09 février, 2011

Rubygate: le parquet demande le jugement immédiat de Silvio Berlusconi

MILAN (Italie) (AFP)

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Silvio Berlusconi à Bruxelles le 4 février 2011

Le parquet de Milan (nord) a annoncé mercredi avoir demandé le jugement immédiat de Silvio Berlusconi dans le Rubygate, pour recours à la prostitution de mineure et abus de fonction.

Mais les avocats du chef du gouvernement italien comptent contre-attaquer tous azimuts y compris en portant l'affaire au parlement.

Le Rubygate fait la Une des quotidiens italiens depuis des semaines et des dizaines d'écoutes ont été publiées transcrivant des conversations téléphoniques entre une brochette de jeunes femmes et les organisateurs de soirées débridées dans les résidences de M. Berlusconi.

L'enquête porte sur le recours par le chef du gouvernement aux services sexuels de "Ruby La Voleuse de Coeurs", la jeune Marocaine Karima El Mahroug, quand elle était mineure entre février et mai 2010 et sur son intervention pour la faire libérer après son interpellation la nuit du 27 au 28 mai pour un vol présumé.

La juge des enquêtes préliminaires Cristina Di Censo qui devra statuer sur la requête du parquet a cinq jours -- délai pouvant être prolongé -- pour opter éventuellement pour un procès immédiat. Sinon elle peut renvoyer les actes au parquet qui pourra redemander un procès par la voie ordinaire, plus longue.

La magistrate devra aussi décider si le tribunal de Milan est compétent pour juger. Les avocats du Cavaliere défendent la thèse inverse affirmant que le président du Conseil aurait appelé pour faire relâcher Ruby, convaincu qu'elle était "la nièce du (président égyptien Hosni) Moubarak", pour préserver de bonnes relations avec l'Egypte.

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La jeune marocaine arima Keyek, dite Ruby, le 13 novembre 2010 à Milan

C'est au nom de cet argument que la chambre des députés a récemment voté contre une perquisition des bureaux d'un homme de confiance du Cavaliere.

L'opposition de gauche s'est gaussé de ces arguments, signes, pour elle, de l'"incompétence" du Cavaliere, censé vérifier l'identité de Ruby.

"Le parquet de Milan viole la Constitution", a affirmé Niccolo Ghedini, l'un des principaux avocats de M. Berlusconi, en estimant que le Rubygate est du ressort du "tribunal des ministres", une Cour spéciale devant être mise en place pour juger le Premier ministre pour toute infraction commise dans le cadre de ses fonctions.

Au cas où la juge Di Censo déciderait un procès immédiat, Me Ghedini, également député du parti PDL (centre-droit) de M. Berlusconi, compte contester la compétence du tribunal de Milan au cours d'un vote à la Chambre des députés, où la coalition au pouvoir est majoritaire.

Le journal de gauche Repubblica a critiqué cette stratégie d'enlisement en estimant que "la décence commence avec la redécouverte que la justice est égale pour tous". "Si l'Egypte a eu sa révolution de la Dignité, pourquoi l'Italie ne peut-elle pas avoir sa révolution de la Décence?", s'est interrogé l'éditorialiste.

A l'opposé de l'échiquier, le quotidien de la famille Berlusconi, Il Giornale, a dénoncé "l'ultime saloperie" que représenterait un procès immédiat.

Il s'en est pris aux magistrats qui "espionnent depuis des mois la vie privée" de M. Berlusconi pour sortir "quelque chose de piquant" même quand ce n'est pas un délit car "l'important est de (le) discréditer".

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