14 avril, 2011

Les 5 pays émergents du Brics opposés à la guerre en Libye, inquiets de l'afflux de capitaux

SANYA (Chine) (AFP)

AFP

Photo de famille des 5 leaders du groupe Brics (Inde, Russie, Chine, Brésil et Afrique du Sud), le 14 avril 2011 à Sanya, dans le sud de la Chine

Les cinq pays émergents du Brics se sont prononcés jeudi contre l'usage de la force en Libye, profitant aussi de leur sommet en Chine pour s'inquiéter des risques de l'afflux de capitaux dans leurs économies et de la volatilité des cours des matières premières.

Le président chinois Hu Jintao, ses homologues brésilien Dilma Rousseff, sud-africain Jacob Zuma, russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre indien Manmohan Singh se sont réunis pour un bref sommet très consensuel dans la station balnéaire de Sanya, dans l'extrême Sud de la Chine, associant pour la première fois l'Afrique du Sud.

Les cinq puissances émergentes, qui représentent plus de 40% de la population et 18% du PIB de la planète, étaient soucieuses d'afficher leur unité sur les grandes questions internationales et leur poids croissant dans le monde.

Concernant la situation au Moyen-Orient, en Libye et en Côte d'Ivoire, elles ont affirmé dans une Déclaration de Sanya "partager le principe selon lequel l'usage de la force doit être évité", sans toutefois faire explicitement référence aux frappes menées par l'Otan en Libye. Le groupe du Brics se déclare "profondément inquiet face aux troubles au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et de l'Ouest".

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Photo de famille des 5 leaders du groupe Brics (Inde, Russie, Chine, Brésil et Afrique du Sud), le 14 avril 2011 à Sanya, dans le sud de la Chine

Seule l'Afrique du Sud avait approuvé la résolution de l'ONU ouvrant la voie aux frappes aériennes en Libye, les quatre autres pays -- notamment Chine et Russie, membres permanents du Conseil de sécurité -- s'étant abstenus, craignant des victimes civiles.

Leur présence simultanée cette année au sein du Conseil de sécurité de l'ONU offre aux pays du Brics l'occasion de travailler ensemble au dossier libyen, ont-ils souligné.

Les Cinq ont également appelé à "une réforme de fond" de l'ONU, notamment du Conseil de sécurité, "afin de la rendre plus efficace et représentative". Mais sans entrer dans les détails: la Chine ne soutient pas la demande du Brésil et de l'Inde d'un siège de membre permanent.

Sur le terrain économique, les Brics, tous membres du G20, se sont dits préoccupés devant la fragilité de la reprise actuelle.

"Nous notons que l'économie mondiale se remet peu à peu de la crise financière, mais est confrontée à des incertitudes", ont-ils déclaré, soutenant les efforts en vue d'une réforme du système monétaire international.

Le groupe a "appelé à plus d'attention face aux risques d'afflux massif de capitaux transfrontaliers auxquels sont en ce moment confrontés les économies émergentes".

Les rendements des placements sont plus élevés dans les économies émergentes que dans les pays développés, où les taux d'intérêt sont très bas. Les afflux massifs de capitaux engendrent une pression inflationniste et une appréciation de la monnaie dans les pays qui ont un taux de change flottant comme le Brésil.

Afin de réduire leur dépendance par rapport au dollar, les pays du Brics ont signé un accord de coopération financière prévoyant l'ouverture de lignes de crédit libellées dans leurs monnaies nationales, selon un communiqué de la banque de développement russe Vnesheconombank (VEB).

La question du faible niveau du yuan, que ses partenaires commerciaux reprochent à la Chine, ne figure pas dans la Déclaration de Sanya.

Le Brics s'est inquiété du risque que la volatilité des cours des matières premières fait courir à la reprise mondiale.

"Une volatilité excessive des prix des matières premières, particulièrement pour l'alimentation et l'énergie, présente de nouveaux risques pour la poursuite de la reprise de l'économie mondiale", d'après le communiqué.

Enfin, un mois après le début de la crise nucléaire de Fukushima, au Japon, les cinq pays indiquent que l"énergie nucléaire restera un élément important à l'avenir du mix énergétique du Brics", tout en insistant sur la "coopération internationale pour le développement d'une énergie nucléaire sûre".

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