05 avril, 2011

COTE D’IVOIRE : Les dernières heures d’un anti-démocrate

La guerre en Côte d’Ivoire connaît un tournant. En décidant enfin d’appliquer la Résolution 1975 du Conseil de sécurité, l’ONUCI et la France entrent de plain-pied dans la guerre de restauration du droit en Côte d’Ivoire. Le conflit a complètement changé de visage. Laurent Gbagbo n’affronte plus seulement les forces pro-Ouattara. Il doit aussi se défendre contre l’ONUCI et la Licorne qu’il ne cessait de provoquer et de harceler. Une mission quasi impossible pour le président sortant qui vit ses dernières heures de chef d’Etat.

Lui qui a osé opérer un coup d’Etat électoral au nez et à la barbe de la communauté internationale qui a parrainé le scrutin de bout en bout. Les Forces armées républicaines de Côte d’Ivoire, en tout cas, qui sont reparties à l’assaut des troupes de Laurent Gbagbo ce lundi, ont tiré leçon de leur offensive-éclair de la semaine dernière. Au cours de cette offensive, elles se sont heurtées à une farouche résistance du dernier carré du président Gbagbo.

Le président sortant, qui a signé un pacte avec la mort, a décidé de ne pas céder d’un iota le pouvoir dont le monde entier lui conteste la légitimité parce que démocratiquement battu lors du scrutin de novembre 2010. Advienne donc que pourra, Laurent Gbagbo s’est préparé psychologiquement à mourir au pouvoir. Une stratégie du pire qui ne tient plus compte des millions d’Ivoiriens qui, pendant dix ans, ont attendu les élections de novembre 2010 comme une libération, la fin de leur calvaire. Les politiciens du clan Gbagbo en ont décidé autrement et, si dès le début de cette bataille d’Abidjan, Laurent Gbagbo peut être considéré comme "un cabri mort", il en va autrement pour Alassane Dramane Ouattara.

Ce dernier, depuis que la chienlit s’est installée entre les deux camps, joue sa crédibilité, son autorité et son avenir politique. Alassane Dramane Ouattara, à son corps défendant, a été contraint par son adversaire à récupérer le pouvoir par la force. La communauté internationale qui a pourtant reconnu sa victoire n’avait pas voulu aller plus loin dans son soutien. L’entêtement du président sortant l’a finalement fait sortir de sa réserve. La bataille d’Abidjan sera la mère des batailles pour les forces républicaines, elles qui avaient promis de ne pas verser le sang de leurs frères d’armes. Mais avaient-elles vraiment le choix face à un président qui faisait tout pour les entraîner sur le terrain de la violence ? Les organisations africaines, en particulier l’UA (Union africaine), n’ont pas encore levé le petit doigt.

Une fois de plus, ce sont les Occidentaux qui feront la décision dans cette crise. En 2002, ce sont les Français qui ont sauvé Laurent Gbabgo. Presque dix ans après, ce sont encore eux qui l’aideront à partir malgré lui. L’UA doit apprendre à agir, car c’est la seule façon d’apprendre à ne pas se tromper. Son attitude dans la gestion de cette crise l’a confinée à l’inaction, à la non-assistance à peuple en danger. On s’en souviendra longtemps. Aussi bien sur le dossier ivoirien que sur le dossier lybien, l’organisation panafricaine aura perdu toute crédibilité. Tout comme la CEDEAO qui n’est pas allée au-delà de ses bonnes intentions. Laurent Gbagbo paye le prix de son entêtement qui, malheureusement, aura coûté trop cher à la Côte d’Ivoire en termes de vies humaines et de retard économique notamment.

"Le Pays"

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