31 mars, 2011

Burkina: Compaoré va recevoir jeudi les représentants de l'armée

OUAGADOUGOU - Le président burkinabè Blaise Compaoré a annoncé mercredi qu'il allait recevoir jeudi "les représentants des différentes composantes des forces armées", alors que les mouvements de colère au sein de son armée se poursuivent depuis une semaine.

Un couvre-feu a été instauré depuis mercredi de 21H00 à 6H00 (locales et GMT) sur "toute l'étendue du territoire", selon un communiqué de l'état-major de l'armée.

Mais de nouveaux troubles sont survenus dans la capitale Ouagadougou dans la soirée. Des tirs à l'arme lourde et légère étaient entendus depuis 22H00 en provenance du camp militaire baptisé "Route de Pô", à 1 km au nord de la présidence, dans le sud de la ville, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Ce sont des éléments qui sont à l'intérieur du camp qui tirent, nous sommes allés les chasser", a déclaré à l'AFP un officier de la sécurité présidentielle.

Dans un discours à la Nation radio-télévisé, M. Compaoré a annoncé qu'il allait recevoir jeudi "les représentants des différentes composantes de nos forces armées". "En outre, je réaffirme ma disponibilité à rencontrer toutes les catégories sociales en vue d'échanger sur leurs préoccupations", a-t-il dit.

"Ces derniers jours, des éléments des forces armées ont refusé de se soumettre à des décisions de justice, se sont emparés d'armes de guerre et de munitions pour terroriser les populations et se livrer à des actes de pillage", a-t-il ajouté.

"Ces comportements ne sauraient être tolérés dans un Etat de droit", a-t-il averti.

Dans la nuit du 22 au 23 mars à Ouagadougou, des militaires sortis de deux casernes avaient tiré en l'air dans les rues et pillé des boutiques après la condamnation de cinq des leurs dans une affaire de moeurs. Les cinq condamnés avaient finalement été libérés.

Ce lundi, des militaires appartenant au 32e régiment d'infanterie commando (RIC) et au Groupement blindé de Fada N'Gourma (220 km à l'est de Ouagadougou) étaient allés libérer à la prison civile de la ville l'un des leurs, enfermé pour le viol d'une jeune fille, selon une source proche du gouvernorat de la région de l'Est.

Ils ont ensuite bloqué avec des chars les accès à la ville. Les mutins ont tiré mardi trois roquettes sur le palais de justice de la ville sans faire de blessé, selon des témoins.

Le maire de Ouagadougou et numéro 3 du parti présidentiel, Simon Compaoré, a été blessé dans la nuit de mardi à mercredi dans la capitale burkinabè par des militaires mécontents. Son domicile ainsi que celui du ministre de la Sécurité, le colonel Denise Auguste Barry, ont été saccagés par des militaires.

Le domicile du chef d'état-major des forces armées Dominique Djindjéré a également été incendié par des militaires, a constaté l'AFP.

Des militaires de la garnison de Gaoua, localité située à 395 km au sud-ouest de Ouagadougou, ont également tiré en l'air "toute la nuit" de mardi à mercredi, a-t-on appris de sources concordantes.

"J'ai saisi le sens et la portée de la quête de bien-être, de vérité, de justice et de sécurité qui sous-tendent certaines manifestations. C'est pourquoi (...) je veillerai à ce que justice soit rendue et prendrai des mesures vigoureuses pour la protection de l'ensemble de la population et la sécurisation des biens publics et privés", a indiqué M. Compoaoré.

Il a invité "l'ensemble des acteurs politiques à mûrir la réflexion sur les réformes indispensables à l'approfondissement de la démocratie" et promis que les "décisions consensuelles" qui en sortiraient seraient "immédiatement appliquées".

(©AFP

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