24 avril, 2011

La Turquie va déboulonner une statue célébrant l'amitié avec l'Arménie

AFP/Archives

La statue célébrant l'amitié turco-arménienne à Kars, en Turquie, près de la frontière en avril 2009

La Turquie s'apprêtait dimanche à déboulonner un monument célébrant l'amitié avec l'Arménie près de la frontière entre les deux pays, après que le Premier ministre eut tourné en dérision la statue et demandé son enlèvement, selon la presse.

De l'autre côté de la frontière bouclée à la circulation, les Arméniens célébraient le 96e anniversaire des massacres de leurs ancêtres sous l'Empire ottoman, au coeur des dissensions bilatérales depuis des décennies.

Passant outre aux protestations généralisées, les autorités de la ville de Kars (est) ont chargé une entreprise de déboulonner la statue inachevée après que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan l'eut qualifiée de "monstruosité".

Un échaffaudage a été monté sur la structure de béton haute de 30 mètres tandis qu'une grue a été acheminée sur place dimanche, selon la presse.

"Aucune date n'a été fixée pour le début des travaux", a indiqué un responsable de l'entrepise à l'agence Anatolie.

Le Premier ministre avait déclenché un torrent de critiques lors d'une visite à Kars en janvier au cours de laquelle il avait fustigé "une monstruosité... une drôle de chose érigéé" à proximité de la tombe d'un érudit musulman.

Les critiques avaient vu notamment dans ses propos des accents islamiques orthodoxes: les statues considérées comme idolâtres sont souvent rejetées par l'islam.

Le sculpteur Mehmet Aksoy a averti que la démolition de son oeuvre rappellerait la destruction des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan par les talibans et gênerait la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'Union européenne.

Le monument, commandé en 2006, représente deux figures émergeant d'une forme humaine.

Les autorités font valoir que cette oeuvre devait être détruite parce qu'elle a été érigée dans une zone interdite à la construction afin de préserver la nature et les monuments historiques environnants.

En 2009, la Turquie et l'Arménie avaient signé des accords historiques pour mettre fin à des décennies d'hostilité, établir des relations diplomatiques et rouvrir leur frontière.

Mais ce processus s'est enlisé dans des accusations mutuelles et l'Arménie a gelé la ratification des accords l'an dernier.

Les Arméniens qualifient de génocide les massacres et déportations qui ont fait, selon eux, plus d'un million et demi de morts au sein de leur communauté.

De son côté, la Turquie reconnaît qu'entre 300.000 et 500.000 personnes ont péri dans le chaos des dernières années de l'Empire ottoman.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire