09 avril, 2011

Kenya: l'ONU refuse de suspendre le procès du vice-Premier ministre

NEW YORK (Nations unies) - Le Conseil de sécurité de l'ONU a rejeté vendredi la demande du Kenya de suspendre le procès de six hauts responsables kenyans devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité lors des violences post-électorales de 2007-2008.

Le Kenya conteste, dans une requête déposée le 31 mars, la compétence de la CPI pour poursuivre les responsables de ces violences, affirmant être en mesure d'engager lui-même des poursuites.

Le pays a mené une large campagne pour reporter d'un an ce procès, arguant qu'il allait occasionner de nouvelles perturbations politiques.

Parmi les six accusés figurent le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta et Francis Muthaura, le bras droit du président, tous deux poursuivis pour crimes contre l'humanité, une accusation que rejette M. Kenyatta.

"Après mûre réflexion, les membres du Conseil de sécurité ne se sont pas mis d'accord sur la question", a déclaré à la presse le président du Conseil de sécurité, Nestor Osorio, à la sortie d'une réunion organisée pour étudier la demande kenyane.

Selon des diplomates, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis - tous trois membres permanents - ont mis leur veto ainsi que d'autres pays occidentaux.

"Sans accord, cela signifie que l'incident est clos", a expliqué à l'AFP un diplomate sous couvert de l'anonymat.

Le traité de Rome, fondateur de la CPI, prévoit dans son article 16 la possibilité pour le Conseil de sécurité de reporter des procès dans un délai d'un an.

Le Soudan, qui conteste la légitimité de la CPI pour juger son président Omar el-Béchir, a entrepris la même démarche que le Kenya.

Selon l'accusation, quelque 1.200 personnes ont été tuées et plus de 300.000 déplacées lors des violences post-électorales au Kenya.

Deux groupes de trois personnes sont visés, correspondant aux deux camps qui se partagent le pouvoir au Kenya : le Mouvement démocratique orange (ODM) du Premier ministre Raila Odinga et le Parti de l'unité nationale (PNU) du président Mwai Kibaki.

Les six hommes sont soupçonnés notamment de meurtres, transfert forcé de population et persécutions durant les mois qui ont suivi la réélection contestée de l'actuel président face à Raila Odinga, actuel Premier ministre d'un gouvernement de coalition.

Jeudi, William Ruto, ancien ministre de l'Enseignement supérieur, Henry Kosgey, ancien ministre de l'Industrialisation, et Joshua Arap Sang, présentateur de radio, proches de M. Odinga, ont comparu pour la première fois à La Haye.

Vendredi c'était au tour de M. Kenyatta, le plus haut responsable kenyan visé par cette procédure, Francis Muthaura, ainsi que Mohammed Hussein Ali, chef de la police à l'époque des faits.

Une audience de confirmation des charges, préalable à la tenue d'un procès éventuel, aura lieu le 21 septembre.

(©AFP /

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