18 mars, 2011

Libye: des frappes internationales "rapidement", Tripoli n'a "pas peur"

BENGHAZI (Libye) (AFP)

AFP/AL-ARABIYA

Capture d'image d'une interview du colonel Kadhafi par la chaîne Al-Arabiya, le 17 mars 2011

La France a annoncé vendredi que les "frappes militaires contre Kadhafi auront lieu rapidement", le fils du dirigeant libyen assurant que la Libye n'avait "pas peur" après le vote par l'ONU dans la nuit d'une résolution ouvrant la voie à un recours à la force.

Les forces loyalistes pilonnaient vendredi Misrata (200 km à l'est de Tripoli) contrôlée par la rébellion, après une nuit de tirs à l'arme lourde, selon un porte-parole des insurgés.

Benghazi, fief rebelle à l'Est, était calme, après une nuit de festivités qu'aucune intervention militaire n'a marquée, selon les journalistes de l'AFP sur place. Des propos menaçants du colonel Kadhafi avaient pourtant laissé craindre une attaque imminente.

Les frappes militaires contre la Libye après la résolution de l'ONU interviendront "rapidement", "dans quelques heures", a assuré vendredi le porte-parole du gouvernement français, disant ne pas vouloir préciser pour l'instant exactement "quand, comment, sur quelles cibles, sous quelles formes".

AFP

Alain Juppé lors du vote du Conseil de sécurité des Nations unies pour une intervention en Libye, le 17 mars 2011 à New York

Jeudi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté en faveur d'un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes après plus d'un mois d'une insurrection réprimée dans le sang.

La résolution autorise "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne. Elle prévoit aussi une zone d'exclusion aérienne mais précise qu'il n'est pas question d'occupation militaire.

"Nous sommes dans notre pays et avec notre peuple. Et nous n'avons pas peur," a réagi l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seif al-Islam.

"Vous n'allez pas aider le peuple si vous allez bombarder la Libye pour tuer des Libyens", a-t-il dit depuis Tripoli à l'émission de télévision américaine ABC News Nightline.

AFP

Un insurgé libyen charge des armes à Benghazi, le 17 mars 2011

Le vice-ministre des Affaires étrangères libyen Khaled Kaaim avait auparavant indiqué que Tripoli était prêt à un cessez-le-feu sous condition tout en estimant que la décision de l'ONU menaçait son unité.

A Benghazi, l'annonce de la décision de l'ONU a été accueillie par une explosion de joie.

"Nous n'avons plus peur, nous avons eu assez peur pendant 42 ans. (...) Je n'ai plus peur de l'aviation et de l'artillerie de Kadhafi qui a tué tellement de bons Libyens", a expliqué Saad, un ingénieur de 47 ans, dans le vacarme de tirs de joie, de feux d'artifices et de coups de klaxons.

Sur la scène diplomatique, le ton est plus sceptique.

La Chine, qui comme la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde s'est abstenue lors du vote jeudi, s'est dite "opposée à l'usage de la force militaire dans les relations internationales".

L'Allemagne a mis en garde contre des "risques et des dangers considérables" en cas d'intervention.

AFP

Les forces pro-Kadhafi aux portes de Benghazi

En revanche, la France et la Norvège participeront à une intervention militaire, et l'Australie en étudie la possibilité. Le Danemark va demander un feu vert au Parlement à l'envoi de F-16 et Varsovie a proposé une aide logistique, excluant toutefois sa participation militaire. Le Canada va de son côté fournir six avions de chasse CF-18 pour la mise en oeuvre de la résolution, selon des médias canadiens. Le Qatar participera à une zone d'exclusion aérienne.

Sur le terrain, les combats se poursuivaient vendredi.

A Misrata, "des dizaines de bombes de toutes sortes" s'abattaient depuis jeudi soir, selon un porte-parole de la rébellion.

La télévision libyenne avait affirmé jeudi que les forces gouvernementales s'étaient emparées de cette ville, la troisième du pays, théâtre de violents combats meurtriers mercredi, mais un porte-parole de l'opposition a démenti.

Peu avant le vote à l'ONU, le leader libyen avait annoncé que les forces gouvernementales allaient attaquer Benghazi dans la soirée de jeudi.

Un porte-parole du ministère libyen de la Défense cité par l'agence officielle Jana avait auparavant indiqué que toute opération militaire étrangère allait "exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger".

"Tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne", a-t-il ajouté.

Mais plus tard dans la nuit, CNN a affirmé avoir reçu un appel de Seif Al-Islam, selon qui le colonel aurait changé de tactique pour des raisons humanitaires et ne prévoyait plus d'entrer dans Benghazi dans l'immédiat mais de prendre position autour.

Le président américain Barack Obama a lui appelé jeudi soir le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron pour coordonner une stratégie sur la Libye après la résolution.

L'Union européenne a salué la décision de l'ONU et s'est dite prête à la "mettre en oeuvre", dans la limite de ses compétences, et l'Otan va débattre de son rôle dans les opérations en Libye.

Sur le terrain, les forces loyales au colonel Kadhafi ont poursuivi ces derniers jours leur reconquête de l'Est, à coups de raids aériens et terrestres. Elles ont tenté jeudi de bombarder des positions de la rébellion à Benghazi.

Selon la télévision d'Etat, Zuwaytinah (150 km au sud de Benghazi) est "contrôlée par les forces armées".

Mercredi, les troupes du régime avaient affirmé avoir repris Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de Benghazi.

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