30 avril, 2011

Kadhafi dit qu'il ne partira pas, dix morts dans les combats à Misrata

AFP

Image d'une chaîne locale libyenne montrant Mouammar Kadhafi dans une allocution diffusée le 30 avril 2011

Le dirigeant libyen contesté Mouammar Kadhafi a répété samedi qu'il ne renoncerait pas au pouvoir et appelé Paris et Washington à négocier une sortie de crise, alors que 10 personnes ont péri dans les combats près de Misrata après des menaces contre le port de cette ville.

Entretemps, la rébellion a fait état d'une attaque des forces du régime contre une nouvelle localité du sud-est du pays faisant six morts, un insurgé parlant d'un possible "nouveau front" dans cette région désertique.

L'Otan, qui a pris fin mars le commandement des opérations militaires, "doit abandonner tout espoir d'un départ de Mouammar Kadhafi. Je ne quitterai pas mon pays et je m'y battrai jusqu'à la mort", a dit M. Kadhafi à la télévision, sa première apparition publique depuis le 9 avril.

Il s'est dit prêt "à négocier avec la France et les Etats-Unis mais sans condition", réaffirmant que son peuple l'aimait et qu'il était pour eux "sacré".

L'Alliance atlantique a rejeté cet appel, soulignant qu'il revenait avant tout à M. Kadhafi de cesser ses attaques contre des civils.

AFP

Des rebelles libyens montent la garde à l'entrée du port assiégé de Misrata le 30 avril 2011

"L'Otan poursuivra ses opérations jusqu'à ce que toutes les attaques et les menaces contre les civils aient cessé, jusqu'à ce que toutes les forces pro-Kadhafi, y compris les tireurs embusqués, mercenaires et forces paramilitaires, soient rentrées dans leurs bases", a dit un responsable.

Le Conseil national de transition, organe politique des rebelles libyens, a lui aussi rejeté toute négociation avec M. Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, affirmant que ce dernier n'avait plus aucun rôle à jouer dans l'avenir du pays.

Le départ du colonel libyen est aussi réclamé par les Etats-Unis et l'Union européenne. Paris et Washington, avec Londres, avaient lancé l'opération militaire en Libye le 19 mars, sous l'égide de l'ONU, pour faire cesser la répression sanglante de la rébellion par le régime lancée le 15 février.

Sur le terrain, deux explosions ont été entendues à l'aube dans le nord de Tripoli après des survols des avions de l'Otan, selon une correspondante de l'AFP.

Près de l'aéroport de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, les combats ont repris le matin de façon intense avec de fréquentes et violentes explosions et des rafales de mitrailleuses lourdes, selon des journalistes de l'AFP.

Comme vendredi, quelques chars des forces du régime tentaient d'avancer vers la ville en provenance de l'aéroport qu'elles contrôlent. L'aéroport est situé à 2 km au sud-ouest de la ville. Selon plusieurs sources, 10 personnes ont été tuées et 20 blessées, s'ajoutant aux 18 morts de la veille dans le secteur.

A Tripoli, le ministère de la Justice a appelé "tous les groupes armés à Misrata à déposer les armes en échange d'une amnistie" et a en outre déclaré que tout navire tentant d'entrer dans le port de Misrata, seule voix de ravitaillement pour les habitants, serait "frappé avec force".

L'Otan a signalé la présence de mines dans le port, et annoncé en avoir neutralisé plusieurs. En attendant, un navire humanitaire était bloqué dans le port, tandis que deux autres bateaux attendaient au large le feu vert de l'Otan pour accoster.

Selon le Croissant-Rouge, les violences à Misrata ont fait environ au moins 1.500 morts, habitants et rebelles, en deux mois.

Plus à l'ouest, les insurgés tenaient toujours le poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba. L'Otan a annoncé avoir détruit 13 dépôts de munitions et un véhicule de transport blindé dans cette zone de montagnes à majorité berbère et essentiellement ralliée à la rébellion.

La Croix rouge internationale a annoncé avoir raccompagné par avion dans leur famille à Tripoli cinq civils libyens qui avaient été faits prisonniers puis libérés par les rebelles à Benghazi, QG de la rébellion.

Dans le sud désertique, 70 véhicules pro-Kadhafi ont attaqué la localité oasis de Jalo (300 km au sud de Benghazi) tuant six civils, selon la rébellion. Ces soldats, probablement les mêmes que ceux ayant attaqué jeudi Al-Koufra, environ 300 km plus au sud, ont poursuivi leur route en direction d'Ajdabiya, à un peu plus de 150 km au nord, près de laquelle le front Est s'est stabilisé.

Face à cette situation, les chefs d'état-major des pays voisins -Mali, Mauritanie, Niger et Algérie- se sont rencontrés à Bamako pour renforcer leur lutte contre Al-Qaïda dans le Sahel. "Il y a un risque de déstabilisation de toute la région", a déclaré un officier malien.

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