18 mars, 2011

Bienvenue aux pays des pestiférés

Pickpockets, fraudeurs, chiens errants, nids-de-poule, voilà l’image de la Roumanie que véhiculent les sites ministériels de conseils aux voyageurs. Tour d’horizon de ces idées reçues – et parfois vraies –, par Adevarul.Les chiens ne sont pas admis !

Les chiens ne sont pas admis !

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De Paris à Berne, les ministères des Affaires étrangères de tous les pays européens, ainsi que des Etats-Unis et du Canada, ont à cœur d’informer leurs concitoyens des dangers qui les guettent au pays de Dracula [la Roumanie…].

Une charrette dotée d’une plaque d’immatriculation roulant sur l’asphalte de Bucarest est ainsi devenue l’un des symboles de la Roumanie urbaine. Et, vu de l’étranger, le pays déborde de pickpockets à peine moins dangereux que les chiens errants ou que les horribles crevasses des chaussées locales. Les Belges se voient également conseiller de n’avoir sur eux que des photocopies de leurs papiers d’identité et de faire attention lorsqu’ils sont arrêtés par la police : “Les voyageurs sont parfois interpellés par de faux policiers”, argumente le texte officiel. Les voies cyclables, l’éclairage public et les panneaux de signalisation pour cyclistes y sont quasi inexistants, poursuit Bruxelles, qui met aussi en garde contre le fait que “le pays connaît environ tous les trente ans un grand séisme”, citant le tremblement de terre dévastateur de 1977 [11 000 victimes, dont 2 000 morts].

A Londres, le Foreign Office prévient les sujets de Sa Majesté que la Roumanie présente un risque terroriste latent : “Les attaques peuvent frapper sans discrimination.” Comme la plupart des pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni souligne le risque de croiser des voleurs aux alentours des bureaux de change, des hôtels et dans les transports en commun, spécialement dans les environs de l’aéroport. La méthode souvent utilisée, apprend-on, consiste à distraire l’attention de la victime pendant que des complices essaient de voler montres et bijoux. Ce procédé serait l’apanage de bandes d’enfants.

Berlin, de son côté, via le site de son ministère des Affaires étrangères, fait remarquer que la Roumanie ne compte que 320 kilomètres d’autoroutes et qu’elle se range parmi les pays de l’UE où il y a le plus grand nombre d’accidents mortels de la circulation : “Attention aux nids-de-poule et à la conduite dangereuse des bus et des camions”, précise le texte. Un autre danger guette les téméraires qui souhaiteraient camper : “Ne conservez pas vos aliments à l’intérieur de la tente, car des attaques d’animaux sauvages se sont déjà produites, en particulier d’ours en quête de nourriture.” En France, un avertissement similaire est lancé sur le site du Quai d’Orsay. En cas de (mauvaise) rencontre avec un ours, est-il précisé, il faut éviter de crier et de faire des mouvements brusques. Il ne faut pas non plus nourrir la bête.

L’Autriche, quant à elle, se montre particulièrement préoccupée par le système de soins en Roumanie. “En raison des conditions d’hygiène, des équipements obsolètes et de la pénurie de médicaments, le niveau des soins médicaux ne correspond pas aux normes de l’Europe occidentale”, indiquent les autorités. A Rome, le ministère des Affaires étrangères ne fait pas preuve de plus de bienveillance. Une grande prudence est recommandée dans certains quartiers de Bucarest. La vie nocturne en Roumanie est considérée comme un danger potentiel. Rome va jusqu’à recommander aux touristes italiens de ne pas accepter les invitations faites par des inconnus dans les clubs et les discothèques.

Vu de l’autre côté de l’Atlantique, la vision est aussi sombre. Les conseils aux voyageurs américains à destination de la Roumanie délivrés par le département d’Etat (équivalent du ministère des Affaires étrangères) expliquent que “la crise financière et les mesures d’austérité adoptées ont augmenté la fréquence des grèves et des manifestations en Roumanie, en particulier à Bucarest”. L’institution conseille donc aux citoyens américains d’éviter les manifs, tout comme, d’ailleurs, la Gay Pride de Bucarest, qui suscite de violentes protestations.

Un bon point toutefois, accorde Washington : bien qu’il existe (aussi) des préjugés raciaux en Roumanie, “en particulier envers les Roms, les crimes racistes sont rares”. Non, vraiment, la Roumanie est d’abord le paradis de la fraude à la carte de crédit et sur Internet, estime le gouvernement américain. Par conséquent, il est vivement conseillé de ne pas prêter d’argent à des gens qui prétendent avoir un enfant malade ou avoir perdu leur emploi.

Avant de nous scandaliser sur ces remarques, souvent vraies, qui dessinent l’image de notre pays à l’étranger, il faudrait reconnaître combien cette image se détériore constamment. Et à quel point le gouvernement roumain manque de la volonté de changer quoi que ce soit à cet égard.

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Le logo d'une compagnie de transport repris dans la campagne de l'Office du tourisme roumain
(Source : www.romania-insider.com)

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