10 mars, 2011

Libye: les pro-Kadhafi gagnent du terrain, l'Otan se dit prête à agir

RAS LANOUF (Libye) (AFP)

AFP

Des éclats volent dans les airs alors qu'une roquette explose près d'insurgés libyens à Ras Lanouf, le 10 mars 2011

Les forces loyales à Mouammar Khadafi ont pilonné jeudi la ville pétrolière de Ras Lanouf, faisant au moins quatre morts, gagnant du terrain dans leur progression vers l'Est tenu par les rebelles, l'Otan se disant prête à agir si elle en reçoit le mandat.

Face à l'escalade, le chef du Conseil national libyen, Moustafa Abdeljalil, dont la capture a été mise à prix par le régime, a lancé un appel à l'aide internationale, affirmant que sans celle-ci "Kadhafi anéantira" le pays, et réclamant une zone d'exclusion aérienne pour empêcher les raids.

Dans l'après-midi, les insurgés fuyaient Ras Lanouf, base la plus avancée des insurgés dans l'Est, située à 650 km de la capitale Tripoli, sous une pluie de roquettes et d'obus. Au moins quatre personnes y ont été tuées et 35 blessées, selon une source hospitalière.

Devant la situation dans le pays, touché depuis le 15 février par une révolte populaire contre le régime autoritaire de Mouammar Khadafi qui se mue en guerre civile, l'Otan a indiqué se tenir prête à agir si elle en reçoit le mandat.

"Si le besoin en est démontré, si le mandat juridique est clair et le soutien régional ferme, nous nous tenons prêts à apporter notre aide", a indiqué le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen.

AFP

Des tanks des forces pro-Kadhafi avancent vers les positions des insurgés à Ras Lanouf, le 10 mars 2011

Paris a de son côté annoncé reconnaître le Conseil national de transition (CNT), mis en place par les représentants de l'insurrection et basé à Benghazi (Est), comme le seul "représentant légitime du peuple libyen".

Pour Londres, le CNT est un "interlocuteur valable".

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a annoncé de son côté qu'elle allait rencontrer l'opposition libyenne lors de son voyage en Egypte et en Tunisie la semaine prochaine.

Par ailleurs, selon une source proche du dossier, le président français Nicolas Sarkozy va proposer à ses partenaires de l'Union européenne des "frappes aériennes ciblées" en Libye mais l'Elysée n'a pas confirmé.

A Ras Lanouf, aux mains des insurgés depuis vendredi, les bombardements ont visé progressivement des positions à l'ouest de la ville, puis ses environs, avant de viser le centre et l'est de la ville.

AFP

De la fumée monte de Sidra, à 10 km de Ras Lanouf, le 10 mars 2011

Au moins quatre roquettes se sont abattues près d'une mosquée et de l'hôpital évacué par les médecins et leurs patients à pied ou dans des ambulances.

Entassés dans des dizaines de véhicules, des rebelles exténués ont pris la fuite.

"Nous sommes vaincus. Ils bombardent à coups d'obus et nous fuyons. Cela signifie qu'ils sont en train de reprendre Ras Lanouf", a reconnu un combattant insurgé en treillis.

Cette attaque massive est intervenue au lendemain du premier raid aérien mené par les forces de Mouammar Kadhafi contre une raffinerie de pétrole à Sidra.

A 40 km à l'ouest de Tripoli, Zawiyah était sous contrôle des pro-Kadhafi, après de violents combats, selon des témoins. Cette ville, qui abrite la principale raffinerie de pétrole alimentant la capitale et l'ouest du pays, était jusque-là le bastion des insurgés le plus proche de Tripoli.

AFP

Carte de localisation des combats entre pro et anti-Kadhafi

En revanche, les rebelles continuaient de contrôler la ville de Misrata à 150 km à l'est de Tripoli.

Plusieurs villes du nord-ouest notamment dans la région du Jabal Al-Gharbi, une zone montagneuse, dont la plupart des habitants sont d'origine berbère, sont également contrôlées par la rébellion, selon des habitants.

Pour le président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberger de Genève, il faut se "préparer au pire" en Libye et "à une intensification des combats", alors que les violents combats ont fait des centaines de morts et poussé à la fuite près de 200.000 personnes.

Saluant la décision de la France qui est devenu le premier pays à le reconnaître comme seule autorité légitime en Libye, le CNT a invité les autres pays de l'UE à suivre l'exemple de Paris.

"C'est le premier clou dans le cercueil de Kadhafi. On attend que toute l'Europe la suive", a dit un porte-parole de l'opposition Moustapha Gheriani. Cette décision de Paris a en revanche suscité des réactions "réservées voire négatives" de la part de nombreux ministres des Affaires étrangères réunis à Bruxelles pour discuter de la Libye, a indiqué le ministre belge Steven Vanackere à l'issue de la réunion.

Le régime libyen a indiqué pour sa part qu'il envisageait de rompre ses relations avec la France.

A Tripoli, de sanctions renforcées jeudi de l'UE (qui concernent notamment cinq entités financières dont la banque centrale et un fonds souverain) et d'une enquête pour crimes contre l'humanité qui le visent, le dirigeant Mouammar Kadhafi est resté imperturbable.

Le New York Times a affirmé que Mouammar Kadhafi dispose de "dizaines de milliards" de dollars en liquide cachés à Tripoli, ce qui lui permet de combattre l'insurrection en dépit du gel international des avoirs libyens.

Après avoir juré de réprimer dans le sang la rébellion qui veut son départ après plus de 40 ans de règne sans partage, il a réaffirmé mercredi qu'il ne quitterait pas le pouvoir, accusant l'Occident de vouloir mettre la main sur les richesses pétrolières libyennes et Al-Qaïda de soutenir les rebelles.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire