12 avril, 2011

Algérie: les étudiants manifestent contre la dévalorisation des diplômes

ALGER (AFP)

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Des étudiants manifestent à Alger, le 11 avril 2011

Des étudiants algériens sont descendus mardi une nouvelle fois dans la rue pour protester contre la "dévalorisation" des diplômes de l'enseignement supérieur et le "malaise l'université" où les grèves se sont multipliées depuis le mois de février.

Alors que les marches sont interdites à Alger, les manifestants, qui étaient plusieurs milliers, ont forcé un impressionnant dispositif policier déployé dès les premières heures de la matinée en plein centre de la capitale, selon un journaliste de l'AFP.

Les manifestants, venus de plusieurs wilayas (départements) et rassemblés sur la Place de la Grande Poste, ont pu défiler dans les principales artères algéroises.

Empêchés de se rendre vers le Palais du gouvernement ils ont tenté de rejoindre la présidence de la République. Arès avoir parcouru près de quatre km, ils ont été bloqués à quelques centaines de mètres de leur objectif.

Après un face à face tendu, les policiers ont chargé à coups de matraque. Les étudiants, certains le visage en sang, ont alors reflué et sont retournés au centre-ville d'où les policiers se sont retirés, les laissant manifester dans une ambiance festive.

"Nous restons des révolutionnaires (en arabe)", ou encore "y'en a marre de ce pouvoir (en français)", criaient notamment les manifestants mélangeant slogans à contenu politique et d'autres relatifs à l'enseignement supérieur.

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Des membres des forces de sécurité observent les manfestants, le 11 avril 2011 à Alger

Adaptant un célèbre discours du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi jurant de purger la Libye "ruelle par ruelle et maison par maison, ils chantaient aussi "zenga, zenga, dar dar, houkouma tachâal ennar" (le gouvernement met le feu dans toutes les ruelles et dans toutes les maisons).

Sofiane Khelladi, président de l'Union générale des étudiants algériens (UGEA) parie que "la situation va s'aggraver dans les prochaines semaines" et juge que "le silence du gouvernement inquiétant".

"Nous étudions dans des locaux délabrés", dénonce Massi Benbrahim, élève ingénieur en 5e année à l'Institut de la métallurgie et de la sécurité industrielle à Oran (nord-ouest). L'université refuse de délivrer aux étudiants les conventions de stage alors qu'ils doivent en effectuer trois à partir de la troisième année, dénonce-t-il.

Elève ingénieur comme lui, mais en informatique et à l'université de Tizi-ouzou (100 km à l'est d'Alger), son camarade Hicham qui n'a dévoilé que son prénom, s'inquiète pour son avenir professionnel.

"Sans réseau et sans connaissance haut placée, le diplôme ne garantit pas le travail", observe-t-il confirmant que les universitaires sont frappés de plein fouet par le chômage dans un pays où la fonction publique et les entreprises d'Etat restent le plus gros employeur.

Les rares sociétés étrangères installées en Algérie se plaignent souvent du manque de qualification des diplômés du pays qui compte 1,2 million d'inscrits à l'université.

A la fin de leur cursus, des jeunes Algériens tentent leur chance ailleurs, notamment en France où ils forment l'une des principales communautés d'étudiants étrangers en France avec les Marocains et les Chinois.

Pour arrimer l'université algérienne à l'Europe, les autorités ont mis en place depuis cinq ans le LMD (licence-master-doctorat), le processus européen de Bologne décidé en 1999 pour harmoniser les cursus entre les pays membres de l'Union européenne.

Mais l'Algérie n'a pas adapté ses programmes à ceux de l'Europe pour que ses diplômes puissent reconnus ici et n'a pas mis en place les passerelles avec le système classique.

La création de grandes écoles calquées sur le système français pour former l'élite du pays n'a pas eu plus de succès. Les étudiants veulent des diplômes mieux valorisés que bac + 5.

Depuis des semaines, toutes les catégories manifestent.

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