18 février, 2011

Libye: Le bilan des émeutes s'alourdit, la radio de Benghazi incendiée

TRIPOLI (AFP)

AFP

Des manifestants pro Kadhafi le 17 février à Tripoli.

Le bilan des émeutes en Libye dépassait vendredi soir quarante morts, les affrontements touchant l'Est du pays, notamment Benghazi, où le siège de la radio a été incendié alors que les manifestants ont pendu deux policiers dans la ville d'Al Baïda.

Selon le journal libyen Oéa, proche du réformateur Seif Al-Islam, fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, les manifestations contre le régime ont fait au moins vingt morts à Benghazi, la deuxième plus grande ville du pays, et sept à Derna (est).

Ce nouveau bilan porte à 41 le nombre des morts depuis le début des protestations en Libye mardi, selon un décompte fait par l'AFP à partir de différentes sources locales.

Il ne comprend pas quatre prisonniers tués vendredi par les forces de l'ordre alors qu'ils tentaient de s'évader de la prison d'El-Jedaida, près de Tripoli, ni les deux policiers pendus.

Ces derniers tentaient de disperser une manifestation dans la ville d'Al-Baïda (200 km à l'est de Benghazi) lorsqu'ils ont été capturés par des manifestants avant d'être pendus, a indiqué Oéa.

AFP/Archives

Un membre d'un groupe islamiste à son sertie de prison le 31 août 2010 à Tripoli

L'Organisation non gouvernementale Human Rights Watch avait de son côté fait état vendredi matin d'un bilan de 24 morts jusqu'à jeudi soir.

Les manifestants réclament le départ de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. La Libye a été à son tour touchée par des émeutes après que les Tunisiens et les Egyptiens voisins ont chassé ces dernières semaines leurs dirigeants respectifs Zine El Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak.

Les comités révolutionnaires, pilier du régime libyen, avaient menacé vendredi les "groupuscules" manifestant contre Mouammar Kadhafi d'une riposte "foudroyante".

"Le pouvoir du peuple, la Jamahiriya (pouvoir des masses), la révolution et le leader (Mouammar Kadhafi) constituent des lignes rouges. Celui qui tentera de les dépasser (...) joue avec le feu", avaient-ils prévenu.

Le colonel Kadhafi n'est en théorie qu'un "guide" prodiguant ses conseils. Son modèle permet théoriquement au peuple libyen de gouverner par l'intermédiaire de comités populaires élus par des congrès populaires qui se réunissent annuellement pour prendre les décisions qu'ils font "remonter" au Congrès du peuple (Parlement), la plus haute instance législative du pays.

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Carte de Libye situant Benghazi, où 14 personnes ont été tuées jeudi et une mutinerie a permis l'évasion de nombreux prisonniers (45x74 mm)

Mais un mouvement de contestation contre son régime a débuté mardi et s'est intensifié jeudi après un appel sur internet à une "journée de la colère".

Les premières manifestations ont été très violemment réprimées, notamment à Benghazi, bastion de l'opposition, et Al-Baïda, toutes deux situées sur la côte méditerranéenne.

Des milliers de personnes ont participé vendredi aux obsèques des manifestants tués à Benghazi, selon des témoins.

Les forces de l'ordre étaient postées vendredi autour d'Al-Baïda et en contrôlaient les entrées et sorties ainsi que l'aéroport, a dit à l'AFP une source proche du pouvoir, après des informations circulant sur internet selon lesquelles des manifestants auraient pris le contrôle de la ville.

"Les forces ont reçu l'ordre de quitter le centre de la ville pour éviter des affrontements avec les manifestants", a indiqué cette source, sous le couvert de l'anonymat.

Au moins quatorze personnes ont été tuées à al-Baïda depuis mercredi, a indiqué une source libyenne bien informée, alors qu'un précédent bilan faisait état de deux morts.

Parmi ces morts figurent des manifestants, mais aussi des partisans du régime, a ajouté cette source.

Plus d'un millier de prisonniers se sont par ailleurs évadés vendredi après une mutinerie dans une prison à Benghazi, selon le journal Quryna, également proche de Seif Al-Islam, et 150 auraient ensuite été arrêtés.

A Tripoli, la capitale, des partisans du régime sont descendus vendredi dans la rue, comme la veille, en sillonnant la ville en voiture, brandissant des portraits du colonel Kadhafi et des drapeaux.

Parallèlement, les médias officiels continuaient à occulter les protestations. Depuis mercredi, l'agence officielle libyenne et la télévision nationale se contentent d'évoquer des rassemblements et des défilés pro-régime.

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