02 avril, 2011

Espagne: malmené par la crise, Zapatero renonce à se présenter aux élections de 2012

MADRID (AFP)

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Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, le 25 mars 2011 à Bruxelles

Malmené par la crise économique et les mesures d'austérité qui ont fait plonger sa popularité, le chef du gouvernement espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero a annoncé samedi qu'il renonçait à se présenter aux élections législatives de 2012.

Cette annonce ouvre la page de la succession à la tête du Parti socialiste, en pleine déroute à un an des élections, avec en tête le nom du ministre de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba, 59 ans, pilier du gouvernement, suivi par celui de la jeune ministre de la Défense Carme Chacon.

"Je ne serai pas candidat aux prochaines élections générales", a déclaré M. Zapatero, au pouvoir depuis 2004, devant l'assemblée générale du PSOE à Madrid. "Merci pour votre respect et votre affection".

"Deux mandats c'est assez", a-t-il dit, ajoutant que cette décision lui semblait "la plus opportune".

Mais pour certains de ses proches, José Luis Rodriguez Zapatero aura bel et bien fait le choix du "sacrifice politique", celui de mener à bien les lourdes réformes économiques imposées par la crise, quitte à s'attirer des records d'impopularité.

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Des manifestants anti-gouvernementaux manifestent devant le siège du PSOE à Madrid, le 2 avril 2011

Ces réformes seront menées "coûte que coûte", assurait-il en 2010, confronté à la première grève générale de ses années de pouvoir.

Baisse du salaire des fonctionnaires, réforme du marché du travail, réforme des retraites, depuis le début 2010 les mesures d'austérité se sont succédé, faisant plonger les socialistes dans les sondages.

Malgré ces mesures, l'économie espagnole peine à se redresser, avec un recul du Produit intérieur brut de 0,1% en 2010. Et surtout, le taux de chômage en Espagne dépasse toujours les 20%, un record dans les pays industrialisés.

Selon un sondage publié à la mi-mars, l'écart s'est encore creusé avec une avance de 16,5 points pour l'opposition conservatrice dirigée par Mariano Rajoy.

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Manifestation devant le Parti socialiste espagnol à Madrid, le 2 avril 2011

Zapatero "n'a pas pu supporter plus longtemps la pression du parti pour qu'il annonce une fois pour toutes" sa décision, remarquait samedi Edurne Uriarte, professeur de Sciences politiques à Madrid.

José Luis Rodriguez Zapatero, ancien avocat âgé de 50 ans, a répété que son gouvernement, "loin de céder au découragement", avait "un programme d'action très clair" pour lutter contre la crise jusqu'à la fin de son mandat.

Mais dans la rue, des manifestants rassemblés à l'appel d'une organisation de citoyens criaient "Zapatero démission".

Le Parti Populaire, principal parti d'opposition, a lui demandé des élections "d'urgence".

Dans un contexte économique toujours morose, les socialistes eux-mêmes ne cachent pas leur pessimisme à un an des législatives, et à l'approche des élections régionales du 22 mai.

Le processus des primaires socialistes doit s'ouvrir le 28 mai afin de désigner un chef de file pour les législatives.

Pour les socialistes qui jouent désormais quitte ou double, la question est de savoir quel candidat sera le plus à même de les aider à remonter la pente, et si cela est encore possible.

Au fil des mois, Alfredo Perez Rubalcaba s'est imposé comme le principal favori, malgré de récents problèmes de santé. Carme Chacon, 40 ans tout juste, est elle aussi l'une des figures du gouvernement, mais encore trop jeune selon certains.

"Rubalcaba fait campagne depuis des mois pour s'imposer comme successeur, mais une bonne partie du PSOE ne veut pas de lui", relevait Edurne Uriarte.

"Il y a deux candidats forts, Rubalcaba bénéficiant d'un certain avantage", remarquait Fermin Bouza, sociologue et professeur à l'université Complutense de Madrid, évoquant un possible "pacte pour que Rubalcaba se présente en 2012, puis Carme Chacon en 2016".

"Là où Rajoy avait le plus de chances de gagner, c'était contre Zapatero", souligne cet universitaire pour qui avec Rubalcaba, "un changement de favori dans les sondages devient probable".

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