10 février, 2011

Nicolas Sarkozy promet 500 millions d'euros pour l'emploi

LEMONDE.FR avec AFP et ReutersNicolas Sarkozy sur le plateau de "Paroles de Français", le 10 février 2011.

Nicolas Sarkozy sur le plateau de "Paroles de Français", le 10 février 2011.AP/Philippe Wojazer

Invité sur TF1, jeudi 10 février, Nicolas Sarkozy a été interpellé par des Français sélectionnés par la chaîne privée sur des questions d'actualité. Dans un exercice décousu et difficile à suivre, animé par Jean-Pierre Pernaut, le président de la République a fait peu d'annonces concrètes, mais tenté de répondre aux interrogations sur l'emploi, la justice ou l'agriculture.

500 millions d'euros pour l'emploi. Nicolas Sarkozy a annoncé sa décision de "rajouter au budget du ministre de l'emploi un demi-milliard d'euros" cette année, notamment pour mieux aider les chômeurs de longue durée. Ces aides seront consacrées aux "deux catégories de Français qui ont besoin qu'on les aide : les chômeurs de longue durée" et les jeunes. "Cet argent va nous permettre de faire recevoir dans les trois mois tous les chômeurs de longue durée et de proposer à tous les chômeurs de longue durée soit une formation qualifiante, soit un emploi pour ne pas les laisser chez eux", "s'éloigner du marché" du travail, a expliqué le chef de l'Etat.

S'agissant des jeunes, le président a déclaré : avec cet argent, "nous allons demander à Xavier Bertrand (le ministre du travail) de changer le statut de l'apprenti, car il n'y a aucune raison que le statut de l'apprenti soit inférieur à celui de l'étudiant". "Nous allons, a-t-il poursuivi, construire des dizaines de centres d'apprentissage" et en rénover d'autres, "pour que nous passions de 600 000 apprentis à 1 million". "Nous allons mettre sur pied dès maintenant un système de bonus-malus", a-t-il déclaré, rappelant que les entreprises de plus de 250 salariés avaient l'obligation d'employer 3 % d'apprentis. "Les entreprises qui prendront plus de jeunes en apprentissage ou en formation en alternance (...) auront une diminution de leurs charges", tandis que celles "qui ne respecteront pas le nombre d'apprentis qu'on leur demande de prendre auront un malus", a-t-il précisé.

Il a également assuré que le gouvernement allait "augmenter le nombre de contrats pour les jeunes des quartiers". "Comme par ailleurs nous avons des déficits et de l'endettement, ce demi-milliard sera gagé par des économies qui seront faites sur les autres ministères", a précisé M. Sarkozy. Il s'agit donc d'un redéploiement budgétaire.

Pas de concession sur le conflit avec les magistrats. Sur la justice, le président de la République a répété ses propos sur l'affaire Laëtitia : "Si des fautes ont été commises, il y aura sanction." "Il ne me viendrait pas à l'idée de porter un jugement sur une profession dans son ensemble", a-t-il dit à propos des magistrats, avant d'insister longuement sur l'affaire Laëtitia, symbole à ses yeux d'un système judiciaire qui ne fonctionne pas. Il a néanmoins promis une concertation avec les personnels de la justice. "Tout n'est pas qu'une question de moyens", a-t-il répondu aux magistrats, affirmant que leur grève ne saurait être une "réponse" à leurs doléances.

Concernant la délinquance des mineurs, Nicolas Sarkozy a également annoncé de "nouvelles mesures" avant l'été, en laissant entendre que "le tribunal pour enfants" n'était "plus adapté" : "Un mineur d'aujourd'hui n'a rien à voir avec ce qu'était un mineur en 1950." Il s'est engagé à introduire "avant l'été" des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels : "Si la police arrête, et que la sanction qui est apportée devant le tribunal n'est pas à la hauteur (...), c'est exactement comme si vous videz la mer Méditerranée avec une cuiller à café."

Sarkozy opposé à la taxation des plus-values sur la résidence principale. Le chef de l'Etat a écarté cette piste évoquées pour la réforme de la fiscalité du patrimoine. M. Sarkozy a invoqué "une raison assez simple" à savoir le "rêve d'être propriétaires" et la garantie offerte par la propriété de ne pas être "mis dehors" en cas de maladie ou de chômage. "Quand on est propriétaire la première fois, on vend son logement pour en acheter un plus grand parce qu'il y a un enfant qui arrive dans la famille, et naturellement c'est la plus-value qu'on fait qui permet d'acheter", a-t-il également fait valoir.

Un engagement répété sur la dépendance. Le président de la République a également annoncé la création "cet été" d'une cinquième branche de la protection sociale sur la dépendance, comme il s'y est engagé depuis 2007. Côté financement, aucune hypothèse ne sera exclue, a-t-il dit. "Est-ce que c'est l'assurance ? Est-ce que c'est la reprise sur succession pour les familles qui ne s'occupent pas de leurs personnes âgées ? Est-ce que c'est un jour férié en moins ? Est-ce que c'est la CSG ? Nous en parlerons, je ne ferme aucune piste", a-t-il dit.

"Après avoir réglé la question des retraites, je souhaite que toutes les familles françaises puissent se dire : si je suis malade un jour, si j'ai à supporter les peines du grand âge, je dois pouvoir terminer ma vie dignement, soit à mon domicile en étant aidé, soit en permettant à quelqu'un de ma famille d'abandonner son travail, d'être défrayé pour s'occuper du malade, soit en ayant une place en maison de retraite médicalisée", a-t-il fait valoir.

L'"échec du multiculturalisme". "Oui, [le multiculturalisme] est un échec. Dans toutes nos démocraties, on s'est trop préoccupé de l'identité de celui qui arrivait et pas assez de l'identité du pays qui accueillait", a estimé le président français, interrogé sur la problématique du multiculturalisme. Le chef de l'Etat a ainsi emboîté le pas à la chancelière allemande Angela Merkel et au premier ministre britannique David Cameron. "Nous ne voulons pas d'une société dans laquelle les communautés coexistent les unes à côtés des autres. Si on vient en France, on accepte de se fondre dans une seule communauté, la communauté nationale. Si on n'accepte pas cela, on ne vient pas en France", a-t-il insisté. "Si on accepte tout le monde, notre système d'immigration explose", a encore estimé le président français.

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