MOSCOU (AFP)
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Les autorités et la presse russes ont révélé que des islamistes caucasiens avaient tenté de commettre un attentat sur la place Rouge la nuit du Nouvel An sans lien selon les enquêteurs avec l'explosion qui a fait 36 morts le 24 janvier à l'aéroport de Moscou.
Le 31 décembre dernier, une explosion dévastait un bâtiment isolé du quartier Kouzminki, dans la banlieue de Moscou, tuant une femme d'origine caucasienne.
L'enquête a révélé que la femme a été tuée par le déclenchement accidentel d'une ceinture d'explosifs dont elle était en train de s'équiper pour commettre un attentat suicide parmi la foule qui se réunit tous les ans face au Kremlin, pour attendre les douze coups de minuit.
La filière terroriste remonterait au Daguestan, une des républiques instables du Caucase russe, voisines de la Tchétchénie.
La presse russe avait fait état de ces informations, citant des sources policières anonymes, dans les jours qui ont suivi l'attentat du 24 janvier, mais ce n'est que près d'un mois après les faits que le Comité national anti-terroriste a confirmé la tentative d'attentat, sans toutefois en préciser le lieu.
Selon une source au sein des services secrets citée mercredi par l'agence officielle Ria-Novosti, "il était prévu que la kamikaze de fasse exploser parmi la foule qui fêtait le Nouvel An sur la place Rouge".
L'annonce de cet attentat manqué qui visait le saint des saints de la capitale russe a frappé les esprits.
La Russie a été confrontée régulièrement à des attentats meurtriers dans la dernière décennie.
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Deux attentats suicide dans le métro de Moscou, dont l'un à la station Loubianka, face au siège du FSB (ex-KGB), ont fait quarante morts en mars dernier. Les explosions les plus meurtrières dans la capitale russe sont celles qui avaient soufflé successivement deux barres d'immeubles, faisant plus de 200 morts, en septembre 1999.
L'enquête sur la tentative d'attentat du 31 décembre a permis d'arrêter cinq suspects liés à la rébellion au Daguestan, et cinq autres personnes sont recherchés, selon le Comité antiterroriste.
Les autorités ont toutefois affirmé que cette tentative d'attentat n'était aucunement liée à l'explosion de Domodedovo.
Mais les spéculations vont bon train dans la presse russe, des noms de suspects présumés apparaissant successivement dans les deux affaires.
Vitali Razdoboudko, 32 ans, un Russe converti à l'Islam, figure par exemple parmi les personnes en fuite dans le cadre de l'attentat manqué, alors qu'il avait été présenté auparavant comme le suspect numéro un pour Domodedovo.
Concernant l'attentat manqué, selon les médias, les enquêteurs ont remonté la piste d'un habitant du Daguestan, Ibraguimkhalil Daoudov, 50 ans, dont toute la famille serait impliquée.
Réparateur de réfrigérateurs après avoir servi dans l'armée soviétique en Afghanistan durant l'intervention dans ce pays (1979-89), Daoudov serait entré dans la rébellion islamiste en 2008, et dirigerait un groupe nommé "goubdenski djamaat".
Il aurait finalement pris le maquis contre les forces russes avec ses trois fils, dont deux, Magomed et Magomedchapi, auraient été tués dans des combats.
C'est sa propre femme, Zavjat, qui aurait été tuée le 31 décembre au soir dans l'explosion accidentelle de la ceinture d'explosifs.
Le troisième fils, Magomedkhabib, a été soupçonné pendant un temps d'être le kamikaze qui s'est fait explosé à Domodedovo, selon le journal Kommersant.
Après la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) entre forces russes et indépendantistes, la rébellion s'est progressivement islamisée et a de plus en plus débordé les frontières tchétchènes pour se transformer au milieu des années 2000 en un mouvement islamiste armé actif dans tout le Caucase du Nord, se présentant comme "l'Emirat du Caucase".
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