'une semaine 270 personnes, avec l'appui d'un navire de guerre et de plusieurs chasseurs F-16 de l'armée turque.

(©AFP /

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