03 mars, 2011

Libye: l'opposition bombardée dans l'est, trois soldats néerlandais capturés

BREGA (Libye) (AFP)

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Un portrait de Kadhafi brûlé par les manifestants le 2 mars 2011 à Benghazi

Les rebelles libyens tentaient jeudi dans l'Est de repousser de nouvelles attaques de l'armée du colonel Mouammar Kadhafi, qui a promis un bain de sang en cas d'intervention des Occidentaux alors que les Pays-Bas révélaient la capture de trois de leurs soldats.

Au lendemain d'une contre-offensive des troupes libyennes, appuyées par l'aviation et l'artillerie lourde, à Brega, le poste le plus avancé de l'opposition à l'ouest de Benghazi, les rebelles ont essuyé une nouvelle frappe aérienne pour la deuxième journée consécutive. Celle-ci n'a pas fait de victimes, selon une source hospitalière.

Quelques heures plus tôt, des insurgés avaient quitté Ajdabiya, à 70 km de là, pour venir prêter main forte à leurs compagnons d'armes à Brega.

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L'insurrection contre le régime libyen, situation au 2 mars 2011

"Les forces de Kadhafi préparent une nouvelle attaque aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Mahmoud al-Fakhri, un insurgé, qui a quitté Ajdabiya, avec un groupe d'hommes. Brega a été le théâtre mercredi de combats violents et a été bombardée à plusieurs reprises jusque tard dans la soirée. Au moins douze personnes ont péri dans ces affrontements, selon une source médicale. Mais dans la soirée, l'opposition affirmait contrôler la ville.

Face à cela, l'opposition à Benghazi, centre névralgique de la révolte, situé à 1.000 km à l'est de Tripoli, a réclamé des frappes aériennes de l'ONU contre les mercenaires employés par le régime.

A Tripoli, le "guide de la révolution libyenne" est apparu mercredi devant une foule de partisans lors d'une cérémonie marquant le 34e anniversaire de l'établissement du "pouvoir des masses" en Libye. "Des milliers de Libyens mourront en cas d'intervention de l'Amérique ou de l'Otan", a-t-il prévenu.

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Mouammar Kadhafi le 2 mars 2011 à Tripoli

En outre, "nous ne pouvons pas permettre aux Américains ou à l'Occident d'intervenir en Libye. S'ils le font, ils doivent savoir qu'ils se jettent dans un enfer et une mer de sang pire que l'Irak ou l'Afghanistan (...). Nous distribuerons les armes par millions et ce sera un nouveau Vietnam", a-t-il martelé.

Assurant qu'il ne quitterait jamais le pays et qu'il ne pouvait abandonner le pouvoir, il a de nouveau accusé Al-Qaïda d'être à l'origine de l'insurrection et promis l'amnistie à ceux qui rendraient les armes, tout en assurant qu'il n'y avait "pas de manifestations en Libye".

Il a également affirmé que la production pétrolière de son pays, qui détient les plus importantes réserves d'Afrique, était "au plus bas", et menacé de remplacer les entreprises occidentales par des sociétés de Chine et d'Inde. La communauté internationale, soucieuse d'aider l'opposition mais consciente des conséquences néfastes d'une trop grande implication, a une marge de manoeuvre limitée.

Jeudi, les Pays Bas ont révélé que trois de leurs soldats avaient été faits prisonniers dimanche par des hommes du colonel Kadhafi lors d'une opération d'évacuation de civils à Syrte, ville natale et fief du leader libyen. Selon le quotidien populaire De Telegraaf, ils ont été capturés alors qu'ils participaient à l'évacuation de deux civils, un Néerlandais et un autre Européen, menée en hélicoptère.

Selon la Ligue libyenne des droits de l'Homme, la répression a fait 6.000 morts, dont 3.000 à Tripoli et 2.000 à Benghazi - un bilan nettement plus important, dans cette dernière ville, que les 220 à 250 morts avancés par des sources hospitalières locales et le CICR.

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Des milliers de réfugiés se pressent le 2 mars 2011à Ras Jedir à la frontière entre la Libye et la Tunisie

Sur le plan humanitaire, la situation a atteint un niveau de "crise" à la frontière entre la Libye et la Tunisie. Une foule s'étendait "sur des kilomètres et des kilomètres" pour quitter la Libye, selon le HCR.

Les organisations humanitaires et la communauté internationale ont engagé une course contre la montre et le chaos. La France et le Royaume-Uni ont annoncé l'envoi de plusieurs avions et d'un navire pour évacuer des milliers de personnes vers l'Egypte.

Deux navires de guerre américains, dont le porte-hélicoptères USS Kearsarge, ont rejoint la Méditerranée pour se positionner au large de la Libye. Ce porte-hélicoptères peut assurer un soutien soit à des opérations humanitaires soit militaires.

Une frégate britannique, le HMS Westminster, a quitté Gibraltar pour la Libye, avec à bord, en plus des hélicoptères et lance-missiles habituels, du matériel médical et des couvertures.

L'option d'une intervention militaire en Libye suscitait cependant de profondes divisions au sein de l'Otan, en raison des craintes de réaction dans le monde arabe, des réticences à voir l'alliance élargir son champ d'influence et de la complexité de l'opération. L'idée d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye "circule" au Conseil de sécurité mais aucune demande officielle pour un débat à ce sujet n'a été faite, selon l'ambassadeur chinois à l'ONU, président en exercice du Conseil.

De son côté, le président vénézuélien Hugo Chavez s'est entretenu avec Mouammar Kadhafi d'une proposition d'envoi d'une mission internationale de paix pour régler le conflit, a annoncé Caracas mercredi.

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