26 mars, 2011

Adjabiya, en liesse, fête l'entrée des rebelles libyens

ADJABIYA (Libye) (AFP)

AFP

Des rebelles libyens célèbrent la prise de la ville d'Ajdabiya, le 26 mars 2011

Ils sortent sur le pas de leurs portes, sourient aux rebelles qui passent, joyeux sur leurs pick-up. Les habitants d'Adjabiya ont fêté samedi matin le départ, dans la nuit, des forces fidèles au colonel Kadhafi.

Pilonné par l'aviation alliée, harcelé par les rebelles de mieux en mieux organisés, ce qui restait de l'armée de Tripoli a plié bagages et s'est, à la faveur de l'obscurité, enfui vers l'ouest, par la route côtière.

Omar Bachi, un peintre en bâtiment algérien installé depuis vingt ans à Adjabiya, raconte: "Les affrontements étaient incessants vendredi, puis tout s'est arrêté vers 23H30. Et a minuit, les hommes de Kadhafi sont partis".

"Les rebelles sont entrés dans la ville peu après, et nous ont dit que c'était fini. Il était temps, nous n'avions plus que du riz à manger depuis plusieurs jours".

Salim Ali, accompagné de son fils de 8 ans Anas, déclare que c'est la première fois en six jours qu'ils ont pu sortir de leur maison.

"Nous entendions les combats tout autour de nous, nous sommes restés dans la maison, à essayer de survivre par la seule grâce de Dieu".

A l'entrée Est de la ville, ce qui reste des positions défensives installées par les troupes de Tripoli atteste de la violence des combats et des bombardements aériens: chars coupés en deux, camions calcinés, 4x4 réduits en cendres, tapis de douilles de gros calibre.

Dans le sable, sous de maigres arbres, les cadavres de deux soldats africains, présentés par les rebelles comme des mercenaires à la solde du régime libyen, attirent la foule. Certains tentent de leur donner des coups de pieds, dissuadés par d'autres qui leur rappellent que "ce sont aussi des musulmans".

Les deux corps sont chargés à l'arrière d'un pick-up et transportés vers l'hôpital de la ville.

Là, le docteur Ahmad El Ganahi assure à l'AFP que les combats de la veille n'ont fait "que trois blessés civils. Pas de morts du côté des insurgés. Et du côté des hommes de Kadhafi, ils ont sans doute emporté les leurs".

L'hôpital, dans lequel tourne depuis dix jours un seul générateur pour la salle d'opération, ne comptait samedi matin qu'une quinzaine de blessés légers.

"Les autres, plus graves, nous les avons envoyés à Benghazi, par les pistes du désert", précise le médecin.

Selon des sources locales, des tractations avaient été engagées depuis plusieurs jours, via des religieux d'Adjabiya, avec les officiers de l'armée libyenne pris au piège dans la ville pour les persuader de quitter les lieux.

La violence des bombardements aériens de vendredi, les attaques des rebelles et la certitude de ne pouvoir recevoir de renforts ou d'approvisionnement les aura persuadé d'abandonner des positions devenues intenables.

Selon des rebelles interrogés par l'AFP, ils auraient pris la fuite à bord de voitures civiles, abandonnant leur matériel lourd, pour ne pas attirer l'attention des chasseurs-bombardiers de la coalition.

En début de matinée, des cortèges de voitures commençaient à se former dans la ville, avec concerts de klaxons, tirs de joie en l'air et V de la victoire.

Dans un grand sourire, le Dr El Ganahi accueille des amis venus prendre de ses nouvelles. "Maintenant, la ville est libérée, tout va aller bien".

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