23 février, 2011

Libye: la Cyrénaïque n'est plus contrôlée par Tripoli, selon Rome

ROME (AFP)

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Kadhafi lors de son allocution à la télévision libyenne le 22 février 2011

La province libyenne de Cyrénaïque (côte est) n'est plus sous le contrôle du gouvernement de Mouammar Kadhafi, a déclaré mercredi matin à Rome le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini.

"La Cyrénaïque n'est plus sous le contrôle du gouvernement libyen, et des affrontements et violences sont en cours dans tout le pays", a déclaré le ministre au cours d'une réunion organisée par la Communauté Sant'Egidio.

Ces derniers jours "la naissance d'un émirat islamique de la Libye orientale et la volonté d'enlever des Occidentaux ont été annoncées en Cyrénaïque ", a-t-il affirmé. "Cet islamisme radical nous inquiète parce qu'il se trouve à quelques centaines de kilomètres de l'UE, mais rien ne peut justifier la mort violente de centaines de civils innocents".

Le gouvernement italien demande que cesse immédiatement "l'horrible bain de sang" que "le gouvernement de Kadhafi a annoncé et continue" de commettre, a-t-il poursuivi.

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Franco Frattini le 22 février 2011 au Caire

"Nous sommes face à une situation grave, très grave (...) dont le bilan tragique sera un bain de sang", a-t-il dit. La situation est "rendue encore plus grave par les propos tenus hier (mardi) par Kadhafi, dans lesquels la volonté de frapper son propre peuple provoque une situation de guerre civile entre zones et provinces dans lesquelles s'affrontent des bandes et escadrons de la mort".

"C'est une analyse que j'ai partagée avec de nombreux gouvernements européens et non européens".

La Libye a annoncé un bilan de 300 morts dans les violences dans le pays, touché depuis le 15 février par une insurrection sans précédent que Mouammar Kadhafi a promis de mater, appelant ses partisans à se mobiliser mercredi en sa faveur. "Il y a une limite, et, face à ce qui est en train de se passer, nous ne pouvons pas rester silencieux", a dit M. Frattini.

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Localisation des villes tombées aux mains des manifestants

Plus tard dans la matinée, à la Chambre des députés, le ministre a annoncé l'arrivée "ce matin (mercredi) en Libye d'un avion militaire avec des équipes de secours d'urgence pour aider aux opérations " de rapatriement des Italiens, confirmant également le "départ de deux navires italiens en direction des ports de la Cyrénaïque, où les aéroports ne sont pas praticables en raison des bombardements, en particulier celui de Benghazi".

M. Frattini a également évoqué les conséquences économiques de la crise libyenne: "Il y a des entreprises italiennes présentes dans le pays (...) et il y aura des retombées négatives pour ces entreprises, c'est un élément sur lequel il faut réfléchir".

Le groupe énergétique italien ENI a annoncé mardi que la fourniture de gaz libyen via le gazoduc Greenstream, qui relie la Libye à l'Italie, était suspendue en raison des violences.

Cette interruption "est une conséquence à laquelle l'Italie peut faire face", a rassuré le ministre, citant les autres fournisseurs de la péninsule (Algérie, Azerbaïdjan, Russie, pays du Golfe).

Depuis la signature en 2008 d'un accord historique dans le cadre duquel Rome s'est engagé à verser cinq milliards de dollars pendant 25 ans à Tripoli au titre de dédommagements pour la colonisation, les entreprises italiennes ont obtenu de nombreux contrats en Libye.

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