11 mars, 2011

Burkina Faso | RUPTURE DE BOISSON A OUAGA : Les grossistes débarquent à la SODIBO

(Le Pays) - Les grossistes du secteur de la boisson de Ouagadougou ne sont pas contents. Ils l’ont fait savoir le mercredi 9 mars 2011 aux premiers responsables de la Société de distribution de boisson au Burkina Faso, la SODIBO. Ils sont venus nombreux crier leur ras-le-bol devant la délégation de la direction générale qui les a reçus dans un climat de dialogue et d’échanges. Mais, ils n’ont pas caché leur colère.« Les emballages sont disponibles ». C’est la phrase la plus entendue le 9 mars 2011 à la SODIBO dans la matinée. La raison, de nombreux distributeurs de boisson ont débarqué à la direction générale pour montrer leur mécontentement quant aux mesures mises en place dans la gestion et le fonctionnement de la chaîne de distribution de boissons de la SODIBO. Selon les responsables des grossistes distributeurs de boisson, « il n’y a plus rien dans nos caves ».

Les caves sont vides

« Nous manquons actuellement de quoi vendre. Alors, nous sommes venus savoir ce qui se passe. » On constate ces derniers temps à Ouagadougou, un manque de boisson dans les buvettes, maquis et autres lieux de vente de boisson. Explication donnée par certains détenteurs de débits de boisson, la célébration de la Journée internationale de la femme. « Faux », répondent les cavistes. Quelles sont donc les raisons de la grogne des cavistes ? Le problème ne date pas de maintenant, à en croire Ahmed Saïd Ouédraogo, 2e SG adjoint du Syndicat national des grossistes de boisson (SYNAGROB). « Depuis 2008, nous constatons des ruptures permanentes de boisson. Mais ces jours-ci, le problème a pris de l’ampleur. Nous sommes venus à l’usine pour savoir ce qui se passe réellement. C’est là que le directeur général nous a fait savoir que c’est un problème d’emballage. » La SODIBO manque d’emballage, de bouteilles vides.

C’est ce que l’on sera tenté de dire. Un tour à l’intérieur de l’usine : des stocks d’emballage entassés ; à l’entrée de l’usine, des dizaines de camions chargés ou vides sont garés attendant de vider leurs emballages et éventuellement les remplir, ils ne savent quand. « Supposons qu’il y ait un problème d’emballages. Qu’on nous remplisse les emballages vides que nous avons amenés, rétorque Ismaël Ouiya. Apparemment, les emballages sont là. Le directeur général ne l’entend pas de cette oreille. Pour Marc Pozmentier, DG de la SODIBO, »il y a manque d’emballage". Aussi ajoute-t-il que la demande est de plus en plus forte et par conséquent, la rupture est inévitable. L’annonce faite par la SODIBO demandant à tout détenteur d’emballages de les rétrocéder n’a pas été entendue favorablement, semble dire Marc Pozmentier.

En sus, des tenanciers détiennent des emballages qui ne reviennent pas. Le DG dit donc manquer de ces fameux emballages. « Si le DG dit qu’il n’y a pas d’emballages, vous voyez ces camions garés, ils ont déchargé leurs emballages depuis et attendent », s’est indigné un caviste. De telles déplacements occasionnent des dépenses à perte pour les grossistes. « Vous pouvez venir avec 20 palettes dans votre camion et retourner avec deux ou trois. C’est une perte pour vous ». Ahmed Saïd Ouédraogo, lui, trouve que le problème est ailleurs. Pour lui donc, l’usine ne fonctionnant plus 24h sur 24, cela explique qu’il y ait manque et même rupture. Selon les cavistes, la SODIBO s’arrête de rouler à partir de 22h et cela explique le fait qu’elle ne soit pas en mesure de leur distribuer la boisson. Le 2e SG adjoint du SYNAGROB, Ahmed Saïd Ouédraogo, va plus loin et pense au projet du transporteur unique en cours.

La question de transporteur unique

« S’ils sont en train de penser à la question du transporteur unique, je vous assure que cela ne va pas passer », s’insurge Yanogo Justine, SG du SYNAGROB. Les grossistes craignent que les mesures actuelles ne soient un moyen pour aboutir au choix d’un transporteur unique qui se chargera de distribuer la boisson. « Déjà que nous venons et nous n’avons pas de boisson, c’est le seul transporteur qui va nous livrer la boisson ? Vous pensez que cela peut marcher ? Non ». En effet, un projet est en cours à la SODIBO. Il consiste à changer le mode de distribution de la boisson. Selon le DG, Marc Pozmentier, dans le nouveau système en vue, les coûts de distribution seront assurés par l’usine.

Cela « vise à reconcentrer la fonction de l’usine sur la distribution », affirme-t-il. Les craintes de la SODIBO sont que les camions transportant les produits le plus souvent ne sont pas en bon état de roulage. Il n’est donc pas rare de voir des camions transportant des produits SODIBO interceptés sur les voies par les forces de l’ordre pour défaut, soit d’un permis de conduire, soit pour d’autres raisons. Mais Marc Pozmentier rassure que « ce changement ne se fera pas de sitôt, et les négociations ont commencé tant avec le ministère du Commerce qu’avec les grossistes et tout se fera dans le dialogue et la cohésion. »

« Ou bien ces camions vont marcher sur nous »

Yanogo Justine, SG du SYNAGROB, répond que le Burkina n’a pas besoin de cela actuellement. Elle ajoute que le Burkina Faso n’est pas « le pays voisin ». Pour elle, « il faut qu’il y ait de la boisson et que le problème de transporteur unique soit enterré. S’ils essaient de faire le transport, ils vont le faire au prix de notre vie. » Les grossistes s’en remettent aux premières autorités du pays. Qu’elles soient vigilantes et veillent à ce que de telles méthodes s’arrêtent définitivement. Marc Pozmentier affirme que dans les cinq à six semaines à venir, les choses pourront rentrer dans l’ordre surtout avec un investissement de 4 milliards effectué par l’usine pour trouver une solution au problème des emballages. Quant aux grossistes, ils se disent déterminés à ce que leur cause soit entendue.

Aimé NABALOUM (Stagiaire)

Le Pays

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