11 mars, 2011

Séisme et tsunami dans le nord-est du Japon, des centaines de morts

TOKYO (AFP)

AFP/JIJI PRESS

Des bateaux et véhicules, après le tsunami, au nord du Japon, le 11 mars 2011.

Un séisme de magnitude 8,9, le plus fort jamais enregistré au Japon, a frappé vendredi le nord-est du pays, déclenchant un tsunami de plusieurs mètres de haut sur les côtes Pacifique et faisant des centaines de morts et de nombreux disparus.

A la suite de ce séisme, la plupart des Etats riverains du Pacifique, de l'Océanie à l'Amérique latine, ont émis des avis d'alerte au tsunami, mais aucun dégât important n'a jusqu'à présent été signalé en dehors de l'archipel nippon.

Les zones côtières ont été évacuées aux Mariannes comme à Guam et à Hawaï. La Colombie a constaté une hausse de cinquante centimètres du niveau de la mer. L'Equateur, où l'état d'exception a été décrété, a ordonné l'évacuation des régions menacées.

Au Japon, des vagues de dix mètres de hauteur se sont abattues sur les côtes de la préfecture de Sendai et d'autres de sept mètres dans la préfecture voisine de Fukushima, ont rapporté les médias.

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Des véhicules endommagés après le tremblement de terre, tombent, le 11 mars 2011 à Yabuki.

Le premier bilan officiel de la Police nationale recensait au moins quarante morts et 39 disparus, ainsi que 244 personnes blessées. Mais les chiffres ont rapidement commencé à monter.

Sept heures après le séisme, la chaîne de télévision publique NHK a annoncé que plus de 90 morts avaient été recensés.

Peu après, l'agence de presse Jiji a rapporté que 200 à 300 corps avaient été découverts sur une plage de Sendai, dans la préfecture de Miyagi, dans le nord-est.

Dans la même préfecture, un bateau avec une centaine de personnes à son bord a été emporté, et on ignorait le sort des passagers, selon les médias.

Un train de passagers, avec un nombre inconnu de personnes à bord, était aussi porté disparu dans la préfecture de Miyagi après l'arrivée d'une vague de dix mètres, selon l'agence de presse Kyodo, citant la police.

Les dévastations "sont si énormes qu'il nous faut plus de temps pour regrouper les éléments épars", a indiqué un responsable.

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Formation d'un tsunami

Le gouvernement a déclaré s'attendre à "des dégâts considérables". Il a immédiatement dépêché des navires et des soldats pour participer aux secours, ainsi que des avions pour observer la situation sur place.

Le gouverneur de la préfecture voisine de Fukushima a ordonné dans la soirée l'évacuation de quelque 2.000 personnes habitant dans un rayon de 2 km autour de la centrale nucléaire Fukushima No 1.

Le ministère de l'Industrie a affirmé que les 11 réacteurs nucléaires de la région s'étaient automatiquement arrêtés.

Un départ de feu a été signalé dans un bâtiment abritant une turbine dans la centrale nucléaire d'Onagawa située dans la préfecture de Miyagi. Toutefois, aucune fuite radioactive ni dans cette installation, ni dans les autres sites nucléaires des préfectures touchées, n'a été détectée, selon les autorités.

Les télévisions nippones diffusaient en direct des images de maisons inondées, de bateaux ayant chaviré et de voitures submergées par les eaux. Une vague de boue et de débris a déferlé à grande vitesse à travers les champs et les routes, dévastant tout sur son passage. A certains endroits, l'eau a pénétré jusqu'à cinq kilomètres à l'intérieur des terres.

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Ambulances et personnes rassemblées dans une rue de Tokyo, après le violent séisme qui a touché le nord-est du pays, le 11 mars 2011

La secousse, de magnitude 8,9 selon l'Institut de géophysique américain (USGS) qui l'avait auparavant évaluée à 7,9, puis à 8,8, s'est produite à 14h46 (05h46 GMT) à 24,4 km de profondeur et à une centaine de kilomètres au large de la préfecture de Miyagi.

Selon l'Agence météorologique nippone, il s'agit du plus fort séisme jamais enregistré au Japon.

"Nous avons été secoués si violemment qu'il fallait s'accrocher pour ne pas tomber", a témoigné une responsable de la municipalité de Kurihara, la plus durement touchée dans cette préfecture.

"Nous ne pouvions pas nous échapper de l'immeuble parce que les secousses n'arrêtaient pas de se succéder", a-t-elle dit à l'AFP au téléphone.

A Tokyo, à environ 380 km de l'épicentre, les gratte-ciel, construits sur des structures parasismiques spéciales, ont tangué pendant de longues minutes après le séisme.

Un toit s'est effondré sur un bâtiment du centre de Tokyo où 600 étudiants participaient à une cérémonie de remise de diplômes, faisant de nombreux blessés, selon les pompiers et les médias.

Dans les bureaux et les habitations, des objets ont chuté des étagères, les ascenseurs ont été automatiquement arrêtés, tandis que des millions de personnes se précipitaient dans les rues.

Une dizaine d'incendies ont été signalés dans la capitale, et il y a plusieurs blessés, selon les médias.

Dans la région de Tokyo, une raffinerie de pétrole était en feu à Iichihara et des flammes s'élevaient à plusieurs dizaines de mètres de hauteur.

L'aéroport international de Narita, situé à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tokyo, a suspendu le trafic pendant plusieurs heures, mais a annoncé dans la soirée que les opérations reprenaient progressivement.

Les transports ferroviaires et routiers ont également été interrompus dans une grande partie de l'archipel, en particulier dans Tokyo et sa région, bloquant des millions de personnes qui ont pris d'assaut les hôtels de la ville ou bien tentaient de regagner leur domicile à pied.

Les trains express Shinkansen ont été stoppés dans tout le nord-est et les autoroutes de la région de Tokyo fermées quelques minutes après le tremblement de terre.

A Tokyo, quatre millions de foyers étaient privés d'électricité.

"J'étais au bureau, au dixième étage de mon immeuble. Les murs ont commencé à trembler, puis tous les meubles. Je n'ai jamais connu ça ici, j'ai eu peur !", a expliqué Saki Horikane, une employée de bureau du quartier de Ginza, dans la capitale, descendue avec ses collègues quelques minutes après la secousse.

Plusieurs fortes répliques de magnitude supérieure à 6, voire 7, se sont ensuite produites et ont été ressenties jusque dans la capitale.

Le Japon, situé au confluent de quatre plaques tectoniques, subit chaque année environ 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre.

En 1923, la ville de Tokyo avait été dévastée par un séisme majeur, qui avait fait 140.000 morts.

Plus récemment, en 1995, le séisme de Kobe (ouest) avait fait plus de 6.400 morts.

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