09 mars, 2011

Birmanie: les dernières plages immaculées d'un continent en surchauffe

PLAGE DE NGAPALI (Birmanie) (AFP)

AFP/Archives

La plage de Ngapali, sur la côte ouest de la Birmanie, le 17 février 2011

Le ressac turquoise lèche en silence la plage immaculée, tandis qu'un char à boeufs progresse pas à pas. Bienvenue à Ngapali, sur la côte est de la Birmanie, l'un des rares paradis intacts d'un continent dont tant de plages sont surpeuplées.

Sur trois kilomètres de front de mer, une petite dizaine d'établissements sont cachés dans les arbres.

"J'ai vu beaucoup de plages, mais celle-là est vraiment exceptionnelle", s'enthousiasme Hugh Minielly, Canadien à la retraite de 69 ans, en regardant avec sa femme le coucher du soleil sur le Golfe du Bengale.

"Je cherchais quelque chose comme Goa, et c'est Goa sans les routards", ajoute-t-il en référence à la célèbre station balnéaire indienne.

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Une vendeuse de fruits sur la plage de Ngapali, dans l'ouest de la Birmanie, le 17 février 2011

Et pour cause: la Birmanie est l'un des pays les plus fermés du monde, dirigé depuis un demi-siècle par des militaires. La plus célèbre opposante, la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, a appelé il y a plusieurs années au boycott du tourisme.

Du coup, les plages birmanes échappent aux radars des tours-opérateurs. Et les rares qui s'y aventurent ne tarissent pas d'éloge sur la nourriture, le sourire des Birmans. Et l'absence de touristes.

Ils n'étaient en effet que 300.000 en 2010 en Birmanie, contre 16 millions en Thaïlande, selon l'organisation professionnelle régionale Pata (Pacific Asia Travel Association).

La quête d'une mystérieuse plage de rêve était au coeur du scénario du film "La plage", tourné en 1999, avec Leonardo DiCaprio dans le rôle d'un routard qui semble avoir trouvé sa communauté idéale, avant de découvrir un monde de violences et de paranoïa.

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Un hôtel à Ngapali, sur la côte ouest de la Birmanie, le 16 février 2011

Mais l'île thaïlandaise de Phi-Phi Leh où a été tourné le film, est desservie chaque jour par des bateaux bondés de touristes, à l'image des plages du continent jadis paradisiaques et aujourd'hui victimes de leur succès.

Pendant des années, Goa s'est ainsi érigée en symbole de la fête en bord de plage. Bière fraîche, musique, excès en tous genres. Aucune limite.

Mais la surpopulation, les trafics divers de la mafia russe et des attaques violentes sur des étrangers ont fragilisé son image. Et en 2009, elle est sortie des dix premières destinations d'Inde.

Phénomène similaire à Boracay, aux Philippines, dont le sable blanc semble perdre son charme. "C'est trop dense, trop commercial. C'est devenu Phuket", a dénoncé l'an dernier le secrétaire philippin au Tourisme Alberto Lim, en suggérant aux touristes de privilégier des îles moins développées.

Des alternatives telles que l'île de Palawan, dans l'ouest de l'archipel, se veulent plus respectueuses de la nature. Mais avec clientèle exclusive et prix prohibitifs.

"Il est important de s'assurer que les plages et tout ce qui entoure les hôtels sont bien protégés" des dégâts du tourisme, estime Kris Lim, de l'organisation Pata. "Nous voulons voir des îles plus belles que jamais dans vingt ans".

L'objectif est le même à Ngapali, où la quiétude rustique est un atout à préserver. Mais la Birmanie s'ouvre. Et même si le nombre de touristes est faible, il a déjà cru de 30% entre 2009 et 2010.

Après sa libération en novembre, au terme de sept ans de résidence surveillée, Aung San Suu Kyi a invité les voyageurs individuels à venir, tout en bannissant le tourisme de masse.

Les amateurs savent que lorsque les vannes s'ouvriront, leurs sites préférés seront en danger. Le magazine britannique Wanderlust a déjà fait de la Birmanie "la destination émergente" en 2011.

Et Antonio Dappozzo, le directeur italien du luxueux hôtel Sandoway de Ngapali, sait qu'il sera "difficile" de préserver son atmosphère. L'an passé ne passaient que des chars à boeufs. "Maintenant, on entend beaucoup plus le bruit des voitures".

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