05 avril, 2011

Libye: un chef rebelle accuse l'Otan de "laisser mourir" les gens à Misrata

BENGHAZI (Libye) - Le chef militaire de la rébellion libyenne, le général Abdel Fattah Younés, a accusé mardi l'Otan de "laisser mourir les habitants de Misrata", une ville à l'est de Tripoli soumise à des bombardements des pro-Kadhafi depuis plus d'un mois.

"La presse internationale doit soutenir avec force le peuple de Misrata et appeler (à l'aide) l'Otan qui croit nous rendre service en bombardant ici et là alors qu'il laisse les habitants de Misrata mourir tous les jours", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Benghazi, bastion de la rébellion dans l'Est.

"Si l'Otan attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata; nous ne trouverons plus personne là-bas", a ajouté cet ancien ministre de l'Intérieur du régime du colonel Mouammar Kadhafi qui s'est rallié à la rébellion en février.

Ces accusations interviennent quelques heures après que l'Alliance atlantique, qui a pris le commandement des opérations militaires en Libye le 31 mars, a annoncé avoir fait de la défense de Misrata sa "priorité numéro un".

Misrata, troisième ville du pays, est située à 214 km à l'est de la capitale Tripoli, bastion du régime Kadhafi. Depuis plus de 40 jours, les insurgés défendent sans relâche Misrata bombardée et assiégée par les forces loyalistes. Selon les rebelles, plus de 200 personnes ont péri dans les combats.

"L'Otan nous a déçus. L'Otan ne nous a pas fourni ce que nous voulions", a-t-il poursuivi.

Selon lui, les habitants de Misrata sont menacés "d'extermination au vrai sens du terme". "L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits alimentaires, il n'y pas plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde".

"Les habitants boivent de l'eau des égouts", a-t-il encore dit.

"Si l'Otan voulait briser le blocus de la ville, il l'aurait fait depuis plusieurs jours". "Tous les jours, des civils, vieillards et enfants, meurent à Misrata. L'Otan n'a rien fait, il bombarde ici et là", a dit le responsable.

La veille, la rébellion avait demandé à nouveau l'appui de la coalition internationale pour venir à bout de l'artillerie lourde des forces du colonel Kadhafi qui bombardent la ville.

"Les forces de Kadhafi n'arrêtent pas de bombarder aveuglément la ville et des victimes continuent de tomber. Les avions de l'Otan, dont la mission est de protéger les civils, ne survolent même pas la région", avait indiqué un porte-parole des insurgés.

Des centaines de personnes ont été évacuées dimanche de Misrata par deux navires: l'un, affrété par Médecins sans frontières, a emmené des blessés en Tunisie, l'autre, un ferry turc, vers la Turquie.

Le général rebelle a aussi affirmé que les armes en possession des insurgés n'étaient "en rien comparables avec celles (des loyalistes) qui ont des armes modernes et sophistiquées".

Il a par ailleurs démenti des dissensions au sein de la direction militaire de la rébellion. Interrogé sur des rumeurs circulant à ce sujet il a répondu: "cela n'est pas exact".

(©AFP /

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